LE COUSIN JULES, le feu brûle encore
Doc Portrait Chronique paysanne
Dominique Benicheti
*****
Regarder.
Écouter.
Prendre le temps.
S'abandonner au simple spectacle d'un forgeron tout entier à son ouvrage. En pleine maîtrise de son art. le son du marteau cognant le fer. Le plier, l'arrondir. Dans la douce lumière dorée de l'atelier ne résonnent que le craquement du feu, le souffle épais et profond de la forge et de son poumon. Un gigantesque soufflet à bras que le vieux Jules actionne sans faiblir.
La caméra s'attarde, ne brusque jamais l'action. C'est tout le calme d'une vie simple qui est ici à l'oeuvre. Une technique et ses rituels se déroulent dans un temps respecté.
Félicie, la femme de Jules, accompagne également cette petite musique des gestes du quotidien. Éplucher les pommes de terre, aller au puit, rajouter du bois dans le poêle. Préparer le café, le moulin sur les genoux. Puis elle s'en ira comme passent les saisons. La tristesse est bien là mais le deuil est pudique. Les rituels garde l'homme debout. C'est dans cette atmosphère et cette lenteur apaisante que l'on prend véritablement la mesure d'une manière de vivre et de travailler aujourd'hui révolue. C'est ce qui fait la valeur inestimable de cet éloge de la simplicité touchée par la poésie mélancolique des petits matins brumeux et de la dernière lumière allumée avant la nuit.
Tourné entre 1968 et 1973, Le Cousin Jules n'a jamais bénéficié d'une sortie cinéma à grande échelle. Le choix de Dominique Benicheti de tourner son film-documentaire en cinémascope effraya les distributeurs. La résurrection a eu lieu en 2012 au festival du film de New-York. Gros succès public et critique et distribution dans plusieurs salles du pays. Le Cousin Jules s'envola ensuite pour une tournée des festivals européen. Disparu en 2011, Dominique Benicheti n'eut pas la chance d'assister à cette glorieuse redécouverte. Cette édition Blu-ray aurait certainement comblé cet homme féru de technique, lui qui travailla même à une copie 3D de son film! Une restauration étonnante qui rend grâce au travail exemplaire accomplit au cadre et à la lumière par Dominique Benicheti et ses directeurs photos successifs Paul Launay et Pierre-William Glenn. 35mm cinémascope oblige, on savoure un étonnant niveau de détail et un traitement des couleurs admirable pour une image de plus de quarante ans.
Le Cousin Jules va donc rejoindre les étagères des collectionneurs que nous sommes. Vous pouvez lui réserver une place de choix aux cotés des Profils Paysans de Raymond Depardon. Même humilité de traitement, même amour pour ces hommes qui dessinent les paysages et le temps. La caméra est posée. Le mouvement est rare et délicat.
Le regard doit prendre soin de cet autre quotidien.
Francisco,
Mémoire
L'avis d' Old Guy
" J'avais aimé Depardon mais alors " le cousin Jules", c'est un peu mon ancêtre, notre ancêtre ancré dans une France rurale où le paysan n'était pas encore un exploitant agricole, ni un industriel de l'élevage, mais un laboureur attaché à sa terre. Nostalgie?"
1968-1973
1H30
Le Blu-ray Une restauration inespérée qui rend grâce au travail exemplaire accomplit au cadre et à la lumière par Dominique Benicheti et ses directeurs photos successifs Paul Launay et Pierre-William Glenn. 35mm cinémascope oblige, on savoure un étonnant niveau de détail et un traitement des couleurs admirable pour une image de plus de quarante ans (Un travail véritablement cinématographique mais tourné avec des moyens limités) Le est grain présent mais jamais envahissant.
Un immense bravo aux éditions Carlotta pour ce Blu-ray qui ne figurera jamais en tête des ventes, et un grand bravo au laboratoire Arane-Gulliver pour cette restauration numérique de premier ordre qui touchera le coeur de tous les amoureux de ce cinéma profondément humaniste qui prend aujourd'hui une valeur inestimable.
Réalisateur:
Dominique Benicheti
Avec Jules et Félicie Guitteaux.
Casting et staff technique
Le " Jules" réalisé par Francisco
(alias Marc Yvard)
Portrait de mon oncle Jules, lui aussi homme du terroir... (1998)
A découvrir aussi
- DAVID LYNCH THE ART LIFE, dans la matrice
- GIMME DANGER, Spinaltap nous envoie une bonne giclée de fuzz et un poil de distorsion
- "Sr." ROBERT DOWNEY, tel père tel fils