KEITH RICHARDS : UNDER THE INFLUENCE, un roi en son domaine
Doc
Morgan Neville
****
C'est drôle, la vie. Avant je pensais que la limite c'était 30 ans et qu'au delà c'était l'horreur. Et puis, j'ai eu 31 ans. Et je me suis dit: "c'est pas si mal, voyons ce que ça donne...(rires)"
Après avoir éclairé divinement les divas de l'ombre dans son magnifique "Twenty Feet from Stardom", le documentariste Morgan Neville se promène ici en compagnie du "maître du feu" des Rolling Stones. Le légendaire Keith Richards
C'est une des gueules les plus burinées de la scène rock, classée 4ème meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone. Compositeur des hits le plus terrassants du groupe. Le magicien concoctant la potion magique du monstre de scène Mick Jagger, c'est bien lui. Keith Richards. Une belle tranche du doc s'attache aux ingrédients.
Les influences premières du génie.
Marqué dès le plus jeune âge par l'esprit du blues, de Robert Johnson à Muddy Waters et Howlin'Wolf, en passant par Buddy Guy (à l'origine du nom du groupe) Magic Keith, riant et grinçant comme un vieux vinyl évoque le choc Elvis, son amour pour Chuck Berry et la country de Hank Williams à Johnny Cash. N'oublions pas Mozart, le reggae et son amitié fructueuse avec Mister Tom Waits. Ce grand bonhomme au visage passionnant à vécu mille vies, sans retenue et toutes veines à l'ouvrage. C'est le doc fascinant d'un miraculé dont l'univers déborde généreusement du cadre. Un ogre de vie taillé pour sa légende. 1h20 avec lui c'est glisser dans le torrent d'images d'archives, road- clips, déambulations et séances d'enregistrements déroulées comme autant d'instants de grâce. Bienvenue, chez celui qui ne se sent chez lui qu'en Studio ou en tournée. Musicien from start to finish.
Derrière l'icône Rock qui regrette le Roll, dénigre la pop et soupire de ne pas avoir été bluesman, on rencontre ici un prince mélancolique dont la plupart des phrases s'achèvent dans le doux grésillement d'un rire de fumeur. Suprême élégance de ceux qui n'ont plus rien à prouver et que la vie n'a pas épargné. Touchante confession de celui qui mit 20 ans avant de revoir son père. Encore un franc éclat de rire pour évoquer les 20 autres ou "le vieux bonhomme" l'accompagnait dans toutes ses tournées. Tout ça pour dire que Morgan Neville ne suit que le savoir,'le talent et l'humanité du grand auteur-compositeur sans jamais s'attarder sur la star et ses excès, et c'est tout le bonheur que procure ce doc.
Pour développer un peu plus, il me faudrait les bagages de notre illustre chroniqueur Spinaltap. Bible du Rock autant que furieux cinéphile. Aussi je vous invite simplement à rejoindre Netflix et embrasser ce grand moment d'intimité, merveilleusement filmé et photographié, avec un type qui préfère grandir plutôt que vieillir.
Francisco,
L'avis des lecteurs
Spinaltap
" L'âme des Stones, c'est lui. Il était fantastiquement secondé par Mick Taylor qui était lui le vrai second couteau des Stones, bien plus que Ron Wood qui l'a remplacé (écoutez "Can't you hear me knocking", waouh…). Et aussi Keith a retiré une corde à sa gratte pour obtenir ce son cradingue si particulier! Finalement son style de guitariste ressemble comme deux médiators à son style de vie: furieusement déglingué."
Cirimax
"... C'est vrai que c'est le coeur des Stones. Quel guitariste !...d'ailleurs je crois que c'est le seul guitariste qui n'en soit pas un au fond (Spinaltap va peut-être bondir) ...:-(...Avouons le...il ne sait pas jouer, c'est clair, mais quand il a cette putain de guitare dans les pognes il envoie le meilleur rock de blouseux qu'on connaisse sacré bon sang...!! Inégalé à ce jour...Mister riff en personne reconnaissable depuis l'espace ! pi sa gestuelle....Hallucinant. Lui seul joue comme ça. Les bluesmen sont pareils...ils sont seuls à jouer comme ils jouent...on les reconnait de loin, non ?
Un maître....secondé par le ronnie, faut bien le dire, mais quel ensemble The Stones...
Keith joue avec un telle économie de moyens que ça confine au grand art avec ses open tuning de paresseux et autres cordes arrachées...et il nous pond des rythmiques à tomber, des vrais balances...du sporadique...du syncopé ... Je voudrais dire qu'en fait ce qu'il joue, il est le seul à savoir le jouer comme ça, au fond. Il est identifiable.
Et puis un saint aussi parce que se farcir cet enfoiré de Chuck Berry...faut quand même le faire...heureusement y'avait Johnnie Johnson...
Ca nous rajeunit pas tout ça...pi il n'a à mon sens jamais fait dévier les Stones musicalement...et pi quel touché à la guitare !!!
D'une certaine manière, Keith (mis à part son indéniable charme) a érigé la paresse* en art de vivre, en 7è art...tout vautré qu'il est sur sa Gibson la patte allongée comme les chats et qui envoi la purée, le tout déglingué comme tu dis Spini, mais chiadé quand même ! sacré bon sang...d'ailleurs parmi les blancs (pas raciste moi hein.....on a peur maintenant...) il est sans doute celui dont l'héritage du blues noir américain est le plus remarquable et reconnaissable...Je suis sûr que Muddy est content d'entendre jouer Keith. * fausse paresse bien sûr pour le plus travailleur des Stones... mais une fois de plus je vais attendre le DVD.....tranquillement les amis."
2015
1H20
DIFF NETFLIX : Proposées en UHD 4K, les images récentes au piqué ravageur et aux couleurs profondes ont l'élégance d'être servies dans l'écrin d'une photographie veloutée. Pur régal.
Director:
Stars:
Steve Jordan, Keith Richards, Waddy Wachtel |
A découvrir aussi
- McCULLIN, le coeur dans les ténèbres
- ROCCO, de la solitude du hardeur de fond par Spinaltap
- "Sr." ROBERT DOWNEY, tel père tel fils