WAVES, so much love to share
Drame
Trey Edward Shults
*****
Je me souviens avoir vu passer la bande annonce, il y a trois ans.
Elle m'avait visuellement bien accroché. Puis j'ai oublié.
Par là-dessus, un petit épisode Covid de deux longues années et si Netflix n'avait pas délivré ces jours-ci ce bijou sur ma page d'accueil je serais définitivement passé à côté. Et ça aurait été bien dommage. Parce que ce sont les yeux encore embués que je me jette sur mon blog simplement pour vous inviter à découvrir cette pépite d'écriture, mise en scène, photographie, interprétation et montage sur une partition electromantique des brillants et "Fincheriens" Trent Reznor & Atticus Ross.
Bref, nous avons droit ici au full-package narratif, visuel et sonore au service d'un drame familial embrassant tout de la vie. Joies, drames, deuil, désespoir, amour, pardon et résilience.
Le tout avec une profonde tendresse.
Le jeune et brillant scénariste et metteur en scène Trey Edward Shults, dont je découvre ici l'éclat du talent, affirme ici pour son troisième long-métrage, un sens du récit et du montage imparables.
Divinement photographiée par Drew Daniels (on retrouve les codes et la patine de la magnétique et novatrice série Euphoria sur laquelle cet artiste a travaillé sur deux des plus beaux épisodes) sa mise en scène sait autant jouer l'ivresse et le mouvement que revenir à l'art précis du plan fixe et champ-contrechamp lorsque le récit l'impose. Auquel s'ajoute un jeu subtil des différents formats du scope au format carré suivant l'oppression ambiante.
Nous ne sommes jamais dans l'esbroufe ou l'épate mais bien dans un découpage d'une profonde intelligence. La pertinence règne et la sensibilité triomphe. Une exigence rare qui réveille le cinévore gâvé par l'offre pléthorique des plateformes que je suis devenu. La preuve, cette séance de grand cinoche sur canapé m'a incité à reprendre la plume.
La forme et le fond ...
Et pour achever de nous embarquer sur ces "vagues" d'émotions : un casting épatant ! Des parents aux ados éprouvés, tous les acteurs et actrices tiennent nos petits coeurs sensibles entre leurs mains et savent les déchirer doucement. Et ce tout au long du film. Pas de monstres ou de saints. Rien que des humains.
Mentions spéciales aux deux principaux acteurs jouant le frère et la soeur. Kelvin Harrison Jr, vu dans Assassination Nation, Elvis, Les Sept de Chicago et Taylor Russell que je retrouverai, intense, aux côtés de Thimothée Chalamet dans Bones and All. Leurs visages d'anges blessés resteront longtemps gravés en vous.
Quel plaisir de retrouver un jeu débarrassé de tout cabotinage, imitiation ou minauderie. Rien ici de ces tics de jeu polluant souvent les interprétations d'une toute nouvelle génération élevée aux séries et télé-réalités. Bidonnages du réel instituant des codes d'expressions et attitudes définitivement faussés, bridant la vérité des êtres et plus souvent ridicules et saoulants qu'efficaces. Ici, chaque scène sonne juste et frappe où il faut.
Trey Edward Shults est un grand directeur d'acteur. L'art de la sobriété et de la retenue au service de l'émotion vraie. Quand les visages se déforment c'est que la tragédie l'impose.
Des rires aux larmes, du frénétique à l'intime, de l'intense et vibrant aux silences de l'agonie, Waves nous fait chavirer avec virtuosité. 2h15 d'une symphonie dédiée à la fragilité de nos existences. Encore un titre en or au catalogue de la bienfaitrice société de production A24. Temple des meilleurs films indé américains de ces dernières années.
Laissez ce drame aussi bouleversant que consolateur entrer et se déployer sur vos écrans, vous ne le regretterez pas.
Francisco,
2019
2h15
Directed by
Trey Edward Shults |
Writing Credits
Trey Edward Shults | ... | (written by) |
Cast (in credits order) complete, awaiting verification
Taylor Russell | ... | Emily | |
Kelvin Harrison Jr. | ... | Tyler | |
Alexa Demie | ... | Alexis |