ELVIS, are you ready to fly?
Biopic Drame musical barock
Baz Luhrmann
*****
- Now, I don't know nothing about music. But I could see in that girl's eyes, he was a taste of forbidden fruit. She could have eaten him alive
Récit virtuose et étincelant d'une dévoration.
Cette réplique du "Colonel Parker", maléfique manager du King, annonce autant l'embrasement d'une folle carrière que la consommation du mythe à venir. Je ne pouvais pas terminer l'année sans chroniquer ce titre qui manquait cruellement à mon top 10 2022 (voir page d'accueil)
Plus qu'un sage biopic Elvis s'intéresse au pacte faustien passé entre deux hommes aspirant l'un à la gloire l'autre aux dollars. Et si le dieu du rock, suavement incarné par Austin Butler qui interprète ici toutes ses chansons, n'était qu'une marionnette entre les mains du diabolique "Colonel" défendu par un Tom Hanks se régalant ici de quitter ses rôles de chic type pour se glisser dans la peau de l'ogre...
La première partie, totalement virtuose et enivrante surfant sur une BO osant tous les remix, nous emporte dans le vertige d'une ascension fulgurante, d'une mise en orbite d'un phénomène musical absolument unique dans l'histoire de la musique. Mais le chef-d'orchestre n'est pas Elvis, plus iconique que jamais dans une mise en image acrobatique, mais bien son manager. À tel point que l'on se demande à la moitié du film qui est véritablement le personnage principal. Luhrmann ne semble que caresser le mythe.
Jusqu'à ce que le piège de Vegas se referme.
L'artiste fabuleux qui voulait parcourir le monde, sans cesser de rendre hommage aux maîtres du blues qui l'ont élevé, deviendra un clown obèse, prisonnier de l'International Hotel, dont le talent, pourtant intact, se consumera sous les enseignes de la cité du fric pour assouvir l'addiction au jeu de son "père maléfique".
On tient presque là un film de vampire. Le drame prend forme et la figure d'Elvis se déploie et révèle sa pleine dimension. Sous son apparence de biopic baroque et foisonnant aux tranches musicales totalement emballantes, ce nouveau film du réalisateur de Gatsby et Moulin Rouge s'affirme alors comme une tragédie grandiose. Après nous avoir étourdis une heure durant, des premiers enregistrements à l'évocation de sa carrière à hollywood, Luhrmann touche au coeur.
Et c'est bien, pour moi, dans ce second acte que le talent du jeune et brillant Austin Butler explose. Tout comme la fragilité de Gatsby offrait à l'adaptation de Baz Luhrmann ses scènes les plus émouvantes, c'est bien cet Elvis déchu, dépressif et accro aux barbituriques qui passionne le cinéaste. L'acteur gagne en intensité puis nous bouleverse, la mise en scène se pose, le montage "calme le jeu" et le film cède de sa virtuosité formelle pour naviguer en eaux profondes.
Et cette transition fascine.
Ce n'est que mon humble avis mais le réalisateur de Roméo + Juliette signe ici son film le plus abouti. Passionnant et passionné, voici deux heures quarante de cinéma fou et généreux, assumant son opulence et ses excès, vomissant le tiède et le raisonnable, n'hésitant jamais à bafouer les règles du bon goût jusqu'à déborder du cadre pour nous conduire ensuite jusqu'au plus intime d'une âme carbonisée. Bref un grand huit cinématographique ébouriffant qui "fait le show" sans s'économiser, à l'image de son modèle. Comment mieux traduire la trajectoire d'une comète? Que demander de plus? Laisser-vous enflammer et, you know what, that's entertainment !
Je terminerai cette chronique express sur une touche littéraire avec la célèbre citation de Madame de Staël "La gloire est le deuil éclatant du bonheur"
Ce n'est pas pour me la ramener mais parce que Baz Luhrmann vient d'en signer avec Elvis la plus vigoureuse des illustrations.
So, Let's rock !!!
Francisco,
L'avis des lecteurs
Chris
" Loin du biopic classique.
L'acteur incarne totalement Elvis, la gestuelle, la voix, son jeu est bluffant. Baz prépare une version de 4h dans laquelle devrait figurer la rencontre entre Nixon et Elvis ainsi que les concerts entier présents dans le film par l'acteur. Mettre Eminem au générique de fin, seul Baz pouvait se le permettre.
Oser et proposer."
2022
2h40
Le Blu-ray Niveau de détail, couleurs, teintes et contrastes, la qualité ahurissante du Blu-ray me laisse songeur quant au Nirvana que doit représenter le transfert 4K (au prochain noël, qui sait...). Tout est au vert ici. Top démo visuel et sonore.
Directed by
Baz Luhrmann |
Writing Credits
Baz Luhrmann | ... | (screenplay by) & |
Sam Bromell | ... | (screenplay by) and |
Craig Pearce | ... | (screenplay by) and |
Jeremy Doner | ... | (screenplay by) |
Baz Luhrmann | ... | (story by) and |
Jeremy Doner | ... | (story by) |