BELGICA, c'est bon mais c'est long.
Drame
Felix Van Groeningen
***
Logique.
Adorateur bouleversifié d’Alabama Monroe, c'est tout naturellement que j'ai laissé atterrir devant mes yeux ravis le nouvel obus de Felix Van Groeningen. Si le résultat a d'abord été explosif l'incendie a finalement été circonscrit. Je m'explique.
J'ai trouvé totalement prodigieux les trois premiers quart d'heure de cette histoire de frangins transformant un petit bar à la cool en phare incontournable des nuits belges. Un crescendo fabuleux, parfaitement cadencé jusqu'à l'apothéose, l'explosion, The Big Bang : La magistrale séquence d'inauguration du nouveau Belgica version Arche de Noé des princes et princesses de la nuit. Une séquence de malade, montée et mixée avec une virtuosité folle sur le rythme d'une techno-fanfare totalement trippante. On touche à cet instant à un de ces rares et précieux satori cinématographique qui n'embrase le cinoche qu'une ou deux fois l'an. Le coeur du film explose avec une puissance terrassante...
L'étourdissement s'est arrêté là.
L'heure et quart suivante déroule d'une manière totalement prévisible et insistante, voir complaisante, la descente dans le sexe et la poudre du "lost-in-space" brother. J'ai quand même l'impression que l'on me rejoue plusieurs fois la même scène. Et Dieu sait si le genre de la" Stup-dégringolade" est un terrain de jeu qui place instantanément la barre très très haute. Il faut y aller pour rivaliser avec des mecs comme Scorsese, Schatzberg, Aronofsky, Boyle et j'en passe... J'ai donc assisté avec une forme d'ennui poli à la désagrégation du bonhomme. Même si, soyons d'accord, l'acteur Tom Vermeir joue sa partition avec autant de conviction et d'entrain qu'un Bobby Cannavale dans Vinyl (série admirablement chroniquée par Spinaltap sur ce blog). D'ailleurs, côté acteurs rien à redire. On y est. Tous crédibles.
À présent, la mesure.
Ce cinéma venu des Flandres a quand même le don pour faire dans le social-poétique qui sonne juste et vrai. Belgica, c'est du Ken Loach rock'n roll mis en scène par un fuckin'good magicien. Parce que si la deuxième moitié du film prend du bide l'ensemble est, sur la forme, magistralement mis en scène et magnifiquement photographié. Le chef-op Ruben Impens, déjà à l'oeuvre sur Alabama Monroe et La merditude des choses, nous enveloppe et nous envoûte dans les images chaudes aux ombres profondes du Belgica pour mieux nous laisser à poil et grelottant sur les séquences de jour ou s'insinue la froideur bleutée et pluvieuse d'un quotidien glaçant.
Voilà, Belgica reste quand même pour moi un grand moment de cinéma mais si on me filait une bonne paire de ciseaux je t''enlèverais vingt bonnes minutes à la deuxième moitié du film. C'est sûrement très con et odieux, je sais, mais j'ai pas honte. Parce que ce n'est que mon humble avis et qu'une bonne heure trente de cette histoire d'amours blessés, gorgée de musique, de sexe et de lignes blanches sniffées avec fureur, tiennent pour moi du chef-d'oeuvre. Ce qui mettra tout le monde d'accord c'est que ce nouveau film de Felix Van Groeningen se clôt de manière absolument somptueuse. En quelques plans à la symbolique déchirante Groeningen résume l'irréparable déchirure. Quand nos blessures laisse la vie hors de portée.
La signature reste celle d'un grand cinéaste.
Francisco,
2016
2H05
L'image Pas étonnant que tout soit au vert sur le tests du blu-ray. La VOD délivre déjà une image impériale. C'est beau, c'est chaud, c'est détaillé. Une image puissante. Du cinoche couillu avec de la matière. L'anti-lisse mais glorieusement défendu en HD.
Réal:
Scénar:
Arne Sierens, Felix van Groeningen
Acteurs:
Stef Aerts, Tom Vermeir, Stefaan De Winter | See full cast & crew »