CARBONE, l'incendie Magimel
Polar Drame
Olivier Marchal
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Ce n'est pas un scoop.
Le grand barbecue de la vie, Marchal maitrise.
Il excelle depuis toujours à travailler l'humain carbonisé à point. Les types cramés de l'intérieur constituent la partie noble de son oeuvre. Des types qui payent au prix fort leurs petites virées en enfer.
Le personnage du patron de PME qui va se retrouver à frayer avec le grand banditisme n'a rien d'incongru dans la filmographie du papa de 36, MR73 ou des Lyonnais. Son Antoine franchira lui aussi le point de non-retour pour une balade violente, fatale mais en première classe.
Dès l'ouverture, digne des grands classiques du film noir, l'auteur de 36 ne laisse aucun doute sur le caractère irréversible du parcours et affiche d'emblée sa volonté de tutoyer les grands classiques du genre. Oubliez le fait-divers. Ce n'est pas bien grave si vous ne saisissez pas toutes les subtilités et mécanismes financiers qui ont laissés la porte grande ouverte à l'arnaque, parce que cette histoire vraie de gigantesque escroquerie à la taxe Carbone Olivier Marchal va rapidement la sublimer et la transformer en tragédie, filmant le tout avec élégance et au plus au plus près de l'homme. L'homme et particulièrement quand celui-ci souffre et se bat. Le seul thème, le seul mouvement qui passionne Marchal. Et là, côté homme qui souffre et se bat, Magimel envoie du lourd. Il nous scotche à l'écran. Sa présence fout le feu à chaque plan. Regard de loup à la Delon et fragilité à la Deweare, il s'affirme ici comme l'acteur le moins lisse de sa génération. Enfin un (jeune) acteur qui a l'air d'avoir un peu vécu avant de nous la jouer méchant.
C'est beau à voir et ça aide à se sentir vraiment au cinéma.
Pour pimenter le tout Marchal lui fait rencontrer la belle et troublante Laura Smet. Antoine et Noa vont aussitôt former un duo de cinoche totalement électrique et instantanément crédible. Leur coup de foudre se passera d'ailleurs de tout dialogue tellement l'évidence s'impose.
Et puis, comme toujours chez Marchal, les seconds rôles sont aussi un régal. Un festival de gueule et de caractères fort. Depardieu assure tranquillement son rôle de parrain maléfique qui allumera le feu et réveillera la haine dans le coeur de Roca. C'est contre lui que la détermination du personnage de Magimel se forgera. Et j'ai bien noté la participation sobre et efficace de Michaël Youn qui, comme tout les comiques, affirme un talent inné pour le drame.
Même si le parcours reste un poil pépère, prévisible et pas forcément d'une folle originalité ( j'avoue un net faible pour le côté conte macabre et noirceur gothique d’MR 73) seule compte la manière. Parce qu'en toute chose seul le style détermine l'altitude. Je viens d'évoquer son casting impérial mais terminons en précisant simplement que la mise en scène est ample et somptueuse. Alors voilà, malgré une très légère odeur de pantoufle, tout est beau, formidablement éclairé, détaillé et l'on se dit que, oui décidément, par chez nous, la nuit appartient à Marchal.
Francisco,
Chroniques Marchal
Scénar:
Ali Hajdi (original idea), Olivier Marchal (adaptation) | 3 more credits »Acteurs:
Benoît Magimel, Gringe, Idir Chender|A découvrir aussi
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