LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

COPENHAGEN COWBOY - Série

Série    Ovni    Dark-poésie    Revenge-movie

Nicolas Winding Refn

*****

 

 

 

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Mon portable s'allume.

Message de mon pote et collègue monteur Mariano. 

" Salut Vieux, j'ai commencé la série de NWR, "Copenhagen Cowboy"... quoi dire!! Ce mec me fascine, je ne sais pas ce qu'il fait, ce qu'il veut raconter, mais il me magnétise..."

 

Tout est dit. Je pourrais clore cette chronique sur les mots de mon ami. Mais comme j'ai envie d'écrire, j'ose donc m'attaquer à la bête et je vais rajouter deux trois trucs..

 

Cet ovni, ou plutôt ofni, je lui ai conseillé il y a quelques jours alors que nous étions peinards au resto à évoquer ce qui fait l'essentiel d'une vie. Je l'ai fait histoire d'y voir un peu plus clair. Parce que depuis les deux nuits, début janvier, où j'ai dévoré les six épisodes de cette série je reste toujours sous emprise, me débattant dans les vapeurs diffuses d'une recette probablement vénéneuse.

Copenhagen Cowboy est un objet filmique non identifiable de 5h12 que l'on ne peut pas conseiller à n'importe qui et qu'il est très difficile de résumer. Surtout entre une salade des Dockers et une tarte au citron meringuée. 

Heureusement, Mariano est un type d'une profonde intelligence et d'une sensibilité aiguë à qui on peut balancer sans crainte un truc pareil. Vous l'avez compris, nous nous trouvons là en présence d'un objet d'art d'une précieuse singularité. Donc il aime, et je ne suis pas étonné. 

"J'attends avec impatience la chronique de Francisco"

 

Ok. Ça y est. J'y suis. Je m'y colle.

Je vais tenter de dégager une forme de pensée ordonnée du grand flou artistique qu'ont laissé planer en moi ces heures dangereuses de hors-piste télévisuel.

 

 

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J'avoue ne pas trop savoir par quel bout aborder ce morceau d'art déviant et tordu à souhait nous glissant dans les pas d'une "porte-bonheur" humaine à l'aura extra-terrestre évoluant dans un Danemark mafieux et corrompu peuplé de tueurs psychopathes, de mères incestueuses, matrones démoniaques et de prostituées retenues prisonnières... Après le temps de l'oppression, de la torture et du meurtre viendra celui du combat et de la vengeance.

De sous-sols poisseux en chambres froides, de manoirs au parcs solitaires et glacés aux cuisines d'un restaurant chinois, de la forêt à la jungle urbaine, vous serez baladés sur les terres d'un conte aussi ténébreux que résolument insolite.

Le travelling d'ouverture donne le ton : nous évoluerons au milieu des porcs.

Pour retrouver foi en l'homme mieux vaut passer son chemin.

Si vous aspirez à autre chose qu'une belle histoire et que l'optimisme vous colle l'angoisse alors lancez-vous !

 

Pour moi, la poésie ultime s'exprime au plus fort dans le vortex de cet espace fantastique et horrifique. Ce théâtre de la folie et de la cruauté trempé dans le cinéma de genre et porté par une ivresse esthétique osant faire hurler les couleurs et parasiter la matière filmique du lisse au plus granuleux. Une texture de l'image brassant le chirurgical d'une réalité ultra-violente au flou du songe et du mystère.

Car NWR nous reconduit toujours en enfer avec art et manière.

 

Brassant ses thèmes favoris il  embrasse aussi bien ici en UHD 4K le formalisme exacerbé du somptueux Neon Demon et l'étirement du temps et les poses statuaires de sa précédente et toute aussi fascinante série Too Old to Die Young que l'imagerie sale, trash et brute de sa trilogie Pusher.

C'est le travail du directeur photo Magnus Nordenhof Jønck, à l'oeuvre sur les six épisodes. Un art de laisser les ténèbres mordre la lumière déjà remarqué sur les série culte The OA, The Killing et Borgen ou le sombre polar de Netflix Aucun Homme Ni Dieu. 

Visuellement, Copenhagen Cowboy fascine mais ce qui provoque l'hypnose pour qui sait s'y abandonner c'est bien la symbiose entre ces images à la texture irréelle et les expérimentations musicales electro-indus de Julian Winding, Peter Kyed, Cliff Martinez ou Peter Peter. Ce mariage ouvre grandes les portes de l'inconscient. Nous sommes ici aux racines de l'inspiration. Pulsions et fantasmes gouvernent cet univers ou chaque arrêt sur image porte bel et bien le label NWR.

 

Sur le fond comme sur la forme, Refn impose son style mais ne nous laisse jamais dans le confort. Ce cinéma découpé en série continue de séduire autant qu'il écorche et perturbe. Mais contaminés nous sommes. Comme le sont toutes les figures de cette incroyable galerie de personnages.

Au milieu d'une ou deux têtes connues des précédentes oeuvres de Refn nous découvrons des acteurs le plus souvent castés dans la rue et saisis dans leur pleine authenticité. Une démarche sauvage d'une pureté artistique propre au néo-réalisme mais appliquée aussi à des univers plus radicaux comme celui de Pasolini. Des visages encore "vierges" qui participent à une quête de vérité et de recherche vers "autre chose". Ils incarnent ce refus de "baliser" le terrain. personne n'est familier. Tous font mystère. 

 

 

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Cet envoûtant et violent "voyage criminel" sur les terres du polar, du fantastique, du conte de fées et du film de vampire jusqu'au trip super-héroïque fait déjà figure de synthèse dans le parcours du passionnant cinéaste de Drive et Valhalla Rising.

On retrouve d'ailleurs ici avec le personnage central de la frêle Miu, magnétique Angela Bundalovic, sa version féminine du héros mutique maitrisant l'art du combat. Figure westernienne et chevaleresque de l'étrangère par qui le salut arrive. Un être "venu d'ailleurs " cheminant au coeur de la violence au service de l'éplorée. 

 

Si, de la mise à l'épreuve jusqu'à la révélation, les thèmes propres au parcours du héros sont bien présents ici, tout semble incertain et l'atmosphère et les décors inédits. Délicieuse sensation d'être incapable de prévoir "ce qui peut arriver".

Mais cette balade en hors-piste fait briller ses enseignes. Situations, dialogues jusqu'aux éléments de décors et costumes le spectacle fourmille de références aux univers et sortilèges de David Lynch comme aux échappées surréalistes de Jodorowsky. Refn ne se refuse pas des instants de drôlerie quasi auto-parodiques ni quelques références à l'humour-guerrier de Tarantino. C'est le propre d'un génie que de se nourrir aux banquets des plus grands explorateurs du septième art, oser l'auto citation, s'en amuser et ce sans jamais perdre en route son identité.  

 

 

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Libre, furieusement et toujours.

Copenhagen Cowboy est un nouveau manifeste. À l'image du personnage de la morte ressuscitée, jouée par la propre fille de Refn, hurlant face au matin brumeux l'oeuvre est un cri. Le cri de rage d'un créateur bien décidé à exploser toutes les barrières des genres et de la bienséance. Il se moque des frontières. Il pille aussi bien la littérature gothique que la filmo de Bruce Lee, osant parfois des élaborations de plans et séquences que ne renierait pas Lars Von Trier.

 

Cet objet poétique protéiforme, souvent monstrueux, ne craignant ni le ridicule ni le mauvais goût, diffuse un espoir fou, bien au delà du malaise et de l'angoisse qu'il procure par instant. Celui de gronder comme un orage artistique réveillant le chaos et ressuscitant vigueur et créativité. Une danse de morts et de libérations qui, au final ressemble furieusement à la vie.

On s'y bat pour survivre. 

 

Winding Refn ne craint pas les porcs et nous promet des géants.

L'imaginaire triomphe.

Si seulement l'aventure pouvait se poursuive...

 

 

 

Francisco, 

 

 

 

 

 

 

 
  

 

 

 

Inside 

 

 

 

 

 

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Netflixable, donc

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2022-2023

 

6 épisodes  (entre 45mn et 1h)

 

Series Directed by 

Nicolas Winding Refn ...

(6 episodes, 2022)

Series Writing Credits  

Sara Isabella Jønsson Vedde ...

(developed by) (6 episodes, 2022)

Sara Isabella Jønsson Vedde ...

(episode) (4 episodes, 2022)

Nicolas Winding Refn ...

(created by) (6 episodes, 2022)

Nicolas Winding Refn ...

(developed by) (6 episodes, 2022)

Johanne Algren ...

(episode) (4 episodes, 2022)

Mona Masri ...

(episode) (1 episode, 2022)

Series Cast  

Angela Bundalovic Angela Bundalovic ...  Miu 6 episodes, 2022 
Andreas Lykke Jørgensen Andreas Lykke Jørgensen ...

 Nicklas 6episodes, 2022 

 

Li Ii Zhang Li Ii Zhang ...  Mor Hulda 5 episodes, 2022 
Jason Hendil-Forssell Jason Hendil-Forssell ...  Chiang 4 episodes, 2022 
Hok Kit Cheng Hok Kit Cheng ...  Ying 4 episodes, 2022 

 

Full cast & crew

 

 

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31/01/2023
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