THE GRAND BUDAPEST HOTEL, Melancholic Circus
Fantaisie épique
Wes Anderson
*****
- To be frank, I think his world had vanished long before he ever entered it - but, I will say: he certainly sustained the illusion with a marvelous grace
Ma friandise.
Toute la féérique mélancolie du magicien Wes Anderson ici à son zénith.
Le joyeux noël des cinéphiles. Une somptueuse fantaisie dans les ombre de la grande Histoire, se moquant avec grâce des plus vils penchants de l'âme humaine. Un récit gigogne déroulée sur tapis rouge et habitée par une galerie de personnages irrésistibles. Une cavalcade loufoque et totalement débridée dans le sillage et la mémoire de Zero Mustafa, lobby boy entièrement dévoué à son maître : Le légendaire Monsieur Gustave, concierge en chef du somptueux Grand Budapest Hotel !
Si l'inspiration revendiquée par le cinéaste évoque l'oeuvre de l'auteur Hongrois Stefan Zweig c'est avec humour et sur la nostalgie d'un âge d'or de l'Europe. Celui d'avant les "invasions barbares". La faillite et le désordre moral qui s'ensuivirent sont évoqués à travers le personnage de Monsieur Gustave dont l'élégance et la noblesse de coeur traversent avec féérie cette sombre histoire de crime et d'héritage.
C'est toute la folle élégance de cette comédie. On y trouve, au-delà de la nostalgie et du cauchemar de la guerrre qui s'annonce, un formidable élan. Une volonté d'honorer tous les arts de l'image. Au delà du socle littéraire, dans l'écriture comme dans la forme, ce conte est porté par l'esprit de Chaplin, Mack Sennett ou Buster Keaton sur une trame à la Tintin.
Comme dans les précédents film d'Anderson, on retrouve ce luxe inouïe de détails dans les costumes et décors et le coté millimétré de la mise en scène. Une précision d'horloger et un savoir-faire d'orfèvre. Toute la magie d'un cinéma d'artisan et de bricoleur de génie s'exprime ici. On regarde tout cela le sourire aux lèvres, avec les yeux d'un môme explorant une gigantesque maison de poupée.
En poussant les portes de l'hôtel, les acteurs rejoignent un univers auquel il s'abandonnent totalement. Dans les cadres savamment élaborés de l'alchimiste Anderson, ils deviennent de véritables figures iconiques, dessinées comme les personnages d'un film d'animation. Un art qui passionne le réalisateur (je garde un souvenir ému de son Fantastic Mr Fox)
Autant de mécanismes qui pourraient figer l'ensemble mais ici la magie opère. Car la maîtrise de l'art est absolue. Rien n'est laissé au hasard. Une exigence formelle chez ce passionnant cinéaste qui tutoie les sommets depuis La Vie Aquatique, en passant par The Darjeeling Limited jusqu'au précédent Moonrise Kingdom. Un soin du détail qu'on ne retrouve, à ce degré de maniaquerie, que dans le cinéma de Kubrick. Musique (de Strauss à Vivaldi en passant par le Russian Folk Orchestra) décors et paysages peints, luxe des costumes et ballet de couleurs, accompagnent cette délicieuse sensation d'une ode à l'illusion. Et que dire de l'hôtel. Un espace fascinant, entièrement reconstitué par la production sous l'immense verrière d'un ancien grand magasin de la Belle Époque. Du faste exhubérant des années trente au décor et couleurs surannées de la fin des années 60, l'hôtel brille puis s'efface doucement, comme disparait le monde et les histoires qu'il abrite.
Pour voyager dans le temps, The Grand Budapest Hotel se déroule comme une fête du 7ème Art. De la couleur au noir et blanc, du format 4/3 des années trente au 1.85 des années 60 jusqu'au scope des années 60, ce voyage totalement féérique met à profit toutes les techniques à l'oeuvre sur un siècle d'histoire du cinéma. L'oeil y plonge avec délice. On regarde défiler tout cela avec l'enthousiasme des premiers spectateurs des lanternes magiques.
Règnent sur cette fantaisie exigence et amour de l'art.
Parlons un peu du casting. Avec les années, Wes Anderson s'est constitué une véritable famille. Qui d'autre aujourd'hui pourrait assembler une telle distribution?
Autour du grand Ralph Fiennes et du jeune Tony Revolori vous retrouverez, pour de savoureux seconds rôles et caméos, les fidèles Bill Murray, Owen Wilson, Jason Schwartzman et Edward Norton. Les ont rejoint dans la danse, et au tarif syndical, de grandes pointures comme Tilda Swinton, Willem Dafoe, Saoirse Ronan, Adrien Brody, Jeff Goldblum, Jude Law, Harvey Keitel et le magnétique F Murray Abraham. Soulignons la présence des frenchy Mathieu Amalric et l'incontournable Léa Seydoux. Tous ont l'air ravis d'être là. Une affiche qui en dit long sur le pouvoir d'attraction du "marionnettiste" de génie qu'est aujourd'hui The Grand Wes Anderson.
Francisco,
Maître de l'univers
Anderson & Kubrick : The Grand Overlook Hotel
Steve Ramsden Unexplored Films
The Beauty Of
Chroniques Anderson
2014
1H40
Le Blu-ray Pas un détail des fabuleux décors et costumes n'échappe au regard. Un pur enchantement.