SNOWPIERCER, La bd sublimée
SF
Bong Joon-Ho
****
Big concept
Hautement cinématographique. Un train lancé vers nulle part et qui jamais ne s'arrête. On le sait. Au cinéma, plus que dans la vie, la vérité est dans le mouvement. Dernier refuge dans un monde pétrifié par les glaces. N'hésitez pas à embarquer, pour un dernier sprint baroque et dingue !
Petite virée vers une page de SF servie glacée.
Un bolide lancé à pleine vitesse, hors des sentiers battus, cultivant l'insolite, les ruptures de ton et l'hallucination. Un style unique, une forme inédite et un parti-pris scénaristique minimaliste mais radical, nous baladant du grotesque à la tragédie.... Conte claustrophobique, macabre et nihiliste à la mise en scène virtuose.
Précision du Blu-ray oblige, les acteurs, confinés dans ce huis-clos, se retrouvent alors comme sur la scène d'un théâtre. Bonheur pour le spectateur de se retrouver assis au premier rang. Cette atmosphère qui aurait pu être rapidement suffocante, tenir 2h dans un train est un beau challenge cinématographique, profite d'une photographie admirable sculptant l'ombre et la lumière sur tous les visages. Ce travail de peintre couché sur pellicule 35 porte la signature du directeur photo Kyung-Pyo Hong, déjà à l'oeuvre sur Mother, la précédente claque de Bong Joon-Ho.
Le scénario.
Implacable, il transcende totalement son matériau de départ (une BD culte, de Jacques Lob et Jean-Marc Rochette, sortie au début des années 80 ). D'un point de vue radical sur la lutte des classes, le réalisateur The Host développe une parabole hallucinée et hallucinante sur notre monde ou l'humain est prisonnier de la machine. Une technologie sensée nous protéger et nous faciliter l'existence et qui, finalement, nous envoie droit dans le mur. Toutes les strates de la société défilent. Microcosmes absurdes, aveugles et sourds aux mondes des autres wagons. Les uns souffrent, les autres dansent et s'ennivrent mais tous les esprits sont prisonnier du train. Voyez, la symbolique...
Coté acteur, on peut raisonnablement penser qu'il s'agit là du plus grand rôle de Chris Captain America Evans à ce jour. Barbu, le regard hanté, il révèle ici un charisme et une profondeur de jeu plus que convaincante. Il livre d'ailleurs dans les dernier acte du film un poignant monologue. Son personnage de héros malgré lui est bien entouré. Nous retrouvons une savoureuse Tilda Swinton transformée en gardienne de train hideuse et déjantée, un Kang-ho Song (The Host, Thirst, Memories of Murder) bien envapé, un Jamie Bell bondissant, sans oublier les magnétiques participations de John Hurt et Ed Harris.
Du très lourd, histoire d'éviter tout déraillement.
La réalisation se tire royalement des contraintes spatiales d'un récit "par wagons"grâce à cette patine visuelle fascinante et ces brusques accès de folie furieuse. Cette marche vers "La Loco" développe une vigoureuse et surprenante montée en puissance.
À l'extérieur, les visions de la terre glacée réalisées en CGI ne cherchent pas le réalisme mais s'affirment comme un bel hommage à l'univers de la bande-dessinée. Matrice de ce chef d'oeuvre. Des visions qui ouvrent alors l'espace est permettent au métrage de prendre une grande bouffée d'air frais avant de replonger dans l'enfer du train.
Inspiré, puissant, aussi loufoque et cartoonesque que violent et terrifiant, Snowpiercer, sans avoir bousculé le Box-office, obtiendra la consécration ultime : Devenir un film culte. Un Cri d'alarme autant qu'un manifeste artistique d'une fulgurante beauté.
Francisco,
Captain
Prologue
2013
2H05
Le Blu-ray Le Blu-ray est une pure merveille, piqué, couleurs, détails... Une cure de jouvence rétinienne rendant grâce au travail extraordinaire accompli sur les décors, costumes, lumières....
Director:
Joon-ho BongWriters:
Joon-ho Bong (screenplay), Kelly Masterson(screenplay), 4 more credits »Stars:
Chris Evans, Jamie Bell, Tilda Swinton |