LOCKE, pour Spinaltap c'est un peu caca
Drame
Steven Knight
Francisco a aimé LOCKE mais Spinaltap trouvé ça caca. Explications :
Après Quand vient la nuit, Locke est le deuxième film récemment interprété par Tom Hardy en lequel j'avais placé de gros espoirs et qui me laisse… de marbre.
Enfin de marbre non, parce que là pour le coup, ça me met carrément en rogne. Au point de vouloir aussitôt refourguer ce Blu-ray acquis avec un enthousiasme non feint dans une opé "un blu-ray offert pour deux achetés"! Oui, je suis amer! Bon considérons que c'est celui-là qui est offert, même si cela n'atténue pas mon immense déception. Pourtant, j'aime beaucoup Tom Hardy (ma copine aussi d'ailleurs…), c'est une sacrée présence quand même. Du genre à bien occuper le cadre. A laisser peu de place aux autres. Là ça tombe bien vous me direz, y a personne d'autre. Bah oui il est tout seul à l'écran. Mais le problème n'est pas là. Le souci, c'est que… Bon on va pas se mentir hein: que peut la présence d'un acteur, aussi imposante soit-elle, face à l'absence d'un scénariste ?
Alors, le pitch: Ivan Locke, grand contremaître, quitte un chantier titanesque la veille d'une journée importantissime pour ce projet d'une vie, et décide subitement au volant de sa voiture de ne pas rentrer chez lui et rejoindre sa famille pour rouler vers un ailleurs qui va complètement chambouler son existence et celle de son entourage. Idée audacieuse et alléchante qui avait particulièrement attisé ma curiosité. Le problème, c'est que quand on se lance dans cet exercice de style casse-gueule qu'est le huis-clos avec un seul personnage physique, il faut des ressorts dramatiques suffisamment forts pour pouvoir tenir le spectateur en éveil pendant une heure vingt.
Or là, après un début intriguant, les enjeux sont dévoilés très rapidement. Ok pourquoi pas, mais après? Une suite interminable d'appels téléphoniques passés ou reçus, durant lesquels Locke gère calmement les énormes dommages collatéraux d'une décision aussi soudaine qu'invraisemblable. Idée scénaristique archi-répétitive exploitée jusqu'à l'épuisement.
Aucune progression, une tension artificielle mais pas le moindre début de vrai crescendo dramatique, les dialogues se répètent aussi inlassablement que les kilomètres défilent. L'asphalte est avalée dans la nuit à 150km/h mais le film fait du surplace. Ou plutôt tourne en rond, comme si il s'était engagé dans un rond-point sans sortie. Steven Knight, le réalisateur, tente tout pour masquer la vacuité du projet et éviter l'ennui, multipliant les axes de caméra, jouant joliment sur les reflets, effets de transparence, flou/net sur les lumières des phares et des réverbères. Tout cela est très esthétique mais terriblement vain. Quelques voitures de police déboulant toutes sirènes hurlantes essaient même de venir à notre secours et nous sortir de notre torpeur. Mais non, pas là. Parce que, lorsqu'on n'a pas les moyens de ses ambitions, en l'occurrence un scénario qui tient la route derrière une bonne idée de départ, et bien l'ambition se transforme en prétention.
Et la prétention, vaut mieux la laisser au garage.
Parce que c'est aussi assommant que le comportement du personnage, lourdement justifié par les monologues adressés à la banquette arrière qu'il fixe furieusement dans le rétroviseur et sur laquelle est manifestement assis le fantôme du salopard de père auquel il ne veut surtout pas ressembler. Une lourdeur d'écriture passablement pénible, qu'on retrouve jusque dans le nom du personnage, qui est aussi le titre du film.
Oui, on l'a compris: ce type veut clairement "fermer" les plaies d'un passé familial douloureux. Il parvient surtout à "verrouiller" les portes de sa bagnole, ne nous laissant pas monter avec lui pour nous embarquer dans son trip moralisateur, sa froide et inaltérable volonté de vouloir se comporter en homme respectable quitte à tout perdre et à foutre un bordel sans nom autour de lui suscitant beaucoup plus d'irritation que d'empathie. Il a beau verser quelques larmes à la fin, certainement plombé par les ondes bluetooth de ses innombrables conversations téléphoniques, c'est trop tard: il nous avait déjà laissé sur le bas-côté d'un destin dont on se foutait royalement depuis une bonne centaine de bornes.
Spinaltap,
La chronique pour : LOCKE, ben moi j'ai bien aimé
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