THE FRENCH DISPATCH, les plumes du quotidien
Fantaisie poétique
Wes Anderson
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Wes Anderson, comme tous les grands créateurs, fait un peu le même job que Dieu.
Il invente le monde mais avec plus d'humour et un sens du décor qui ne fait que flatter la rétine. L'orfèvre de The Grand Budapest Hotel et de La Vie Aquatique a encore frappé!!!
Il s'est même surpassé.
The French Dispatch supportera allègrement une bonne dizaine de visions avant d'épuiser ses richesses visuelles et narratives. J'ai déjà hâte de le redécouvrir en Blu-ray, histoire de savourer chaque détail. Parce qu'une fois encore, le spectacle est permanent, chaque plan est une oeuvre, une peinture naïve ou un cliché à la Doisneau ou Willy Ronis.
L'oeil est en fête et Anderson ressuscite une fois de plus cette magie première du cinéma où les informaticiens n'avaient pas encore remplacé les artisans-poètes. Tout vit, respire et fourmille. Truffé de détails, clins d'oeil et références à cette fantasmatique perception américaine de la culture Française des années 60 et 70, The French Dispatch est un festin poétique, drôle et toujours porté par cette irrésistible mélancolie qui habille l'ensemble d'une filmographie de "marionnettiste de génie".
Le réalisateur de Moonrise Kingdom appartient à la catégorie précieuse et rare des purs conteurs. Le Gepetto des acteurs nous offre une nouvelle déclaration d'amour passionnée, inventive, créative, euphorisante à toutes les formes d'art et d'expression. Et quoi de mieux que d'ouvrir un journal pour plonger dans toutes les ombres et couleurs de l'existence.
C'est mignon l'info Facebook, mais je vous promets qu'une rédaction pro (on oublie les pros du racolage et autres putes à clics) héberge souvent de vrais plumes et poètes du quotidien, bien détachés de leur petit ego et tout ouverts aux mille et une histoires du dehors. The French Dispatch en ces temps désolants de presse-bashing est un bel hommage à la noble profession de journaliste.
Rien que pour ça, merci m'sieur Anderson.
Ouvrir le journal.
C'est un peu ça, The French Dispatch.
Se laisser embarquer dans une série d'articles et chroniques fantasques, loufoques. Un fait-divers entre kidnapping et recettes culinaires. Un mai 68 revisité ... j'ai adoré le voyage, même si j'avoue un petit faible pour le chapitre consacré à l'artiste criminel et sa muse qui voit fleurir une alchimie carrément électrique entre Benicio Del Toro et Léa Seydoux. Pour le reste, je vous laisse faire la visite ... C'est un beau retour au genre du "film à sketchs", l'occasion ici de traverser une foule d'univers sublimés par des décors et une photographie délicieusement vintage où les acteurs trouvent leur place au millimètre.
Parce que le cinéma d'Anderson ne cesse jamais d'être du cinéma d'animation. Tantôt en live, tantôt en stop-motion. Le cinéaste-artisan assume une totale maîtrise de son univers. On peut s'arrêter sur chaque cadrage. étudier chaque plan. Aucune portion d'image n'est laissée au hasard. Et de cette exigence résulte la splendeur du spectacle. Brocante fabuleuse, les objets ont bel et bien une âme chez Wes Anderson. Loin de figer l'ensemble, la rigueur est toute entière au service de contes, gags ou fables profondément humaines.
C'est un cinéma de poète-designer amoureux des arts et de la vie. Et les techniciens et acteurs le lui rendent bien. En témoignent d'un film à l'autre ces castings "familiaux" qui nous permettent d'apprécier le savoir-faire derrière la caméra du chef-op Robert D. Yeoman, du directeur artistique Adam Stockhausen, de la costumière Milena Canonero et du monteur Andrew Weisblum. Musicalement, on se régale une fois de plus des compos féériques d'Alexandre Desplat qui accompagnent les fidèles Bill Murray, Owen Wilson, Adrien Brody, Frances McDormand, Bob Balaban, Willem Dafoe ou Edward Norton. On sent bien qu'ils seraient prêts à jouer pour rien ceux-là, histoire de garder leur place dans le monde merveilleux de Mister Anderson.
Ouais, vivement le Blu-ray.
Quel que soit l'avenir du cinoche et malgré l'essor des plateformes numériques, les films d'Anderson méritent d'être conservés sur support physique parce que ce sont des oeuvres d'esthète à garder près de soi et à "admirer" de temps à autre pour se ressourcer et entretenir l'amour des belles choses.
Au fait, ouais, c'est probablement un chef-d'oeuvre.
Francisco,
Chroniques Anderson
2021
1h45
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