CLOUD ATLAS, saluer l'ambition

Conte SF Fantastique

Tom Tykwer & Lilly Wachowski

***

Si je puis me permettre...

juste avant de saluer l'ambition de ce "Film-Monde", je me débarrasse du seul point qui m'a franchement contrarié: les maquillages...

Sérieux, comment les réalisateurs ont pu tolérer ces visages retravaillés à la truelle? Heureusement l'humour qui plane tout au long du métrage permet de placer ces incroyables négligences sur le compte de l'enthousiasme ambiant.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit ici. Un film "en liberté'. Grandiose, loufoque, débordant d'inventivité, jouissif, drôle, dense, barge, jubilatoire et farceur où l'ivresse de raconter et de filmer est palpable à chaque plan. Je me suis régalé, même si, à ce banquet, tout n'est forcément digeste. Cloud Atlas c'est sympa mais on ne va pas parler de chef-d'oeuvre.

Mélant six histoires, six époques, six univers, avec un art du montage plutôt habile Cloud Atlas est d'abord une déclaration d'amour absolue à la fiction mais la salade est copieuse et le mélange des genres accouche parfois d'un spectacle kitsch jusqu'à franchir allègrement les frontières du ridicule mais, étrangement, j'ai su surmonter ces dérapages car l'ensemble reste blindé de charme et défendu par un casting où tout le monde semble avoir joué le jeu avec enthousiasme.

La gourmandise n'est pas une tare en art. Et les frangines Wachowski ont de l'appétit. Vu l'ampleur de la tâche, donner forme à un scénario gigantesque, elles ont fait équipe ici avec le réalisateur Tom Tykwer et franchement la collaboration est harmonieuse. La cohérence visuelle n'est jamais prise en défaut d'un monde et d'une époque à l'autre et les effets spéciaux sont plutôt soignés dans l'ensemble.

Ce feux d'artifice m'a fait penser à une autre petite merveille en forme de puzzle: Mister Nobody de Jaco Van Daormel, grand huit cinématographique et scénaristique entre plusieurs époques et univers, passé honteusement inaperçu.

Après une filmographie post-Matrix souvent décevante, ce film reste pour moi une expérience autrement plus réjouissante et originale que leur dernier délire lourdingue, artificiel, New-Age ringard, et dégoulinant de bien-pensance visible sur Netflix: La consternante et laborieuse série Sense 8. (Oui je sais, il y a une foule de fans)

À l'heure où science fiction et cinémas de genre agonisent sous le poids d'insipides franchises d'une ringardise consommée (il faut avoir subit Iron-Man 3, Divergente ou Le Septième fils pour réaliser l'ampleur du désastre) Cloud Atlas rappelle aux amoureux de l'évasion au cinoche que cet art offre à tous les cinéastes visionnaires un terrain d'expérimentation infini.

La SF doit rester un festin, condamner les plats réchauffés et ouvrir la porte à tous les possibles. Ici, c'est fait. Pas toujours adroitement, certes, mais généreusement.

Alors... respirez un grand coup et plongez !!!

Dédaigné par la critique, Cloud Atlas semble aujourd'hui accéder au statut le plus enviable. Celui de film culte.

Francisco,