L'ÉVADÉ D'ALCATRAZ, un coupe-ongles et un grand film
Film de prison Culte
Don Siegel
*****
Culte ...
Une arrivée dans la nuit, sous la pluie.
Après avoir quitté les habits de sa vie civile, Frank Morris est conduit, nu, à sa cellule. Bienvenue à Alcatraz, la prison dont personne ne s'est jamais échappé. L'orage éclate, les barreaux se referment dans un coup de tonnerre.
Un destin bien plombé.
Après cette ouverture aussi sèche que magistrale dans son découpage, le climat et les enjeux sont solidement posés. Se faire la belle va être un poil compliqué. L'exploit de Frank Morris est proprement incroyable. L'hommage est mérité et le film avance sans fléchir.
Défendu par un Eastwood plus minéral que jamais et son réalisateur fétiche, celui de l'Inspecteur Harry, Les Proies ou Sierra Torride, l'efficace Don Siegel, ce film tient toujours aussi droit sur ses jambes grâce également à son brillant scénario. Il est signé d'un certain Richard Tuggle qui officiait ici pour la première fois et réalisa cinq ans plus tard La Corde Raide, toujours pour le grand Clint. Il participa ensuite à l'écriture de quelques épisodes de la série horrifique Les Conte de la Crypte avant de disparaitre définitivement des écrans radars. Une absence regrettable tant s'expose ici l'art de camper une galerie de personnages solidement caractérisés sans édulcorer les réalités de la vie carcérale et le tout sans sombrer non plus dans une violence et une noirceur complaisantes.
Chapeau-bas.
Ce travail est habillé par la photographie naturaliste et sans vernis hollywoodien de Bruce Surtees. Un directeur photo qui débuta avec Eastwood et l'accompagna dans ses réalisations de L'homme des Hautes Plaines et Josey Wales jusqu'à Pale Rider. Tout ça pour dire que c'est un peu un film de famille. De bons vieux pros, amis à la ville, parlant le même langage cinématographique. Un cinéma privilégiant la vérité à l'effet.
Côté distribution n'oublions pas non plus ce petit clin d'oeil ironique d'avoir proposé à Patrick McGoohan le rôle du directeur de la prison, lui qui fut l'acteur emblématique de la série culte des années 60 : Le Prisonnier.
Rien à jeter., donc.
C'est carré, dégraissé, sec et sans fioritures.
Scénar, réal, interprétation et montage, tout ce travail d'horloger nous offre ainsi aujourd'hui une belle sensation revival. Quel bonheur de se retaper ce vigoureux fleuron du film de prison. Une pépite que je range sans peine aux côtés de La Ligne Verte, Les Évadés, Le Trou, Un Prophète ou Luke La Main Froide pour n'en citer que quelques-uns.
Passionnant dans sa mise en place comme dans l'évasion vécue quasiment en temps réel. Construit après un minutieux travail de reconstitution, le récit de ce fait-divers hallucinant (on ne retrouva jamais sa trace ni celle des frères Anglin avec lesquels il s'échappa) L'évadé d'Alcatraz est toujours un régal, près de quarante ans après sa réalisation. On y apprend comment s'évader avec un coupe-ongle, une petite cuillère, du carton pâte fait maison et des cheveux récupérés chez le coiffeur. Frank Morris, visiblement génie du bricolage, fut même capable de fabriquer une perceuse a partir d'un ventilateur. Et tout ceci est vrai. Total respect. C'est un prodige qui explique sans doute l'investissement absolu des acteurs. Tous ont effectué la longue et fascinante séquence d'évasion sans doublage et au plus près des faits. Même physiquement, le défi était de taille.
Le tour de force accomplit ici par Don Siegel restera toujours celui d'avoir assuré le suspens. Nous faire vivre intensément chaque seconde de cette hallucinante évasion, alors même que sa résolution est connue dès le titre. L'Évadé d'Alcatraz sera son dernier grand film.
Francisco,
The real one
1979
1H50
Director:
Don Siegel (as Donald Siegel)
Writers:
J. Campbell Bruce (book), Richard Tuggle (screenplay)
Stars:
Clint Eastwood, Patrick McGoohan, Roberts Blossom |
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