LES CHRONIQUES DE FRANCISCO

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO

MONTE WALSH, le dernier cow-boy

Western                                                     Réédition Blu-ray

William A. Fraker

 

****

 

 

 91NgRuTrrDL._AC_SL1500_.jpg


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques mots sur ce beau western mélancolique.
La sortie en Blu-ray de Monte Walsh, dans une copie soigneusement restaurée aux couleurs vibrantes, est l’occasion de vous vanter les mérites de cette tendre balade sur l’automne d’une vie.

Celle d’un cow-boy vieillissant et de son vieux pote, assistant à la fin de leur monde. C’est le moment de l’Histoire où le grand capital commence à foutre des clôtures partout, où le chemin de fer enterre petit à petit, les diligences, les  chariots et les chevaux, et où le job de "garçon-vacher" prend du plomb dans l’aile.
Nous suivons Monte et Chet, deux complices de toujours qui cherchent du boulot, trouvent une place dans un ranch, et dont la première partie du film développe le plaisir du métier : galoper au grand air, capturer les mustangs, s’offrir quelques belles bagarres et se marrer. Mais, rapidement, le crépuscule pointe.

Attention, les puristes : Monte Walsh fait dans le contemplatif.

Ce n’est pas un western qui sort les muscles et fait tonner les colts. Il y a peu d’action, hormis trois ou quatre échanges de coups de feu et une scène de dressage épique.
Je définirais plutôt ce film comme le carnet de bord d’un homme de l’Ouest. Il s’agit plus d’une belle chronique située au cœur des grandes plaines que d’un authentique western.

 

C’est proprement réalisé.

La mise en scène est ample et ponctuée de nobles travellings.

C’est le premier (et le meilleur) film de William A. Fraker en tant que réalisateur. Le type est loin d’être un manchot. Plus connu comme chef-op (il travaillera jusqu’au début des années 2000), le gaillard venait de signer la photographie de Rosemary’s Baby et Bullitt. Ça vous pose un pro. Il s’illustrera plus tard en signant les images du Ciel peut attendreÀ la recherche de Mr Goodbar, ou encore du cultissime TombstoneMonte Walsh est l’œuvre d’un solide artisan.


image-w1280.jpg



Qu’est-ce qui me touche dans ce millésime de 55 ans d’âge au point de prendre le temps d'en faire la chronique ?

Sa mélancolie.

 

Et c’est bien ce qu’il y a de plus marquant au fil de cette partition au plus proche du cœur des hommes, bercée par la musique d’un certain John Barry (Danse avec les loupsOut of Africa). La présence de Jeanne Moreau, défendant magnifiquement ses quelques scènes dans le rôle de la maîtresse de Monte, apporte un généreux supplément d’âme à ce récit émouvant. Elle irradie à chaque apparition.

 

Ce qui fait également de cette œuvre, toute en justesse et humilité, un film précieux pour tous les collectionneurs de raretés du genre, c’est qu’avec le rôle de Monte Walsh, Lee Marvin tient là l’un des rôles les plus tendres et attachantsde sa prestigieuse carrière de dur à cuir. Le film avançant vers le drame, son regard d’homme amoureux dévoile une tristesse qui serre le cœur. Sachant que Marvin appartient à cette catégorie d’acteurs qui n’ont pas besoin d’en faire des caisses pour foutre le feu à l’écran, autant dire qu’ici, il s’impose sans forcer. Quant à son pote, Jack Palance, il a juste à sourire pour exister très fort. Deux grandes et pures gueules de cinoche.


12216_1.jpg


Alors oui, je trouve que Monte Walsh a franchement bien vieilli.

Un demi-siècle après sa sortie, il offre un beau chant du cygne au western « à l’ancienne », défendant l’amitié virile, la loyauté, et une vision plutôt chevaleresque du sentiment amoureux.
Tombé relativement aux oubliettes, il mérite aujourd’hui le détour.
En Amérique, il n’avait pas eu de mal à trouver son public, et s’est même offert un remake télé (2003) avec Tom Selleck et Isabella Rossellini.
Par chez nous, en revanche, les critiques de l’époque – encore sous le choc des brûlantes relectures des mythes de l’Ouest avec La Horde sauvage ou la trilogie du dollar de Sergio Leone – n’avaient pas saisi la pertinence de cette bouffée de nostalgie.

Ouais, ça y est, j’ai trouvé la formule que je cherchais.

Monte Walsh se regarde et s’inspire comme une profonde bouffée de nostalgie. À mon âge, c’est un sentiment qui infuse sans mal.
 
 
 

 

Francisco, 
 
 

 

 

 

 

 

1970

 

1h40

 

Le Blu-ray     La plus belle copie à ce jour. Un niveau de détail réjouissant et des couleurs ravivées. Encore quelques pétouilles et points blancs sur les scènes nocturnes mais le plaisir de redécouvrir cette pépite dans ces conditions est optimal.

 

 

 

 

9862_1.jpg



02/10/2025

A découvrir aussi