TENDRE BONHEUR, en toute simplicité
Drame Ballade country
Bruce Beresford
****
Un petit mot sur cette rareté du début des années 80 à l'occasion d'une inespérée sortie Blu-ray. Portrait de Mac Sledge (impérial Robert Duvall) ex-vedette de Country retiré des affaires, accro à la boisson et échouant sur son île de la rédemption. Un motel paumé au fin fond du Texas mais tenu par la tendre veuve Rosa Lee (Tess Harper, toute en humilité). Avec l'amour tout redevient possible ...
Vous pensez à Crazy Heart?
Bien vu ! 26 ans plus tard, le réalisateur Scott Cooper rendait hommage à la mélancolique et délicate ballade de Bruce Beresford. Son portrait de Bad Blake tenu par Jeff Bridges multipliait les clins d'oeil à ce film méconnu et offrait même un petit rôle à maître Robert Duvall himself. Le plus étonnant étant que Bridges comme Duvall obtinrent, chacun à leur époque, un oscar pour leur interprétation.
Il faut dire que ce petit film, aujourd'hui exhumé en Blu-ray (belle copie, soigneusement nettoyée) dans la collection "Make my Day" dirigée par le bienfaiteur du ciné américain Jean-Baptiste Thoret, offre 1h30 de pur plaisir. La réalisation toute en sobriété, sans effet inutiles ou complaisants, assume royalement le passage des années et laisse le champ libre aux acteurs.
Car ce qui séduit ici, c'est bien le velours du jeu. Oublié aujourd'hui et distribué confidentiellement en salles à l'époque, ce film est pourtant l'un des rôles fétiches de l'acteur, alors au creux de la vague. Il s'est préparé de longs mois pour entrer dans la peau du personnage. Il a bossé son jeu de guitare et interprète toutes ses chansons. Pour la crédibilité c'est un 20/20. On y croit et on s'accroche. Mac Sledge, vous ne l'oublierez jamais.
Pour moins de 5 millions de dollars de budget, Tendre Bonheur (Tender Mercies) s'inscrit de tout son ADN dans le courant indépendant du cinoche US. Des personnages combattant leurs démons dans l'Amérique des oubliés. Encore un de ces "losers magnifiques" qui, de Charlot à Saul Goodman en passant par les écorchés vifs de Macadam Cow-boy, Un après-midi de Chien, Taxi Driver ou Voyage au bout de l'enfer ont bâti la cathédrale du paysage cinématographique américain. Il est d'ailleurs symptomatique qu'en notre période de vaches maigres sur écrans larges ce soient désormais les films de super-héros qui fassent la loi. Il est bon de revenir au nu et au dur de l'existence. Il y va de la survie de l'art et de l'humanité (humble avis).
Découvrir ou revoir Tendre Bonheur c'est renouer avec l'absence d'effets spéciaux et assister au triomphe silencieux de la simplicité. Le tout enveloppé dans la douce photographie naturaliste du grand chef-op Russell Boyd (La Dernière vague, A Soldier's Story, Master and Commander) Une belle manière de rebrancher notre coeur au cerveau. Endurance au drame, courage, blessures, petites victoires, colère et pardon. Tout y est. Ici, la religion n'est là que pour apporter un peu de ciment à la fragile communauté des âmes perdues. Avec des dialogues justes et par petits touches Tendre Bonheur n'a pas de mal à nous embarquer et délivrer sa leçon de résilience.
C'est joliment écrit, triste et tendre à la fois et c'est tout ce que j'aime au ciné.
Merci, monsieur Thoret.
This makes my day !
Francisco,
Filiation
1983
1h30
Le Blu-ray : Copie soigneusement nettoyée. C'est propre et net sans effet HD renversants, compte-tenu de l'âge et du budget d'un film tourné la plupart du temps en lumière naturelle.
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