Série - THE SINNER (saison1)
Série Thriller Polar
Derek Simonds
*****
Une plage au bord d'un lac.
Un petit coin de paradis tout éclaboussé de soleil. Une mère de famille, Cora Tannetti, file brusquement vers un inconnu en train de flirter avec sa copine. Tout bascule. Elle le larde de coups de couteaux. La violence de la scène, d'une brutalité absolue, plante solidement le décor.
Pas de doute, nous savons, spectateur tétanisé, que entrons là dans du solide qui va vous nouer le vide et vous irriguer soigneusement le cerveau. Les faits sont là. Les témoins ne manquent pas. C'est bien Cora qui a tué le malheureux. Un dénouement où tout commence.
L'affaire semble pliée et la mère de famille clairement coupable mais un flic débarque et décide de gratter un peu. Il va fouiller dans le passé de Cora. Le coup de folie, il n'y croit pas. Pour lui, un procès s'impose. Plaider coupable ne suffit pas. Parce que la seule question qui lui fait croire encore en son métier de flic exigeant est : pourquoi?
Et le mobile semble introuvable. Les quelques scènes précédant le meurtre ont bien pris soin d'instiller ce qu'il faut de tension pour commencer à broder. Mais les souvenirs vont ressurgir et orienter l'enquête vers d'autres pistes. Et là, humbles spectateurs que nous sommes, le vertige, rapidement, nous gagne...
Tout ceci aurait pu accoucher d'une série juste noire et plombante seulement voilà, Cora est incarnée par une Jessica Biel totalement transfigurée dans son parcours de douleur. Le flic c'est Bill Pullman. L'ancien président d'Independence Day a bien vieilli. Même très bien. Il compose ici un personnage tout en failles et obsessions tranquillement électrisant. Lui aussi nous maintient bien scotché au canapé par la seule force de son regard.
L'atmosphère fait le reste.
Même si le cliché du flic dont la vie personnelle est en ruine est bien là, la pâte humaine de Pullman, oeil Eastwoodien et toute barbe dehors, fait tout passer. Je ne vais pas m'étendre davantage, juste vous laisser découvrir tout cela sur Netflix sans oublier de préciser que cette petite merveille en huit épisodes, royalement écrite, est parfaitement éclairée et mise en scène. Nous sommes bien avec The Sinner, dans le grand cinoche du petit écran. Un regard profond sur une Amérique malade, étranglée entre violence et puritanisme. Ténèbres d'un monde qui ne protège plus ses enfants.
Plongez, tremblez ...
Francisco,