THE VISIT, Shyamalan bouge encore!
Épouvante Week-end trash chez Papi et Mamie
M. Night Shyamalan
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C'est fou.
J'avais comme une légère réticence à acheter The Visit, le dernier Shyamalan, un peu flippé par ses derniers films étrangement ratés. Et finalement, j'ai profité d'une petite opé 2-Blu-ray-achetés-un-offert pour le boulotter. Because, Shyamalan.
Quant, à moins de trente-cinq ans, on a signé Sixième Sens, Incassable, Signes, Le Village c'est que l'on possède cet atout essentiel (aujourd'hui souvent négligé mais ô combien précieux) : L'intelligence. Voir même, une bonne dose de génie. Pour le moins, une aisance à jongler avec les codes du spectacle propres au grands maîtres comme Hitchcock ou Spielberg. Bref, une façon de raconter une histoire qui marque son temps.
Il y aura pour toujours un avant et un après Sixième Sens.
Rebelote avec Incassable.
Alors certes, ses derniers films étaient moins convaincants mais tout le monde a droit à sa traversée du désert. Ici, Night est clairement revenu dans la lumière. Par la petite porte mais une petite porte que vous franchirez comme une Alice invitée au pays des cauchemars.
The Visit c'est la petite virée définitive chez Papi et Mamie. Dans la catégorie "séjour à haut-risque" ils gèrent l'accueil les deux petits vieux. Je ne vais rien spoiler, ce serait immonde. Juste vous raconter qu'il s'agit d'un home-footage.
Les jeunes Becca et Tyler se rendent chez leurs grands-parents qu'ils n'ont encore jamais vu, rapport aux rapports ultra-conflictuels de ceux-ci avec leur mère. Ils décident d'en faire un documentaire. Nous allons donc voir tout ce qu'ils filment en même temps qu'eux et ce procédé (pourtant éculé dans le cinéma d'horreur actuel) va fonctionner à plein régime pendant 1h30. Non seulement pour son côté totalement immersif mais également pour l'attachement particulier qu'il instaure entre le spectateur et les deux enfants du film. La fraîcheur et la spontanéité qui se dégagent de leur manière de filmer engagent une adhésion immédiate. Et puis il y a un gros effet spécial. Si Sixième Sens avait révélé le jeune Haley Joel Osment, vous allez faire connaissance ici avec un môme absolument irrésistible et délirant : Ed Oxenbould !
À quatorze ans, Ed crève l'écran.
Bouille malicieuse et regard pétillant, il rappe, balance des vannes de première catégorie et illumine le film d'un bout à l'autre. Il est l'oxygène du film. Sa soeur fait très bien le job mais il reste la révélation. C'est la première fois qu'un film d'angoisse me fait passer aussi rapidement du rire aux frissons, et ce miracle repose non seulement sur un script à l'efficacité redoutable mais également sur l'hilarante prestation de cette future star.
Côté trouille on trouve face aux jeunes le grand-père, bien inquiétant, et surtout la grand-mère ! Là encore, deuxième gros effet spécial du film. Deanna Dunnagan !
À soixante-quinze ans cette grande actrice venue de la télévision va vous transformer en petit chaperon rouge. Elle va vous manger tout cru! Une de ses scènes culte : Une partie de cache-cache sous la maison qui (à mon avis) restera dans les annales...
Deux mots concernant la mise en scène.
Les deux enfants du film ayant le bon goût de tourner "leur documentaire sur Papi et Mamie" avec le Canon EOS C300, le résultat garanti une finesse, un piqué et un niveau de détail dans l'image particulièrement saillants. Le cadrage, parfois clairement décentré, joue avec une intelligence rare sur l'amateurisme de nos apprentis metteur-en-scène (et limite, notamment, le recours à l'insupportable "shaky-cam") Même faussement "mal-cadré" aucun détail essentiel ne manque à l'appel. Toutes les informations dont le spectateur a besoin sont dans le plan. "Une approximation parfaitement composée" à laquelle s'ajoutent le travail exemplaire conduit sur la lumière et le décor.
Nous sommes bien là chez un grand cinéaste.
Un travail et un regard fascinants sur la vision subjective qui mériterait d'être étudié dans toute bonne école de cinoche tant ils résultent d'une totale maîtrise de l'art. Une démarche qui symbolise également ce retour à l'enfance de l'art dont avait tant besoin le grand M. Night Shyamalan.
En choisissant de faire son come-back via la catégorie la plus humble du genre horrifique (le Found ou le Home-Footage) Night vient de signer son meilleur film en 12 ans. Il s'apprête à tourner Glass, la suite d'Incassable et Labor of Love avec, toujours, l'acteur de ses deux premiers chef-d'oeuvre : Bruce Willis ! Un retour sur le devant de la scène s'annonce pour l'unn comme pour l'autre! L'orfèvre du film de trouille qu'il fut au début des années 2000 n'a pas disparu. The Visit le clame haut et fort. Allez vite rendre visite à Papi et Mamie, c'est un séjour que vous ne regretterez pas !
Francisco,
Night's
2015
1H35
Le Blu-ray Les deux enfants du film ayant le bon goût de tourner "leur documentaire sur Papi et Mamie" avec le Canon EOS C300, le résultat garanti une finesse, un piqué et un niveau de détail dans l'image qui rend honneur au format Blu-ray. Même sur les plus grandes diagonales d'écran le résultat assure le show. Le cadrage, parfois clairement décentré, joue avec une intelligence rare sur l'amateurisme de nos apprentis metteur-en-scène (et limite, notamment, le recours à l'insupportable "shaky-cam") Le travail sur la lumière et le décor confirment que nous sommes bien là chez un grand cinéaste.