3000 ANS À T'ATTENDRE, le flacon et l'ivresse
Conte Fantastique
George Miller
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On trouve de tout dans le grand bazar d'Istanbul.
On peut y faire la rencontre d'une vieille fille érudite qui viendra chiner un bien joli flacon duquel surgira un Djinn au grand coeur. On peut ensuite se laisser embarquer dans un conte fabuleux où les histoires s'enchaînent pour venir s'enrouler gentiment autour de nos coeurs éprouvés de cinévores assoiffés d'horizons lointains, d'époques mythologiques et d'amour. Nous avons donc ici le flacon et l'ivresse.
Que demander de plus?
Porté par deux stradivarius, Tilda Swinton et Idris Elba, le nouveau film du magicien George Miller nous plonge dans un orientalisme délicieusement kitsch et visuellement opulent. Celui de toute une littérature du 18ème et 19ème où l'exotisme le plus débridé le disputait au baroque le plus rococo.
Ainsi vous vous régalerez, lectrices et lecteurs bien aimés, de la beauté renversante de la reine de Saba et goûterez aux ornements du palais de Soliman le Magnifique. Autant dire que le spectacle est particulièrement généreux dans ses décors, costumes et couleurs quitte parfois à bousculer le bon goût mais ça vaut de l'or et si vous n'êtes pas diabétique cette fantaisie sucrée vous séduira. Ok, je le reconnais, on est plus proche du music-hall que de l'opéra mais c'est cette candeur, cette fraicheur et cette énergie communicatives qui épatent de la part du papa de la furieuse et terrassante saga Mad-Max. C'est un film bon pour le coeur.
Le spectateur est comme dans un cocon.
Le film aurait pu durer une heure de plus que je me serais laissé porter.
Trois mille ans à t'attendre est un pur enchantement où la mise en scène admirable cultive l'art de l'enchainement du raccord et de la transition avec une inventivité et un sens de l'à-propos totalement jouissifs. Des cadres et mouvements tirés au cordeau sublimés par l'hypnotisante photographie du retraité John Seale venu faire un nouvel extra pour son grand pote George après nous en avoir mis plein les yeux sur Fury Road.
Ajoutez à cela une trippante BO de Junkie XL, bien à l'aise dans l'épique et le mythologique qui envoie du lourd depuis ses galvanisantes partitions guerrières sur les dernières épopées super-héroïques de Zack Snyder, et vous aurez une petite idée de l'élan et du panache qui conduisent au valhalla du divertissement cette déclaration d'amour au pouvoir de la fiction.
Voilà, j'ai fini.
Tout ça pour dire que George Miller est bel et bien comme vous et moi.
Il sait bien que, derrière nos soupirs, nos sourires fatigués et nos cyniques moqueries, c'est bien l'imaginaire qui sauve le monde.
N'attendons pas tout des paraboles ou antennes 5G. Les plus beaux messages ne passent pas toujours par là. D'ailleurs il faut savoir que leurs ondes perturbent et parasitent quotidiennement le vol et le chant des fées dans nos rues et nos campagnes.
Tiens, ça y est, je digresse.
C'est l'effet Miller !
Francisco,
2022
1h45
Le Blu-ray : Chaque plan fourmille de détails. Teintes et couleurs ravissent. Orgasme rétinien garanti !
Directed by
George Miller |
... |
(directed by) |
Writing Credits
George Miller |
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(written by) & |
Augusta Gore |
... |
(written by) |
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A.S. Byatt |
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(based upon the short story "The Djinn in the Nightingale's Eye" by) |