CARTEL, l'incompris de Sir Ridley
Polar nihiliste
Ridley Scott
*****
Visconti se serait régalé.
Voici Les Damnés, version 2013. Avec sa version longue encore plus noire. Le chef d'oeuvre maudit de Sir Ridley Scott. Oui, vous avez bien lu. Je parle bien de chef-d'oeuvre concernant un film défoncé quasi unanimement par la critique, divers blogs peuplés de petits esprits bien étroits, confortablement vautrés dans le prêt-à-penser, et une bonne partie du public. J'aime Cartel et je vous emmerde.
Voici donc ce que j'y ai trouvé, bande de nains.
Dialogues affutés, souvent féroces et saignants. Rares mais tétanisantes explosions de violence. Un jeu d'acteur à faire chialer nos stars hexagonales. Gigantesque Cameron Diaz. Grotesque, intense et pathétique Javier Bardem.
Voici une lente descente aux enfers tournée avec une précision diabolique et portée par un scénario signé de l'immense auteur américain Cormac Mc Carthy (La Route, No country for Old Men). Peintre redoutable et furieux, attaché à dépeindre la cruauté du genre humain et l'absurdité de nos misérables conditions.
Bienvenue ici au bal macabres des losers les plus avides. Entrez dans ce néo-Fargo écrasé de soleil et au scénar roulé dans la coke et le meurtre sauvage. Un brûlot nihiliste exposé à tous ceux qui s'attendait au énième polar glamour bien dans ses chaussons et devront déguster à la place, et à la petite cuillère, une longue et vénéneuse leçon de ténèbres.
Un univers où, tandis que les cadavres se dissolvent dans l'acide, chaque personnage se débat vainement, prisonnier de ses pulsions et obsessions. Supplique inoubliable d'un avocat perdu implorant qu'on lui rende son amour et contraint de subir une terrifiante leçon de vie et de mort d'un parrain de la drogue philosophe citant Machado.
Bal des Maudits tétanisant, virant parfois à la farce grotesque, Cartel filera au cinéphile une saine nausée. Parce que Ridley Scott est grand lorsqu'il est en colère. N'en déplaise aux critiques bien-pensantes qui n'ont pas réussi à trouver la case ou ranger ce métrage déroulé au fil barbelé. Un film-monstre, habité du silencieux hurlement des damnés. La formule "Y A PAS D'ISSUE !" a trouvé là une solide illustration. Et ce miracle, ce blockbuster tordu et rageur, délicieusement inconfortable, s'appelle...
CARTEL !
Francisco,
Inside
L'avis de Spinaltap
"Un diamant brut de noirceur. Un homme "dépassé par les évènements" est un postulat de départ de nombreux films, mais jamais cette expression n'aura été illustrée d'une façon aussi radicale au cinéma. Comme un pavé de nihilisme jeté en pleine face."
2013
2H18 Version Longue 1h57 Version ciné
Le Blu-ray HD au rasoir. Couleurs, matière, détails, contrastes. C'est tout simplement spectaculaire. Un avant-goùt d' UHD ?