LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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EXCALIBUR, "the sword will rise again"

Mythes et légendes   Racines de l'Heroic Fantasy     

John Boorman

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Disons-le comme ça.

À 14 ans, découvrir Excalibur sur grand écran fut pour moi l'équivalent de l'apparition du Seigneur des Anneaux devant le regard ébloui de mon fiston. Excalibur vient de traverser quatre décennies de cinoche alors forcément il s'agit de se remettre un peu les choses en perspective et de replacer tout ça dans le contexte.

 

Sans disposer des possibilités infinies des effets numériques, hormis le procédé du Matte-Painting qui consistait à peindre le décor et l'insérer par transparence aux images déjà filmées, John Boorman créa sa "Terre du Milieu Arthurienne" au coeur des paysages d'Irlande. Et ça fonctionnait. La magie déboulait sur écran large et je n'eus aucun mal à décoller. Ces artifices, conçus sur le tournage même, exhalent aujourd'hui un charme certes suranné mais ces chevaliers de la Table Ronde n'ont rien de virtuels et le monde dans lequel ils évoluent semble bien réel. Et c'est bien là l'essentiel. Revoir Excalibur réclame cette indulgence : reconnaître l'admirable travail d'artisan.

5 mois de tournage pour un budget serré de 11 millions de dollars. Un challenge défendu ardemment aussi bien par les techniciens que les acteurs, tous galvanisé par le souffle et l'inspiration visionnaire du général Boorman. On découvrait ici l'univers fondateur de toute l'héroic fantasy à venir. Ce temps des chevaliers, des magiciens, des forêt profondes et des lacs mystérieux. Ce temps ou retirer une épée d'un rocher faisait encore son petit effet.

Et là, je reste sur le mode vieux con pour insister sur le fait que cet effort paye: un an plus tard sortirait un autre objet de culte destiné aux amoureux du glaive vengeur, de l'hémoglobine au litre et de la sorcellerie dans l'air, l'incontournable, solide et jouissif Conan le barbare de John Milius. Hé ouais, à l'époque les réals étaient encore des aventuriers explorateurs qui ne se réfugiaient pas dans un hangar avec des pantins millionnaires s'agitant sur fonds verts. Tout le monde mouillait la chemise et nous faisait voir du pays. On ne plaisantait pas avec la notion de "planter le décor". Les informaticiens n'avaient pas encore remplacés les artisans. Ouais, il n'y avait pas la clim mais bel et bien de la magie dans l'air.

Là, je referme la parenthèse et je poursuis.

 

 

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Si j'ai fait, d'entrée de jeu, allusion au fabuleux univers de Tolkien c'est parce John Boorman travailla de longues années à une adaptation du Seigneur des Anneaux. En vain. Le projet fut jugé trop couteux et abandonné. Ce n'est sans doute pas plus mal. L'idée de doubler par des voix adultes et d'affubler des enfants de fausses barbes pour les transformer en Hobbits n'aurait sans doute pas accouché d'une oeuvre aussi marquante et définitive que l'incroyable trilogie de Peter Jackson.

Mais voilà pourquoi s'attaquer à la source de tous ces univers de donjons et de dragons fut l'occasion rêvée pour le réalisateur de Délivrance de s'immerger avec passion dans le projet le plus ambitieux de sa carrière. Malgré un budget loin d'être confortable pour une telle production le résultat, épique et flamboyant pour les uns, pompier pour les autres, allait, pour tous les cinéphiles, donner naissance à un objet culte. Ici on parle, d'Excalibur, man. Si t'aime pas ou que tu ricanes bêtement, tu dégages.

 

Histoire de mettre le paquet sur la mise en scène et les décors, chaque plan est composé comme un tableau, Boorman a fait le choix de ne pas faire appel à des stars mais a eu suffisamment de flair pour mettre en avant une nouvelle génération de comédiens. Si Nigel Terry, l'acteur qui joue avec conviction le Roi Arthur a poursuivit une carrière plutôt discrète par la suite, Excalibur révéla quelques pointures à venir comme Helen Mirren, Liam Neeson, Gabriel Byrne et Patrick Stewart. Et puis il faut saluer le charisme ravageur de l'immense acteur de théâtre que fut Nicol Williamson composant ici un Merlin instantanément crédible. L'Obi-Wan Kenobi de l'épopée médiévale. Disons le sans détours, sa présence, sa distance et son humour, ont largement contribué à nourrir le culte. Que-dis-je, le mythe.

 

 

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Largement dépassé dans ses effets et la sauvagerie de ses combats (Game of Thrones, les grandes et furieuses épopées de Ridley ScottJackson  et Gibson sont passées par là) Excalibur fait tout de même, un peu, tonner la foudre et brûler haut les flambeaux. Au moins pour tous les cinévores qui ont la nostalgie d'un cinéma sans CGI chevillée à l'âme.

La partition Wagnerienne de la B.O, Le O Fortuna du Carmina Burana de Carl Orff accompagnant la charge finale des chevaliers dans l'envol des pollens et fleurs d'un printemps ressuscité, l'ouverture du film avec l'arrivée de Merlin dans la brume rougeoyante d'un sous-bois avant la bataille, toutes ces séquences iconiques garantissent un chouette ticket d'entrée pour une soirée à l'opéra. La chair est là. Comment, à ce propos, ne pas évoquer cette scène particulièrement émouvante et diablement rafraichissante où le sanguinaire Uther Pendragon, transformé par Merlin en sosie du Duc de Cornouailles, honore comme il se doit la belle Ygraine tout en gardant son armure. C'est bien là le triomphe de la magie et de l'énergie.

 

Pour tous les nostalgiques des récits de chevalerie, Excalibur reste une bonne approche des thèmes fondateurs des mythes et figures Arthuriennes et, au-delà de ça, tout simplement un grand kiff.

  

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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1981

 

2H20

 

 

 

Le Blu-ray                     Souvent décrié, ce transfert Blu-ray n'a rien de honteux. Il ne dénature pas la côté granuleux et vaporeux de la photographie ce qui peut fâcher les amateurs d'images lisses au piqué tranchant. Le niveau de détail et la précision permettent de  revoir tout ça sur nos écrans de malade sans que cela ce transforme en bouillie de pixels. On peut quand même rêver d'une restauration 4K qui permettraient sans doute une résurrection définitive de cette bible du récit épique.

 

 

 

Director:

John Boorman

Writers:

Thomas Malory (book), Rospo Pallenberg (adaptation) | 2 more credits »
 

 

 

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30/08/2018
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