BOARDWALK EMPIRE (SÉRIE)
Série Fresque criminelle Drame
Terence Winter
*****
" Pour les amateurs de sagas mafieuses, Boardwalk, c'est la cathédrale du genre!"
Jean - Luc (mon voisin)
On connaît un peu le mec derrière tout ça.
Et il faut reconnaître que ce grand monsieur a un petit CV bien chargé. Là, il nous a encore sorti le furieux et le brutal. Je pourrais en regarder au petit déjeuner. Aucun risque de devenir aveugle. L’initiateur de cette œuvre d’envergure, vous l’aurez reconnu, n’est autre que Monseigneur Martin Scorsese !
Le papa de Taxi Driver et Raging Bull confirme ici (producteur et réalisateur du pilote) son statut de maître de la peinture du gangstérisme. Casino, Les Affranchis trônent fièrement aux côtés du Parrain de Coppola et du film testament de Leone, Il était une fois en Amérique.
Marqué par la plume d’un des papas de la fascinante famille mafieuse des Soprano, Terence Winter, l’empreinte de ce géant du septième art est omniprésente.
Avec le label Scorsese, on imagine sans peine que les pointures se sont bousculées au portillon pour obtenir un ticket pour le show. Et dès le premier épisode de la saison 1, le résultat à l’écran dépasse toutes les espérances.
Ce qu’il y a de plus marquant dans les séries US signées HBO au-delà d’une exigence formelle rarement prise en défaut, c’est l’excellence de la direction d’acteurs. Et ce, du premier rôle au figurant qui passe le balai en arrière-plan.
Ce festival de tronches mafieuses à souhait, né dans l’esprit du scénariste du Loup de Wall Street et des Soprano, est illuminé par des dialogues féroces et saignants, déroulés sur le tapis rouge d’une mise en scène qui n’a rien à envier aux chefs-d’œuvre du genre.
Le roi de ce sombre royaume : Steve Buscemi alias Nucky Thompson.
Ce parrain d’Atlantic City campe un personnage totalement fascinant, tout en aspérités, jamais schématique. Sans rien spoiler, certaines de ses scènes chatouillent les hauts sommets de l’interprétation.
Pour qui aime cet univers, le ravissement est permanent.
Deux ou trois mots sur le fond, sans rentrer dans les détails de l’intrigue (spoiler est un crime) : le rythme du pilote donne le ton. On soigne le contexte, on prend le temps de planter le décor. L’intensité dramatique s’affirme d’une saison à l’autre dans un fascinant crescendo.
Le final de la saison 2 est un tel coup de tonnerre qu’il faut même quelques épisodes à la saison 3 pour retrouver de l’altitude.
Comme dans toute bonne série, l’univers de Boardwalk s’enrichit sans cesse de nouveaux personnages hors norme.
Exemple concret dans cette saison 3 : l’arrivée du psychopathe Gyp Rosetti. Un must de l’enflure ! Une de ces savoureuses ordures que vous allez adorer détester. L’archétype du chien fou ultra-violent à la Scorsese. Sa présence contamine rapidement l’ensemble de la saison, faisant basculer la série dans un nouvel abîme de violence.
Après le déchaînement, la quatrième saison a l’intelligence de calmer le jeu. L’histoire revient se nicher au plus intime des personnages. Montrer les effets de cette “explosion”.
Et c’est dans cette atmosphère crépusculaire que le sentiment de désolation confine à la tragédie. La plus belle fin de saison jamais vue à l’écran, pour moi, se trouve au terme de ce quatrième acte.
En explorant les racines du mal, la cinquième et ultime saison exhume la mémoire. L’enfance, puis l’ascension de Nucky : comment un type bien bascule inexorablement du côté obscur. Profonde mélancolie, fantômes et illusions perdues hantent cet incroyable final. Un cinquième acte dont la puissance narrative évoque directement le somptueux et funèbre Il était une fois en Amérique. Voilà, c’est dit.
Écrite à l’encre noire, cette inexorable descente aux enfers est portée par un traitement Blu-ray techniquement remarquable (avec, peut-être, un bémol sur la troisième saison qui accuse parfois de légers flous, visiblement inhérents au tournage). Inutile de préciser que la HD rend encore plus intense la présence des acteurs, et que la finesse et le niveau de détail dans l’image nous régalent de l’incroyable richesse des décors et des costumes. Il faut aussi préciser qu’en matière de direction artistique, on tient là le sans-faute absolu.
Boardwalk Empire est une de ces réussites qui souligne l’inexorable prise de pouvoir du petit écran sur le grand. Les Soprano, Six Feet Under, Breaking Bad, Mad Men, House of Cards, Game of Thrones, True Detective, Band of Brothers, Mr Robot... Chacune, dans son genre, a su atteindre, voire dépasser, l’ambition de ses référents cinématographiques.
Pour celles et ceux qui peinent à prendre le temps de bouquiner, voici clairement une nouvelle forme de littérature.
Francisco,
Chroniques Scorsese
Dispo sur Prime
2010 / 2015
Le Blu-ray La HD rend plus intense encore la présence des acteurs. La finesse et le niveau de détail dans l'image nous régale de l'incroyable richesse des décors et costumes. Une magnifique texture d’image pour un Blu-Ray impérial.