LES MOISSONS DU CIEL (Bonus: thématiques Malick)
Drame Poème
Terrence Malick
*****
Avant de revenir sur le fond, parlons du cadeau.
Le voici enfin disponible en Blu-ray le second film d'un magicien de l'espace et de la lumière. Une sacrée arlésienne, plusieurs fois annoncée et toujours repoussée. Une belle sortie de mai qui a ébloui le déconfinement de cinéphages, avides comme moi, de compléter enfin leur collection Malick sur support HD.
Je ne vais pas plus longtemps mâcher mes mots : voici une restauration de premier ordre. (tout cela me semble très proche voir semblable au master Criterion) Il offre une excellente gestion du grain ciné pour un respect absolu de la divine patine argentique. Un master entièrement nettoyé et un niveau de détail réjouissant. Certains gros-plans sont assez bluffants pour un tournage en lumière naturelle de quarante cinq ans d'âge. Notamment les plans d'insectes lors de l'apocalyptique scène de l'invasion des sauterelles. Contrastes et étalonnage des couleurs rendent grâce au travail admirable du légendaire chef-opérateur Nestor Almendros. La lumière, l'espace et la profondeur de champs des tableaux Malickiens retrouvent ici leur plein éclat et amplitude dans ce surcroit de définition totalement miraculeux. Ce Blu-ray, qui aurait mérité un packaging un peu plus élaboré qu'un boitier en plastique bleu, offre la meilleure copie disponible à ce jour de ce grand film panthéiste annonciateur des chefs-d'oeuvre à venir. Maintenant qu'il fait beau, vous pouvez donc profiter d'un barbecue pour incinérer votre ancien DVD. Nous tenons ici un top démo d'une oeuvre charnière des glorieuses seventies.
Qu'ajouter à la prose de centaines de passionnés de Malick, fascinés à chaque nouvelle vision de ce poème sublime et cruel. Il s'ouvre sur la partition du "Carnaval des Animaux"de Saint-Saens. Hormis un seul cliché sur de riches hommes d'affaires en haut-de-formes il embrasse, en une série de photographies du début du vingtième siècle, l'univers des classes laborieuses oeuvrant dans l'ombre à l'édification du pays. Visages d'anonymes jusqu'au dernier représentant le portrait de Linda, la jeune actrice et narratrice du récit. Ainsi saisie dans un noir et blanc "à l'ancienne"faisant parfaitement illusion, elle connecte l'oeuvre à une réalité sociale tangible. Le mariage entre la dimension poétique du film et son réalisme naturaliste est d'emblée consacré.
Second film de ce peintre-poète-réalisateur après La Balade Sauvage (1974) Les Moissons du Ciel offre une ampleur nouvelle au cinéma de Malick, dans la richesse de ses décors et reconstitution, tout en imprimant sur ce "grand spectacle" les mêmes figures et obsessions qui accompagneront la filmographie à venir. Encadré par le récit en voix-off de la jeune soeur de Bill, magnifique Richard Gere tout de rage contenue, le cinéaste déroule un nouveau songe autour du thème omniprésent chez Malick du Paradis Perdu, où un couple "en cavale" court à sa perte dans une nature somptueuse mais indifférente aux drames qui s'y jouent. Une histoire de triangle amoureux rapidement transcendée par la beauté fulgurante des images toutes tournées aux heures magiques. Celles de l'aube et du crépuscule, lorsque le ciel est éclairé mais que soleil n'est plus ou pas encore visible.
Dans cette lumière d'"aura" qui a longtemps classé ce film comme " l'un des plus beaux au monde" à l'instar des fascinantes expérimentations formelles de Kubrick sur Barry Lyndon, Malick pose un regard presque "divin" sur ses personnages. Mais celui d'un dieu indifférent, sourd aux injonctions des hommes. Les êtres ici, s'agitent vainement, comme en témoigne la scène grandiose de l'invasion des sauterelles qui, comme dans le récit biblique des sept plaies d'Egypte, précède les ténèbres. L'intrigue importe peu, les dialogues sont rares mais le cinéma triomphe dans ces paysages immenses où la nature ne cesse de rappeler à l'homme l'éphémère et la vanité de son existence. Sur cette trajectoire d'humains condamnés au coeur d'un eden originel, seules les images font sens.
Les Moissons du Ciel signe aussi le chef-d'oeuvre de Nestor Almendros (Oscar de la meilleure photo en 79), chef-opérateur d'Eric Rohmer, Truffaut et Barbet Shroeder. Un puriste de la lumière naturelle limitant au maximum le recours aux éclairages artificiels et secondé par Haskell Wexler qui assura près de la moitié des prises de vue puisque les délais de tournage s'étant considérablement allongés Almendros dû quitter son poste vers son nouveau Rohmer (Perceval le Gallois). Objectifs ultra-sensibles, horaires de prises de vues limitées, les contraintes furent immenses mais le résultat, quarante-cinq ans après, continue d'impressionner. Même si il est possible aujourd'hui d'obtenir toutes les teintes, lumières, ciels et nuages que l'on veut en CGI il se dégage de cette matière filmique en 35 et 70 mm une sensation d'hypnose quasi cosmique. (Je m'emballe toujours un peu, mais c'est un Malick que j'attendais de revoir depuis longtemps, donc je peux y aller franco)
Comme toujours chez Malick, les acteurs ignoraient ce qu'allaient produire les kilomètres de pellicule enregistrés dans cette ambiance de début et de fin du monde. Richard Gere manqua plusieurs fois de quitter le plateau, agacé par l'absence de direction de la part d'un réalisateur-esthète préoccupé avant tout par la composition des ombres lumières et couleurs de ses tableaux. Rapidement le script original fut abandonné et le réalisateur invita ses comédiens à composer l'histoire durant près d'un an que dura ce tournage épique.
On peut mettre en rapport cette distance avec cette histoire de présence divine indifférente évoquée plus haut. Ce n'est pas du mépris pour le jeu d'acteur ou la narration traditionnelle, simplement une hauteur de vue. Recul magistral d'un authentique artiste oeuvrant à son tableau de maître. C'est ce travail de génie travaillant hors sentiers qui permet aux films de Malick d'être plus que des films mais des oeuvres-monde sortant du cadre et destinées à hanter nos mémoires cinéphiles. Comment oublier la vision de cette maison plantée au milieu des champs, aussi magnétique qu'un tableau d'Edward Hopper.
Évidemment, malgré sa palme de la mise en scène à Cannes (le thème musical totalement envoûtant du film, l'Aquarium du Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saens, accompagne toujours la montée des marches) le public ne fut pas franchement au rendez-vous. Le rythme est clairement contemplatif. Le récit digresse, part en fugue, avant d'expédier l'intrigue par ellipses. Les Moissons du Ciel est une oeuvre qui médite. Malick capture, et cette démarche deviendra de plus en plus radicale, ces "moments oubliés" de la narration traditionnelle. Ce temps entre deux actions où les personnages échappent au récit et sont saisis dans leur "vacance". Soyons clair, pour qui aime les histoires bien racontées et les rebondissements, on peut facilement s'emmerder. Pour les rêveurs dans mon genre qui aiment randonner, voire dériver, hors des sentiers battus c'est le paradis. Le réalisme magique de Malick exige un minimum d'abandon et de lâcher-prise.
Mais l'oeuvre est restée et figure aujourd'hui sur la top liste de nombreux réals, acteurs et scénaristes de renom. Elle est également à la source de nombreuses inspirations.
Cette voix-off de fillette encadrant le récit et posant la distance poétique de l'enfance à un récit de désir et de mort fut d'ailleurs brillamment reprise par Jane Campion dans sa magnifique Leçon de Piano. L'ouverture sur un brasier d'usine et la vision lors des scènes de chasse d'une nature édénique au coeur de l'enfer des hommes hantent le Voyage au Bout de l'Enfer de Cimino et cette liberté de narration éblouie par la majesté des espaces sauvages imprime aussi le périple du Chris McCandless de Sean Penn dans son magistral Into the Wild. Oeuvre panthéiste, Et au Milieu Coule une Rivière de Redford s'ouvre également sur une série de photographies en noir et blanc permettant d'enraçiner le cadre de l'intrigue dans son époque.
Autant de clins-d'oeil, échos ou références qui marquent l'importance de ce film dans la "psyché" et l'esthétique du cinéma américain d'avant la grande braderie des studios aux plates-formes (Dans ces hyper-marchés du septième art où tout, du pire au meilleur se retrouve empilé dans les mêmes rayons, l'essentiel devient invisible. Je fais mon vieux con, certes, mais je suis convaincu que surexposition et surproduction nuisent à l'inspiration)
Voilà, si vous n'avez qu'un blu-ray à acheter ces temps-ci, récoltez dans votre panier Les Moissons du Ciel. Je ne fais pas partie de ceux qui le considèrent comme le meilleur film de Terrence Malick, restant pour toujours à genoux devant l'ambition folle de The Tree of Life, mais il condense déjà tous les trésors d'un cinéaste majeur. C'est une rêverie mélancolique absolument unique. Celle d'un poète se refusant à tout compromis pour imposer sa vision. La seule posture qui vaille pour un artiste authentique.
Écoeuré par le système, épuisé par des mois de tournage et de montage, Malick s'éclipsera des plateaux de cinéma pendant près de vingt ans avant de revenir en guerrier hanté et visionnaire pour La Ligne Rouge. Depuis il enchaîne les tournages, entre éblouissements, épiphanies, errances et expérimentations. Une démarche parfois casse-gueule (Song to Song) mais toujours conduite en totale liberté. Raison pour laquelle le "prochain" Malick est toujours une promesse.
Francisco,
L'avis des lecteurs
Fabienne
"... Je viens de l'acheter aussi en BR et de le revoir, dans toute sa magie et son foisonnement de sensations qui élève l'âme...comme toujours chez Malick. On bruisse avec les blés, on se brûle la prunelle avec plaisir, au soleil couchant...et on frémit à la misère sociale d'un Eden où l'asservissement et l'humiliation voilent la beauté du ciel. Un chef-d'oeuvre absolu qui prend son temps pour nous faire admirer une beauté du monde, grâce à une photographie exceptionnelle Chaque plan est un tableau.
Il y a aussi du Steinbeck dans la dénonciation sociale de l'exploitation humaine pour le profit de quelques-uns."
Sofi
" Richard Gere et Sam Shepard dans le soleil couchant, difficile de trouver plus envoûtant "
Thématiques Malick
(en collaboration avec Mister Chat)
Allez, on ne faiblit pas et c'est parti pour un survol hâtif de quelques thèmes majeurs de Maître Malick :
Nature
La nature, chez Malick, est une présence vivante, transcendante, voire divine. Elle incarne à la fois la beauté pure et l’indifférence de l'univers, tout en étant le reflet des états intérieurs des personnages.
Dans The Tree of Life, le dialogue entre l'humanité et la nature est explicitement central.
“The world was so beautiful. I was lost in it. In the world... and in the beauty of the world.” (Jack, The Tree of Life).
Cette citation capture à la fois la fascination de Malick pour la nature et son caractère spirituel. La beauté de la nature est en constante interaction avec l'âme humaine, une beauté qui est à la fois enivrante et fragile.
Temps et mémoire
Les films de Malick abordent souvent le temps de manière fluide, non linéaire. Dans The Tree of Life, le film se déplace entre différentes époques et différentes perspectives de manière presque onirique.
“I gave him life. He gave me the world.” (Jack, The Tree of Life).
Cette phrase évoque la manière dont les personnages se rappellent les événements et les perceptions du passé, et comment ceux-ci façonnent leur relation avec le monde. Le temps est ici circulaire et interconnecté, une mémoire vivante qui échappe à toute structure chronologique stricte.
Dialogue intérieur
L’introspection, la recherche de soi, est au cœur des films de Malick.
Les personnages sont souvent en quête de sens, de rédemption ou de compréhension du monde qui les entoure. Les voix off jouent un rôle central dans l'expression de ces pensées.
“We are all just passing through. This world is not our home.” (Private Witt, The Thin Red Line).
Ainsi s'exprime le sentiment que nous ne faisons qu’effleurer cette vie, que nous ne faisons que passer. Humilité de notre éphémère destinée face à la noble permanence de la nature. C'est un constat récurrent dans ses films, ferment de l’aspect méditatif et existentiel de son œuvre. La conscience de notre finitude nous permet d'épouser l'infini, dans la douleur comme dans la joie d' être au monde.
L'individu et les autres
Les films de Malick plongent au coeur du chaudron bouillonnant des relations humaines, mais elles sont marquées par une forme d’individualisme. Dans Badlands, Days of Heaven, ou même The Thin Red Line, les relations sont complexes et chargées de tensions.
“Sometimes I think the world is an illusion. What are we really living for?” (Kit, Badlands).
Cette citation de Badlands résume l’approche de Malick sur l'individualisme et la quête de sens dans un monde où les relations humaines semblent souvent distantes ou fragiles. Les personnages cherchent à comprendre le monde autour d’eux, mais se heurte à la solitude fondamental de l'être.
Spiritualité et quête de sens
Les questions spirituelles irriguent toute l'œuvre de Malick. Dans The Thin Red Line, la guerre devient une toile de fond pour explorer les concepts de mort, de sacrifice, de salut et de rédemption. La guerre, dans ce film, est également un miroir des conflits intérieurs des personnages.
“I’m here to see the world. To see it through a man’s eyes.” (Private Witt, The Thin Red Line).
Voilà qui souligne l'essence de la quête spirituelle chez Malick : l’idée de comprendre l’existence à travers l’expérience humaine, d’observer et de chercher à comprendre le monde au-delà des apparences superficielles.
Dans The Tree of Life, la dimension spirituelle est encore plus explicite, avec des dialogues métaphysiques sur la vie, l'univers et la création.
“The way of grace. The way of nature.” (Mme O’Brien, The Tree of Life).
Cette dichotomie entre la "grâce" et la "nature" résume parfaitement le thème récurrent chez Malick, où l'on retrouve un dialogue entre la recherche de la divinité, de la sagesse divine et la réalité brute et chaotique de l'existence humaine.
Philo et poésie
Le langage de Malick est empreint d’une grande dimension poétique et philosophique. Ses films ne se contentent pas de raconter des histoires ; ils cherchent à transmettre des réflexions profondes sur l’existence humaine.
“I’m just trying to be, to be what I am, to be free, to find peace.” (Mildred, Days of Heaven).
Ici, la quête de liberté et de paix intérieure est exprimée de manière simple mais poignante, dans la tradition d’une philosophie existentielle. Le personnage cherche à se libérer des contraintes sociales et émotionnelles pour atteindre un état de sérénité.
Le Nouveau Monde
Alors, ça tombe plutôt bien, parce qu'on arrive pile au moment clé de cette humble analyse où il m'apparait incontournable de vous offrir, en plus d'un gros câlin et un bisou, une petite synthèse, justement, des différents courants de pensée auxquels s'abreuve le poète "philosophe" qu'est l'auteur éclairé des Moissons du Ciel et de The Tree of Life:
Romantisme et Nature
Malick s'inspire beaucoup du romantisme, particulièrement dans sa manière de célébrer la nature et d'explorer la relation entre l'homme et le monde naturel. Des philosophes comme Jean-Jacques Rousseau (avec sa vision de l'homme naturel) et Friedrich Schiller (qui met en avant l'harmonie entre l'homme et la nature) sont des figures clés dans ce contexte.
Les films de Malick, comme The Tree of Life ou The New World, montrent une fascination pour la beauté et la majesté de la nature, mais aussi pour le désir humain de comprendre et de s'y connecter. Ce lien à la nature et la quête du sublime trouvent un écho chez des penseurs comme Emmanuel Kant, qui parle de la beauté et de la grandeur, ou William Wordsworth, un poète romantique, qui trouve dans la nature une source d’inspiration et de réflexion philosophique.
Existentialisme
L'œuvre de Malick se caractérise par des interrogations sur la condition humaine, le sens de la vie, et la confrontation avec la mort. L'influence de philosophes existentialistes comme Martin Heidegger et Jean-Paul Sartre est notable. Heidegger, par exemple, explore l'idée de l'être et de la temporalité dans ses écrits, des thèmes présents dans The Tree of Life ou A Hidden Life. L’angoisse existentielle et la recherche de sens dans un monde vaste et insondable sont des préoccupations qui traversent les films de Malick.
Malick s'intéresse également à la notion de destin et de liberté, concepts chers à Sartre, qui croit en l'absurdité du monde et en la liberté humaine de créer du sens, ce qui est évident dans des films comme Days of Heaven et The Thin Red Line.
Christianisme mystique et théologie
Une autre influence majeure dans l'œuvre de Malick est la réflexion religieuse et spirituelle, en particulier le Christianisme dans ses aspects mystiques et existentiels. L'impact de penseurs chrétiens comme Augustin d'Hippone et Blaise Pascalse fait sentir. Le questionnement sur la présence de Dieu, la souffrance humaine, le libre arbitre et la rédemption se manifeste à travers des images et des symboles religieux dans ses films.
Le film The Tree of Life en particulier peut être vu comme une méditation sur la création, la souffrance, le salut et l’éternité, en dialogue avec des conceptions théologiques chrétiennes.
Pragmatisme (parce qu'ainsi va la vie)
Malick semble aussi s'abreuver de la philosophie pragmatique, notamment les idées de William James ou John Dewey, qui s’intéressent à l’expérience vécue et au rapport pratique de l'individu avec le monde. Les personnages de ses films sont souvent engagés dans des quêtes concrètes pour comprendre leur existence et leur place dans un monde vaste et chaotique.
Stoïcisme
Enfin, Malick semble être influencé par des éléments de philosophie stoïcienne, en particulier les idées de Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle, qui abordent la question du contrôle de soi face à l'adversité, de la résilience et de l'acceptation du destin. Cela se retrouve dans des films comme The Thin Red Line, où les soldats font face à des événements tragiques avec une certaine sérénité et une réflexion sur la nature de la guerre et de l'existence humaine.
Philosophie de la Perception et de l'Art
Enfin, Malick semble aussi dialoguer avec des penseurs qui ont réfléchi à la perception, à la subjectivité et à la place de l'art dans la vie humaine. Des figures comme Henri Bergson, avec ses théories sur le temps et l’intuition, et Maurice Merleau-Ponty, qui insiste sur l’expérience incarnée du monde, sont des influences sous-jacentes dans la manière dont Malick filme l'expérience humaine et l'environnement naturel.
En résumé, l'œuvre de Terrence Malick est profondément marquée par des courants philosophiques variés : romantisme, existentialisme, théologie chrétienne, pragmatisme, stoïcisme, et même des influences plus contemporaines sur la perception et la subjectivité. Tout cela se conjugue pour créer des films qui sont non seulement visuellement poétiques, mais aussi profondément méditatifs sur le sens de la vie, de la souffrance, et de la transcendance.
Esthétique
Pour que toutes ces thématiques puissent se déployer avec grâce et naturel les films de Malick trouvent leur respiration dans des mouvements et des compositions de cadre découpés comme autant de tableaux vivants aux heures caressantes du matin ou du soir. Les personnages et décors ne sont plus "éclairés" mais "nimbés" d'une clarté magique. Une forme de mystique de la lumière. Chaque scène semble soigneusement orchestrée pour embrasser la beauté de la lumière naturelle et des paysages. La nature est filmée de manière sacrée, chaque plan cherchant à saisir l’éphémère beauté du monde.
“I could feel the stars and the moon, and the breath of the world... I wanted to stay there forever, in that moment.” (Jack, The Tree of Life).
Malick utilise la lumière et la beauté des paysages pour accentuer la grandeur de l’univers et le ressenti intérieur de ses personnages. Il s'agit souvent d'une fusion entre la beauté externe du monde tangible et les tourments internes de l'âme humaine.
Et pour nous éblouir de toutes ses lumières, le cinéaste s'est toujours entouré de chefs-opérateur de légende :
Histoire de conclure
Après avoir grossièrement synthétisé, résumé et tranché dans le gras, il est tant, pour toutes celles et ceux qui ont trouvé le courage de lire jusqu'ici de conclure. Et de le faire brièvement parce que j'ai déjà bien abusé de votre patience. Après, si vous êtes fan de Malick, vous ne devez pas être du genre agité ou pressé. Mais ce n'est pas une raison pour retarder encore davantage le moment de mettre un terme à ce lourd appendice.
Aussi, je m'exécute :
L'œuvre de Terrence Malick se distingue par sa profondeur philosophique, sa beauté visuelle et sa capacité à explorer les questions de la nature, de la spiritualité, de la guerre, du temps et de l’existence humaine. Ses films sont souvent des méditations poétiques, où les personnages cherchent un sens au-delà des simples événements de l'intrigue. À travers ses dialogues introspectifs et ses images spectaculaires, les films de Malick sont autant d'invitations à une réflexion intime sur la vie, la nature et la transcendance.
Disciple du maître ou jeune explorateur, glissez vous dans son univers.
S'abandonner et se laisser porter, au cinéma, est une expérience nécessaire, totalement indolore, accessible à tous et particulièrement salvatrice pour le salut de nos âmes de poètes. Préservons ainsi ce savant mariage de curiosité pour l'expérience nouvelle et notre aspiration au sensible de l'existence qui dessinent la meilleure part de notre être. Ce fragile territoire intérieur menacé chaque jour par la beaufitude ambiante et le déferlement d'images sans substance.
Thanks Terrence !
Chroniques Malick
1978
1H35
Le Blu-ray Une restauration de premier ordre. excellente gestion du grain pour un respect absolu de la divine patine argentique. Niveau de détail réjouissant. Contrastes et étalonnage des couleurs rendent grâce au travail admirable du légendaire chef-opérateur Nestor Almendros. La lumière, l'espace et la profondeur de champs des tableaux Malickiens retrouvent leur plein éclat et amplitude dans ce surcroit de définition totalement miraculeux. La meilleure copie disponible à ce jour de ce grand film panthéiste annonciateur des chefs-d'oeuvre à venir. (calqué, visiblement, sur le master Criterion)
Director:
Terrence MalickWriter:
Terrence MalickStars:
Richard Gere, Brooke Adams, Sam Shepard | See full cast & crew »
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