AVIATOR, the way of the future
Biopic épique Drame
Martin Scorsese
*****
Décollage.
La première demi-heure flanque le vertige.
Le reste est une leçon de cinéma. La conclusion nous abandonne sur le regard dévasté d'un homme prisonnier de sa folie. De l'éclat des projecteurs aux ténèbres de la maladie mentale le parcours d'Howard Hugues était du pain béni pour le virtuose Martin Scorsese.
L'univers du cinoche, le temps des nababs, l'ambition dévorante, l'esprit de conquête, l'obsession, tout cela dans le ballet d'avions alignant les records, le spectacle offrait une occasion unique d'exploser les compteurs et de se frotter aux limites. Brûlant ou glaçant, le cinéma de Scorsese vomit le tiède. Près de quinze ans après sa sortie le génie de cette oeuvre transpire de chaque plan et mouvement de caméra. j'ai seulement aujourd'hui le sentiment d'en saisir l'ampleur. Celle d'un film démesuré, d'une maîtrise cinématographique terrassante. C'est le propre des grands films. Ils ne cessent de prendre de l'altitude.
Aviator signe pour moi le sommet de la collaboration fructueuse entre Scorsese et DiCaprio. Entamée avec Gangs of New-York, deux ans plus tôt, elle se poursuivra avec Les Infiltrés, Shutter Island et Le Loup de Wall Street (et un biopic à venir sur Roosevelt). Une succession de films-monstres dont on se régale à chaque nouvelle séance tant s'y exprime un absolu de cinéma. Le désir d'offrir un spectacle total qui flatte aussi bien la rétine que l'intelligence avec un goût prononcé pour la démesure et la dinguerie. Ici ce mélange opère comme jamais. Les nuances et l'intensité du jeu de DiCaprio captivent autant que les scotchantes séquences aériennes ou le bluffant travail de reconstitution du faste délirant des premiers temps d'Hollywood.
Scorsese et DiCaprio ne sont pas les seuls maîtres à bord.
La photographie du grand Robert Richardson (Kill Bill, Casino, Tueurs nés) nous refait toute l'histoire du cinéma, des débuts de la couleur au flamboyant technicolor des années quarante et cinquante. Le compositeur Howard Shore ( Le seigneur des Anneaux, History of Violence, Hugo Cabret) accompagne de manière magistrale la trame implacable du scénario de John Logan ( un alchimiste qui a ressuscité le péplum avec son biblique Gladiator et signé un James Bond Wagnérien avec Skyfall).
Et puis, une fois encore, comment ne pas se prosterner devant le montage de la fidèle-au-poste-depuis-Raging Bull : Thelma Schoonmaker. Un véritable travail de chorégraphe qui nous fait entrer dans la danse deux cinquante durant sans jamais nous lâcher la main. Aviator est bien à l'image de son personnage. Un brasier alimenté par la folie. Bolide stratosphérique amoureux fou de cinéma, survolant seul en tête, la frileuse concurrence.
La preuve définitive que rien de grand ne se fait sans passion.
Ni folie.
Sky's the limit !
Francisco,
Chroniques Scorsese
2004
2H50
Le Blu-ray Voilà un transfert HD honorable à défaut d'être parfait. On peut rêver d'une remastérisation 4K venant muscler les contrastes et le relief de cet incroyable travail photographique mais dans l'ensemble les couleurs et la définition assurent le show.
Director:
Martin Scorsese
Writer:
John Logan