THE GAMBLER, tout miser
Polar existentialiste
Rupert Wyatt
****
Divine surprise.
À l'heure où le cinoche, plus navrant que jamais, aligne tout un tas de conneries toutes lisses et bien polies, photocopiées à l'infini et qui ne cessent de plonger votre humble chroniqueur dans une déprime sans fond, voici que déboule sur Netflix une petite perle sortie il y a deux ans, mal-notée, atomisée par les admirateurs(trices) de la version bodybuildé de Mark Wahlberg et déjà oubliée. Je ne vais pas vous faire le coup du chef d'oeuvre en péril mais simplement sortir de l'ombre un de ces "polar de joueurs" aux personnages soignés et au héros déasabusé, nihiliste et délicieusement fûté. The Gambler est, tenez-vous bien, un film qui a du sytle!
Vous vous souvenez encore de ce mot-là?
La réalisation de Rupert Wyatt( La planête des Singes, les origines) est d'une grande élégance, la photographie de Greig Fraser (Foxcatcher, Zero Dark Thirty, Cogan, Rogue One) à tomber et le scénar de William Monahan (Les infiltrés, Kingdom of Heaven) offre un remake vraiment classieux du Flambeur version 1974 de Karel Reisz avec James Caan et écrit par james Toback. N'oublions pas une B.O jouant parfois le contre-point et mariant Dinah Washington, Ayo, Pulp, Alan Price ou encore Billy Bragg. Rien que du beau monde. Vous avez ainsi une petite idée du swing et des coutures délicates du costard qui habillent ce métrage malin, langoureux et avançant avec la lenteur et la noblesse des vieux lions à qui on ne la fait plus. The Gambler oublie avec bonheur d'être fast et furious. Il ne flambe pas et installe tranquillement son atmosphère sans jamais chercher l'épate. Mais attention, il fait tout cela avec classe et amour du savoir-faire.
Sur le fond, malgré le canevas traditionnel'Je-plonge-je-m'enfonce-mais-je-vais-peut-être-trouver-la-rédemption"on savoure les dialogues et les saillies anar d'un Jim Bennett magnifiquement défendu par un Walbergh très aminci, bien chevelu, et visiblement ravi de se glisser dans son meilleur rôle depuis Boogie Nights et The Fighter. Il faut préciser qu'il est vraiment bien entouré le gars Mark. John Goodman, Jessica Lange, Michael Kenneth Williams et la jeune et talentueuse Brie Larson (Room, The Spectacular Now).
Tous crédibles et investis.
The Gambler est un objet original, étrange, parfois même surprenant, et donc furieusement attachant. On ne mange pas ici dans la gamelle du "déjà-vu". Le voyage est super agréable. The Gambler est chiadé comme une grosse prod et assume sa personnalité comme le ferait une perle du ciné indé.
Le film est tout juste rentré dans ses frais au moment de sa sortie mais il est loin d'avoir eu le succès qu'il méritait. Peut-être parce qu'il nous explique que la vie est une désolante loterie, que l'on nait tous bien inégaux, beaucoup d'abrutis pour une poignée de génies et quelques riches dans un océan de fauchés, bref, que tout cela n'est qu'un jeu cruel ou seuls les plus malins on une chance de s'en sortir. Une vision mature et lucide de l'existence, en somme. Alors même si l'amour rode ( il faut bien que le flm rentre dans ses frais) on sent bien que le fond du discours est à l'image de cette phrase culte balancée par Goodman à Wahlberg:
- ... A wise man's life is based around fuck you. The United States of America is based on fuck you. You're a king? You have an army? Greatest navy in the history of the world? Fuck you! Blow me. We'll fuck it up ourselves.
Netflix offre ainsi une seconde vie à The Gambler.
Alors, si vous êtes lassé des "'je m'envole sauver le monde" "pan-pan t'es mort" ou des films d'auteurs bricolés comme des téléfilms des années 80, n'hésitez pas, misez deux belles heures sur ce chouette moment de ciné.
Francisco,
Trouvable en Blu-ray import anglais
VF et sous-titres français dispos
Writers:
William Monahan (screenplay), James Toback
Stars:
Mark Wahlberg, Jessica Lange, John Goodman |
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