EQUALIZER 2, c'est Denzel quand même
Action
Antoine Fuqua
***
Denzel qui se repointe c'est toujours une bonne nouvelle. Quand on aime, comme moi les films de gars.
Comme le dit si bien une des filles de l'équipe dans les bonus " Un bol de pop-corn et un film avec Denzel et je suis sûre de passer un bon moment" Voilà, tout est dit. C'est un peu comme un polar un peu neuneu mais avec Liam Neeson dedans. L'élégance et la pâte humaine du bonhomme suffisent à couvrir la fadeur du navet. C'est un peu comme se cogner un plat Vegan avec, tout à coup le cuisinier qui débarquerait en me disant "Tenez, je me permet de vous rajouter un peu de boeuf bourguignon". La définition d'un authentique sauveur.
Avec Denzel c'est pareil. On suivrait le bonhomme même dans ses démarches administratives. Voilà pourquoi je suis allé jusqu'à acheter le 2 en Blu-ray dès sa sortie. (dans 3 mois il sera à moitié prix mais je m'en fout royalement, Denzel est un pote)
C'est quoi le thème central?
Ici les malfaisants commettent l'erreur atomique de s'en prendre à la seule amie proche de Robert McCall (ouais, je sais c'est pas crédible) autant dire que ça va chier.
Le seul soucis est que, même si les scènes de bastons sont toujours aussi royalement découpées, emballées et totalement jouissives Antoine Fuqua a accepté de laisser dans le scénario une nouvelle histoire de rédemption d'un jeune prêt à basculer du côté obscur des mauvaises fréquentation. Ce qui devait, alors, étoffer l'intrigue et le personnage (dont je n'ai jamais douté de la profonde humanité) à tendance, hélas, à flinguer les abdos du scénario qui se retrouve alors avec un vilain petit ventre mou.
Dans le 1, sauver la jeune prostituée constituait l'enjeu principal de la fâcherie globale. Ici, c'est une intrigue que je trouve maladroitement scotchée. Le message de " Tu as un vrai talent, gamin, ne le gaspille pas en choisissant de devenir un tueur ou un dealer, saisit ta chance !"est un message parfaitement louable. Le problème est qu'il vient se garer avec la discrétion d'un semi-remorque au beau milieu de l'histoire.
L'autre complément alimentaire un peu lourdingue est ce clin d'oeil au passé de Robert. Alors que le sous-entendu était largement suffisant dans le premier opus. On nous fait cette fois-ci bien comprendre qu'il aurait appartenu un peu comme Jason Bourne, à toute une organisation (je ne veux pas trop spoiler) qui aurait à voir avec les armes, le combat, le gouvernement et des missions un peu partout genre Afghanistan, par exemple.
Ouais je suis désolé de vous confirmer cette info de première bourre aussi brutalement.
Pour tous ceux qui s'imaginait que L'Equalizer aurait peut-être travaillé au service des impôts ou fabriquait des filets dans un joli petit port de pêche la révélation sera de taille. Ce que le personnage conservait de mystère est ici bien éventé. C'est le truc qui fait que ce deuxième opus avance d'une manière moins résolue que le premier. Il a le défaut de se fixer aux pieds des clichés aussi lourds que des blindés chenillés à tourelle.
Donc, la question se pose :
Est-ce que je regrette mon achat?
Et bien je vais vous faire marrer, mais non. Because, comme je l'écrivais plus haut, l'action ne déçoit pas. Le royal personnage de la bonne vieille copine, interprété avec caractère par Melissa Leo, a même droit à une scène de fight bien badass. Si ma femme savait se défendre comme ça je serais très inquiet pour tous les connards qui lui brûlent la priorité lorsqu'elle est à vélo. Et le tout n'est pas filmé par un manchot. Visuellement Fuqua maitrise. On est pas dans de la série Z filmé à la GoPro avec apparition de Van Damme ou Dolph Lundgren sur fond de musique synthétique. Le final westernien, au coeur d'une tempête d'envergure Wagnérienne, a vraiment de la gueule. Parce que justement Equalizer ne se fout pas de la gueule du spectateur. On sent bien, surtout dans les bonus, que toute l'équipe du film a souhaité nous préparer un bon petit plat. C'est assez touchant, d'ailleurs.
Et puis voilà, au milieu de tout ça, trône Denzel.
Non seulement il n'en finit pas d'être classe mais il se bonifie avec l'âge. Sa présence olympique, les infinies nuances de son jeu et son sourire solaire irradient chaque scène. Il est comme ça Denzel. Même le lendemain d'avoir découvert Roma d'Alfonso Cuaron, il me donne envie de me cogner un film de gars au scénario bedonnant et de passer un bon moment.
Ok, lorsque je suis passé en caisse, avec mon Blu-ray (même pas en steelbook) de Equalizer 2, non seulement je planquais le titre avec ma main mais, en plus, je savais déjà que, au final, ma chronique ne serait pas objective. C'est ma grande faiblesse. Dans ce monde cruel et violent, Denzel Washington me fait croire en la justice pour les plus démunis. Et puis un héros qui bouquine du Proust, franchement, c'est le contraire d'un bourrin. C'est pas rien, quand même, Proust. C'est la preuve qu'on a pas perdu son temps.
Francisco,
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Chroniques Denzel
2018
2H