LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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ZODIAC, Fincher aux sources du mal

Everest du Polar                                                                

David Fincher 

***** 



 

 

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Polar parfait pour une enquête désespérément inaboutie.

Brillantissime paradoxe et tour de force scénaristique, rendre passionnant un parcours déceptif, l'oeuvre s'affirme aujourd'hui comme un film monumental. Une autopsie ultra-documentée et rigoureuse d'une affaire toujours en cours. Le Zodiac.

Une voix qui terrorisa la Californie des années soixante et soixante dix en s'attribuant près de quarante crimes. Panique que le tueur alimenta généreusement en adressant plusieurs lettres aux journaux locaux. Cette mystérieuse figure de l'histoire criminelle des États Unis inspira de nombreux films et personnages dont le terrifiant Scorpio dans l'Inspecteur Harry ( une séquence au coeur de Zodiac y fait directement allusion)

 

Le scénario de James Vanderbilt s'appuie sur les livres que consacra Robert Graysmith à cette affaire. Un auteur qui était caricaturiste au San Francisco Chronicle à l'époque ou les lettres du tueur parvinrent à sa rédaction. Le film suit le fil de son obsession dévorante pour cette affaire, puisqu'il consacra le reste de sa vie à tenter de démasquer le mystérieux tueur en série. Un rôle brillamment défendu par Jake Gyllenhaal (à 27 ans, l'acteur avait déjà donné la pleine mesure de son talent dans Donnie Darko, Brokeback Mountain et JarheadÀ ses côtés, Robert Downey Junior impose sa charismatique décontraction avec élégance tandis que le reste de la distribution s'abandonne totalement à l'impériale direction artistique d'un réalisateur en pleine possession de ses moyens.

 

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12 ans après Se7en, film instantanément culte et maître-étalon du Serial Polar, David Fincher nous livre donc ici son pendant presque contemplatif. Les deux principales scènes de crime, l'ouverture et la séquence au bord du lac, sont d'une beauté plastique sidérante et se déroulent au rythme d'une marche funèbre. Zodiac avance comme un tueur. Méthodique, appliqué et, au final, implacable. Après l'effroi, la terreur et le final traumatisant d'un opéra macabre et virtuose sur le thème des sept péchés capitaux orchestré par une ombre effrayante et omnipotente, voici le traitement réaliste et à la précision quasi encyclopédique d'une authentique affaire criminelle sur une figure définitivement anonyme.

 

Zodiac impressionne par la rigueur absolue de sa mise en scène et le soin extrême accordé à sa direction artistique. Décors, costumes, accessoires, B.O, le voyage dans le temps s'effectue en première classe. Cadres au cordeau, photographie somptueuse du grand Harris Savides (The Game, The Yards, Gerry) ce nouveau chef-d'oeuvre de maître Fincher s'apprécie encore plus aujourd'hui (presque dix ans après). Après la sombre parabole universelle et atemporelle voici la reconstitution minutieuse, ou chaque crime est reproduit de la manière la plus conforme aux faits d'origine. Tous les éléments s'accordent ici à la perfection. Une absence totale de fausse notes qui étonna même les témoins privilégiés de ce terrible échec judiciaire. L'inspecteur David Toschi (interprété par Mark Ruffalo) chargé à l'époque de démasquer le Zodiac, s'étonna même de découvrir grâce au film certains détails de l'enquête qui lui avaient échappés. Ce n'est pas surprenant. Fincher, réalisateur obsessionnel (selon ses plus proches collaborateurs) ne laisse rien au hasard. Une exigence qui répond totalement à celle du personnage principal. C'est le mariage parfait du créateur à son modèle. Ferment du chef d'oeuvre.

 

Premier film intégralement tourné sur support numérique, les effets visuels permirent à Fincher de retravailler plus aisément ses images de manière à reproduire les décors tels qu'ils étaient à l'époque des faits. Ce travail d'horloger est payant. Compte-tenu de la piètre qualité de ce qui sort actuellement au cinéma dans ce domaine, revoir Zodiac nous fait goûter au caviar du polar.  D'ailleurs, on ne va pas plus longtemps tourner autour du pot. Ce qui s'affiche à l'écran tutoie la perfection.

 

 

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Si, à l'époque de sa sortie, le rythme du film et son refus du spectaculaire pouvaient décontenancer tous ceux qui attendaient un Se7en 2, le voici aujourd'hui drapé de la luxueuse patine des plus grands classiques et diffusant cette étrange aura propre aux oeuvres de maîtres.

 

Au cours de l'enquête le monde change... Au coeur du film, dans la director's cut, sur fond noir, résonnent les sons de la radio. Échos du Watergate,  de la guerre du Vietnam, et du fantôme de Charles Manson. Zodiac nous fait ainsi basculer de l'élan des Sixties et son American Dream clignotant comme un sapin de noël, à l'ère du doute et de la grande parano... 2500 suspects interrogés par la police. Robert Graysmith n'en retiendra qu'un au final. Le film apporte ainsi une forme de réponse à l'énigme. Mais ne nous y trompons pas. La fin laisse un grand vide. Celui de toutes ces vies perdues. Celles des victimes comme celles de ceux qui ont cherché à connaitre la vérité sans jamais obtenir de réponses. Ainsi s'enchaînent Les plus grands films de maître Fincher. Comme autant de suppliques. Toiles d'un monde confronté à l'indéchiffrable. Quête de sens éperdue, aux portes du chaos .

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

Alternatif trailer                                                                                        

 

 

Entropie 

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Chroniques  Fincher 

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2007

 

2H40

 

 

Le Blu-ray                    top démo des débuts du Blu-ray, ce transfert Blu-ray a encore fière allure. Premier film de maître Fincher entièrement tourné sur support numérique, le grain se fait oublier et affiche un piqué et un niveau de détail le plus souvent olympique. Une once de macro-blocking sur deux-trois scènes sombres vient jouer les troubles-fêtes dans un ensemble tutoyant la perfection. 

 

 

 

Director:

Writers:

(screenplay), (book)
 
 
 
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17/06/2016
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