THE KING, épique intime
Épique intime
David Michôd
****
A King has no friends
Après Roma d'Alfonso Cuaron, le réalisateur d'Animal Kingdom et The Rover David Michôd vient de m'offrir une nouvelle réussite Netflix. The King est un grand film sombre et austère sur l'absolue solitude du pouvoir, l'aspiration à la paix gangrénée par le complot et l'inéluctable logique de guerre.
Sous la couronne et l'armure d'Henri V Le jeune prodige Thimotée Chalamet se montre une fois de plus à la hauteur de la tâche. Frèle mais vaillant combattant, sensible mais d'une détermination sans failles, il incarne sans peine toutes les failles et les paradoxes de cette figure historique qui, au début du 15ème siècle, propulsé des tavernes au trône, réussi l'union des Royaumes d'Angleterre et fit ployer la France à Azincourt. Une figure héroïque dont David Michôd va ramener l'humanité au premier plan. Un parcours initiatique âpre et douloureux entre coups d'éclat, deuil et trahisons. À l'image des scènes de combats filmées le plus souvent en plan-séquences pour mieux souligner l'effort et le poids des armures, l'exercice du pouvoir pèse ici de tout son poids sur les êtres.
Comment conserver son cap et rassembler lorsque chacun guette sa part de profit et se nourrit de la division? Comment surmonter la colère lorsque l'ennemi vous accule? Toutes ses épreuves se lisent sur le visage de ce jeune acteur au regard "habité". Après My Beautiful Boy et Call Me by your Name, The King marque une nouvelle étape, celle de l'autorité, dans la prometteuse carrière de ce jeune premier capable d'embrasser tous les rôles.
À ses côtés, le reste de la distribution n'est pas en reste.
David Michôd retrouve deux gueules inoubliables d'Animal Kingdom, l'irradiant Ben Mendelsohn, impérial en Henri IV rongé par le maladie et la folie, et l'acteur (également co-scénariste du film) Joel Edgerton (Warrior, Midnight Special) Massif et mélancolique il compose un Falstaff d'une profonde humanité. Seule figure amicale pour le jeune roi, dans un univers de conspirateurs. Les regards et les silences de cet ancien guerrier disent l'amertume des victoires sans gloire et de l'horreur triomphante.
Personnage pivot célébrons la présence ô combien charismatique du grand méchant loup des derniers volets de Mission Impossible : Sir John Harris ! Conseiller et confident du roi, sa loyauté laisse planer comme un doute. Le regard et la voix de cet immense acteur suscite l'attention comme la tension. Il serait scandaleux de ne pas citer également la prestation surréaliste et jouissive de Robert Pattinson dans le rôle du psychotique Dauphin du Roi de France. Jouant l'accent français à la perfection la jeune étoile de la série Twilight a prit une sacré étoffe et lâche les chiens comme jamais dans ses confrontations aussi hilarantes qu'inquiétantes avec le jeune roi d'Angleterre.
Si l'on ajoute à cela l'arrivée de Lili Rose Depp, royale en Catherine de Valois, fille du roi de France et promise d'Henri V, le bonheur est complet. Avec une telle affiche le film prend ses aises et se déploie sans peine sur deux heures vingt de vrai cinéma. Un scope rugueux aux clairs-obscur chiadés par le chef-op de la première saison de True Detective, Macbeth et ... Animal Kingdom, Adam Arkapaw et une partition musicale à l'image du film, noble sans tapages, signé Nicolas Britell (Moonlight) nous embarquent dans la mélancolie et la lenteur bienvenue de ce scénario déniaisé de tous les tics et artifices du film d'époque. Du travail de pro à tous les étages.
Je parlais d'austérité et de sobriété.
Ces deux denrées devenues rares dans l'ère du divertissement imbécile nourrissent le charme et la profondeur de cette oeuvre exigeante qui réclame patience et attention. Vous aurez, certes votre lot de batailles sur la séquence d'Azincourt avec force figurants et mêlées furieuses et boueuses, mais elles restent le plus souvent à hauteur d'homme et sans montage frénétique. On peine à gouverner autant qu'à mourir.
Le plaisir que j'ai eu à découvrir cet âpre métrage se résume ainsi. Retrouver un cinéma ambitieux dans ses moyens mais dont le premier soucis et d'apporter chair et âme au récit. Un portrait universel d'une évidente actualité.
Francisco,
The Beauty of
Writers:
Joel Edgerton, David MichôdStars:
Robert Pattinson, Timothée Chalamet, Lily-Rose Depp |
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