FOR ALL MANKIND - Série
Série Uchronie SF
Ronald D Moore Matt Wolpert Ben Nedivi
*****
Allez, je la fais :
Apple TV+ a vraiment décroché la lune avec cette épique et émouvante série dédiée à la conquête spatiale. Cette titanesque aventure qui opposa férocement l'Est et L'Ouest des années 50 aux années 70.
Sauf qu'ici l'uchronie (et si?) prend le pas et imagine que les russes arrivent les premiers sur la lune. La course à l'espace passe alors à la vitesse supérieure et de l'objectif Lune ce drame épique nous conduira, ravis, jusqu'à l'objectif Mars, le tout en ayant l'habileté de recourir à d'authentiques images d'archives histoire de blinder la crédibilité de l'ensemble.
Alors, c'est quoi le bonheur ici?
La richesse de ce show aussi spectaculaire qu'intime et sensible, est que ces trois saisons (une quatrième à venir) se hissent sur les épaules de personnages, hommes et femmes, aux personnalité salées et tous plus attachants les uns que les autres. Le tour de force d'écriture étant, comme dans toute bonne série, que ces "héros", finalement, nous ressemblent. For All Mankind est d'abord et avant tout, comme son titre l'indique, une aventure humaine. Là-dessus, le contrat est rempli.
Des succès à la chute, de la renommée à la solitude, du drame à la résilience les leçons de vie sont ici universelles. Tous prennent leur envol au fil des saisons et révèlent leur forces et fragilités avec toujours le courage et l'ambition comme étendards. La vie, la mort, les joies et les drames, l'amour et l'amitié, des larmes au bûcher de la passion, la valse des sentiments suit la mesure d'enjeux ... cosmiques.
À propos de cosmique, le contrat "spectacle" est lui aussi élégamment signé, voir au-delà de mes attentes. Force m'est de préciser qu'absolument toutes les scènes de décollage, dans l'espace ou sur la surface lunaire sont totalement bluffantes de réalisme. Le soin accordé aux effets spéciaux jusque dans les moindres détails est à l'image de la qualité d'écriture des personnages. Idem sur terre. La reconstitution des différentes décennies de cette saga des décors intérieurs et extérieurs jusqu'aux locaux de la Nasa impressionnent. Tout est juste, précis et beau. Quel régal ! Quelle classe !
Du feel-good à la tragédie.
Si les deux premiers épisodes de la première saison soignent l'American Dream et sa philosophie du "rien n'est impossible" très vite l'intelligence des showrunners prend soin de craqueler le vernis et de laisser l'ombre entrer. Cet élan Prométhéen glorifiant l'ambition et le courage humain autant qu'un mythe soulignant sa vanité et la perspective d'une chute vertigineuse. Et la série de naviguer alors en eaux profondes et nous d'éprouver cette rare et délicieuse sensation du bain chaud télévisuel (ou sur tablette sous la couette).
For All Mankind vous immerge dans quelque chose qui fait du bien partout et ne se fout jamais de votre gueule. C'est bien simple j'ai, depuis le début, (j'attaque la seconde moitié de la troisième saison) la sensation d'être entré dans une oeuvre qui verrait se marrier le spleen élégant de la cultissime série Mad Men avec la virtuosité formelle et narrative du First Man de Damien Chazelle. Et j'ose la comparaison sans pâlir (avantage du blog sur le vlog, on peut raconter ce que l'on veut sans que cela puisse se voir) Mais reprenons un peu d'altitude et évoquons les étoiles.
Car, bien sûr, pas de miracle possible sans un minimum de talent, de panache, d'alchimie et de savoir-faire (La récente et désolante série inspirée du Seigneur des Anneaux l'a tristement prouvé) Rien que du beau monde ici pour aider au décollage.
Côté scénar d'abord, les créateurs rassemblent le papa de Star-Trek:la nouvelle génération et BattleStar Galactica Ronald D. Moore et deux des plumes le plus alertes de la classieuse et jouissive série de Noah Hawley Fargo, Ben Nedivi et Matt Volpert. Tous ces mecs savent raconter une histoire et tenir le fil.
Côté réal ensuite, une douzaine de réalisatrices et réalisateurs prometteurs et vieux briscards se relaient avec, parmi eux, deux talents ayant tâté du grand écran. Le Pixarien Andrew Stanton (Wall-E, Le Monde de Nemo) et l'as du polar de série B des années 90 John Dahl (Kill me Again, Last Séduction, Red Rock West) ayant depuis officié brillamment dans l'univers des séries avec de belles mises en boites pour Dexter, Californication, Ray Donovan ou The Affair.
Côté casting, il faudrait tous les citer et franchement, je me sens un poil feignant là-dessus. Mais vous en reconnaitrez un paquet, la plupart échappés de séries cultes. Pas une ligne de dialogue de travers, ça joue en première ligue.
Quant à la musique, ben c'est pareil. Elle est signée du prolifique Jeff Russo qui a déjà oeuvré dans l'espace avec les BO de Star Trek: Picard & Discovery, Lucy in the Sky ou travaillé sur l'humain avec Bosch: Legacy ou (encore elle) la série Fargo. Pas mal tous ces glorieux CV, non?
Aussi il est hallucinant de constater à quel point ce travail d'orfèvre est peu reconnu. Mais le temps et le bouche à oreille feront leur oeuvre et je suis persuadé que ce joyau deviendra vite culte. Bref, sans rien vous spoiler, n'hésitez pas à rejoindre une des meilleures plateforme du moment, (peu quantitative mais hautement qualitative) pour aller vous placer en orbite entre les bras d'une équipe de pros. Vous serez entre de bonnes mains et ne regretterez pas le voyage !
Francisco,
Une équipe hors du commun
Et de 4 !
2019 -
4 saisons
(3 x 10 épisodes)
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