DU SANG ET DES LARMES, mission accomplie
Guerre Survival Bourrinade intense
Peter Berg
****
Surprise !
Comme il fait bon fuir ses aprioris.
Peter Berg restait pour moi l'auteur des indigestes bourrinades SF Battleship et Hancock. Le Royaume manquait cruellement de nuances. Mais je n'avais pas oublié, Friday Night Lights, beau petit film à la réalisation musclée tournée il y a une dizaine d'années. Un bon morceau de cinoche, à la fois généreux et sombre, sur le milieu du football américain. Un film porté par de jeunes acteurs épatants et un coach incarné par un puissant Billy Bob Thornton. J'y fais référence car c'est l'attachement du réalisateur à ses personnages qui fait justement de ce nouveau film une surprise de taille.
Du Sang et des Larmes est un phare dans cette filmographie qui aligne des oeuvres aux antipodes de ce qui me touche au cinéma. Hormis quelques lourdeurs en début de récit destinées à montrer combien ces quatres membres du commando sont liés par une franche amitié le reste est d'une maitrise et d'une précision terrassante.
Histoire vraie de la mission "Red Wings" conduite par un commando d'élite contre un chef taliban. Histoire d'un échec militaire cuisant pour l'unité des Seals et inspiré du récit Le Survivant écrit par Marcus Luttrell, seul rescapé de cette opération. Se battre, fuir, survivre. De ce combat perdu d'avance Peter Berg signe un vigoureux hommage à tous les engagés (le générique d'introduction est très clair)mais au respect s'ajoute l' humilité. Celle d'insister sur le fait que les premières victimes des talibans restent les habitants eux-mêmes et que le seul soldat à s'en sortir ne devra son salut qu'à l'engagement absolu de villageois à le protéger. Y voir un film de propagande serait alors un contre-sens absolu. Oui Peter Berg ne cache pas son admiration pour ses soldats sacrifiés mais à aucun moment ce survival féroce et impitoyable ne souffle "engagez-vous"à l'oreille du spectateur.
Bien au contraire.
Peut-on assumer de supprimer des innocents pour garantir le succés d'une mission?
C'est en refusant d'être de simples "machines à tuer" que ces soldats vont courir à leur perte. Tout est dit. La guerre est une impasse. La suite ne sera pas franchement destiné aux fans d'Expendables.
La mise à mort de ces soldats est un authentique chemin de croix. La violence des tirs ici n'est ni fun ni glamour. On souffre à chaque impact. Les blessures, les corps brisés, écorchés aussi bien au feu que dans la fuite sont des visions douloureuses, presque insoutenables. Le travail sur le son est tout aussi terrifiant que l'efficacité admirable de la réalisation. Face à leur sacrifice la hiérarchie semble lointaine et presque démunie. Il y aura bien l'arrivée de la cavalerie, mais trop tard et filmée d'une manière grandiloquente et presque surréaliste.
On sent bien que la partie centrale du récit consacrée à "l'héroïque endurance" de ces quatre soldats (encore une référence au générique d'introduction) est la seule à avoir véritablement stimulée Berg et ses acteurs. Quatre interprètes qui à l'image de leurs modèles sont totalement complémentaires et impossibles à départager. Ben Foster, Mark Wahlberg, Emile Hirsch et Taylor Kitsch ne se volent aucune scène.
Une intelligence et une humilité à se fondre dans le groupe qui contribue également à la réussite du film. Au-delà d'un entrainement physique intensif, tous ont passés du temps avec les familles de ces frères d'armes tombés au combat. Aucun n'est là pour décrocher un oscar. Chacun est là pour "servir" le personnage aussi fidèlement que possible et rendre l'hommage le plus digne qu'il soit.
Du sang et des Larmes n'est pas un "film d'action" guerrier et hissant bien haut le drapeau américain comme certains l'ont prétendu. La guerre ici est bien une saloperie qui dévaste des villages entier d'innocents et massacre de jeunes hommes qui chacun ont une vie, une famille, des projets. C'est l'histoire d'un échec car tout conflit est humainement une faillite. Les héros tombent. Le seul courage est celui de tenir et la chance permet simplement de rentrer à la maison. En cela le message de ce moment de cinéma sec et brutal est bel et bien universel.
Mission accomplie !
Francisco,
Hommage
2013
2H
Le Blu-ray Un authentique top-démo visuel et sonore. Une précision d'image qui peut faire très mal.