THE MONKEY, la grande heure
Horreur Comédie gore Sortie Blu-ray
Osgood Perkins
***
Après l'horrifique et jouissif Longlegs, porté par un Nicolas Cage transfiguré, je me suis forcément jeté sur cette adaptation d'une nouvelle du maître King, autour de la thématique de l'automate maléfique semant la mort autour de ses propriétaires.
Encore une fois, le génial fiston d’Anthony Perkins m’a régalé de son humour macabre, couplé à une exigence esthétique du meilleur goût. Résultat : c’est horrible, c’est drôle, et c’est beau à regarder.
Le chef-op, c’est Nico Aguilar, qui a quand même secondé Rodrigo Prieto sur le monumental Killers of the Flower Moon de Scorsese. Une photographie chaleureuse qui confirme l’envie du réal de conserver les codes visuels du conte pour mieux faire chanter le gore. Mais la magie et l’euphorie de ce spectacle totalement gratuit n’ont opéré, hélas pour moi, que durant une heure.
Une heure franchement virtuose, avec toute une galerie de personnages à la Coen, portés par des acteurs prenant un plaisir fou à lâcher les chiens (les gamins sont extras, et je souligne le caméo d’Osgood Perkins, hilarant dans le rôle de l’oncle Chip), le tout avec un sens de la féerie morbide lançant des clins d'oeil à Spielberg comme à Burton et un petit bisou à Lynch. Les mises à mort sont gores à souhait et souvent tordantes. Bref, j’ai pris un pied adolescent à regarder s’enchaîner les maléfices rigolards de ce grand nom du cinéma de genre.
J’aurais donc mis quatre étoiles si le wagonnet de ce grand huit n’était pas brusquement rentré au garage dans la dernière demi-heure.
Le récit s’envase alors dans une longue, bavarde et sur-explicative confrontation, alors que jusqu’ici le rythme et le sens de l’ellipse faisaient merveille. C’est dommage… mais pas de quoi revendre mon Blu-ray. Parce que c’est quand même un boîtier métal, et que dans les fulgurances de cette comédie horrifique on devine tout un potentiel. Celui des perles à venir dans le riche et foisonnant univers intérieur d’Osgood Perkins. Un créateur à suivre, avec un univers bien à lui.
Bon, soyons bien d'accord, même en l’état, on se tient ici bien au-dessus du tout-venant. La conclusion reprend d’ailleurs de la hauteur pour marquer un point final plein de promesses. Je ne puis donc que vous conseiller de jeter un œil là-dessus, si comme moi vous goûtez au plaisir régressif de la boucherie foraine. Si ça se trouve, j’étais juste fatigué… et je réévaluerai ce dernier tiers dès la prochaine revoyure.
Rappelons, pour conclure et vous inciter à vous pencher de temps en temps vers l’abîme, que nombre de pointures du septième art sont sorties du chaudron de l’horreur. De Cronenberg à Del Toro, en passant par De Palma, Argento, Carpenter, jusqu’à la nouvelle et passionnante génération de petits génies comme Ari Aster ou Jordan Peele. Et que dire, cocorico, des féroces réalisatrices françaises Julia Ducournau et Coralie Fargeat, et de leur poésie du gore transcendant leurs fables délicieusement déviantes, Titane et The Substance. Évoquons aussi le sens de l’emprise horrifique hantant quasiment toute l’œuvre de David Lynch.
Oui, même en période de crise, où le grand spectacle populaire s’humilie et agonise de servilité au fan-service, le cinéma de genre reste le plus fertile des terreaux.
N’oublions jamais que là où il y a du sang, il y a de la vie.
Francisco,
2025
1h30
Le Blu-ray Une image chaude et enveloppante