GONE GIRL, le cauchemar américain
Thriller haut-de-gamme
David Fincher
*****
We're so cute. I wanna punch us in the face.
Sous le vernis, le monstre.
Cadres épurés, photographie aux noirs abyssaux, travail sur le son chirurgical. Une perfection formelle de chaque instant indissociable du propos. David Fincher poursuit de manière étincelante son oeuvre dédiée à la face sombre du rêve américain. Une société de la performance accouchant de monstres omnipotents. Une nouvelle traversée des apparences qui reflète une fois de plus le pessimisme radical du réalisateur de Seven, Zodiac, Fight Club et The Social Network. Impossible également de ne pas citer dans ce cycle "de la faillite morale" son rôle de chef d'orchestre de la série House of Cards, plongée terrifiante au coeur des arcanes du pouvoir.
Pour les quelques chanceux qui n'ont pas encore vu le film je ne dévoilerai rien de son intrigue hormis son pitch simplissime: une femme disparait, son mari devient rapidement le principal suspect. Les codes traditionnels du thriller sont ici scrupuleusement respectés avant d'être subtilement puis définitivement pervertis.
Le scénario et les dialogues sont signés Gillian Flynn. Une nouvelle venue dans le monde du polar dont l'univers se coule à merveille dans celui du réalisateur. Leur collaboration sur l'adaptation de son premier roman devrait profiter à la suite de sa carrière comme elle permet d'offrir à David Fincher l'occasion de nous servir un nouveau "chef-d'oeuvre".
L'image travaillé par le fidèle directeur photo Jeff Cronenweth (Millénium, Social Network, Fight Club) restitue à la perfection ce "luxe" des apparences comme la profondeur insondable des ombres qui l'encercle. Un contraste radical qui rend encore plus magistrale cette nouvelle "leçon de ténèbres". Un souci de la perfection qui constitue le moteur même de l'intrigue.
Mais ces tableaux réalisés avec les moyens techniques les plus élaborés du moment (la caméra Red Epic Dragon - source format 6K!) ne seraient rien sans l'écrasant talent de directeur d'acteur de mister Fincher.
Saluons ici l'actrice principale. Hormis une séduisante présence à l'affiche du sympathique Jack Reacher aviez-vous réellement remarqué l'extraordinaire talent de Rosamund Pike? Quant à Ben Affleck, on le retrouve ici aussi investi que dans ses propres films. L'exigence et le regard affuté de Fincher ne laisse aucune place à la posture ou aux tics d'acteurs. L'interprète devient un stradivarius. La moindre réplique est sculptée et habitée par une exigence d'orfèvre. Sur l'écran, ce duo magnifique est instantanément inoubliable. Un tandem ravageur, sur tous les plans, secondé par une galerie de seconds rôles de première main.
À cette "perfection" du fond et de la forme s'ajoute bien évidement l'apparition sur le marché du Blu-ray d'un véritable disque de démo. Même testé sur le plus grand des écrans compatibles 4K l'infinie précision des détails et les nuances prodigieuses des couleurs invitent à goûter à l'UHD : L'ultra haute définition. Une technologie qui condamne à l'exigence. (sale temps pour les tâcherons) Le résultat laisse sans voix. Du premier plan au dernier, l'extase est permanente. Impossible alors de ne pas entrer en totale immersion.
Comment conclure?
Prétendre qu'il s'agit là d'un film majeur de ce nouveau siècle de cinéma? Je vous laisse juge, en étant moi-même convaincu. Le cynisme ultime est finalement de constater qu'en démaquillant brutalement l'image du "couple parfait", David Fincher a signé là le "thriller parfait".
Francisco,
Chroniques Fincher
2014
2H30
Le Blu-ray Issue d'une source 6K (caméra Red Epic Dragon) le prodige est là. Voici donc, le Blu-ray ultime de la mort qui tue.Une précision dans l'image vertigineuse qui ne laisse rien passer de cette vision "au scalpel". Prions ensemble pour la survie des supports physiques. Une matière dans l'image à laquelle aucun téléchargement ne peut prétendre. Gone Girl sera le must-have des premiers "Blu-ray UHD" annoncés fin 2015.
Director:
David FincherWriters:
Gillian Flynn (screenplay), Gillian Flynn (novel)Stars:
Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris |