LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ, Adieu Seymour

Espionnage    Drame                 Hoffman Tribute

Anton Corbijn

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Adieu l'artiste.

Günther Bachmann, espion mélancolique,  sera donc ton dernier grand rôle. Un beau chant du cygne avant d'aller de détendre l'intelligence en plongeant dans la mièvre et consensuelle révolution d'Hunger Games. J'aime les polars et films d'espionnages "d'atmosphère" on le vacarme des armes laisse place au requiem des âmes condamnées au secret. Ceux qui traquent et ceux qui se cachent. Tous disparaissent aux yeux du monde. Ce théâtre des opérations ou l'identité s'efface. Un Homme Très Recherché fait parti de ce genre de film. C'est magnifiquement cadré et photographié (après Control et The American,  ce n'est plus une surprise de la part d'Anton Corbijn) mais je l'ai acheté pour une seule raison : Philip Seymour Hoffman.

 

Je vais un peu causer de toi, Dear Phil.

Sur fond de guerre contre le terrorisme, ton personnage est amer, déprimé, comme vaincu mais avec toujours ce soucis de rendre justice de la manière la plus humaine qui soit. Un travail dans la patience et la nuance face aux méthodes aussi expéditives qu'inefficaces des partisans du "tout sécuritaire". Encore une fois tu fais le job. Admirablement. Ta tristesse déborde du cadre. Peu importe que certains personnages du film ne soient pas parvenu à me convaincre, ta présence les rassemble tous. C'est peut-être ton personnage, mais il y des postures et des regards qui trahissent.

Dis-moi si je me trompe, mais tu t'es abandonné à ce rôle parce que finalement, tout ça te rappelait un peu ton job d'acteur. Changer d'identité. Un exercice certainement épuisant quand on l'exerce avec exigence et talent. Et puis toutes ces concessions. La pression des blockbusters. Y participer ou mourir aux yeux du public. Devenir Bankable. Jouer le tout sécuritaire... Franchement, t'as l'air triste et fatigué et ça se voit. Et c'est un spectacle qui sert le coeur.

 

 

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Aussi je vais faire un petit tour et survoler ton oeuvre.

Dans les années 90 je t'avais vu passer dans des films comme Le Temps d'un Week-end ou Un Homme Presque Parfait mais c'est sous la direction de ton réalisateur fétiche que tu vas décoller.

 

1997. Boogie Nights, du jeune Paul Thomas Anderson.

Exercice de style virtuose et hommage au meilleur du cinéma américain des années 70.

Tu y tiens un second rôle mais impossible d'oublier ton personnage. Une pâte humaine et déjà ce visage de poupon  mélancolique dont le cinéma tombera amoureux. Happiness, the Big Lebowski, Magnolia, Presque Célèbre, tu travailles pour le gratin du cinéma indé et multiplie les apparitions cultes. Puis en 2002,  tu es Jacob, dans le chef-d'oeuvre de Spike Lee La 25ème Heure (rebaptisé 24 heures avant la nuit) Un prof esseulé, loser magnifique. Tu y es à la fois grandiose et pathétique. Il faut savoir assumer un rôle pareil. Ta prestation, alors, me laisse sans voix. Je suis devenu fan de Philip Seymour Hoffman ce jour-là. L'acteur qui,  d'un seul regard, vous noie de compassion pour le genre humain.

 

 

f4fa08eff91604f1a02f4bf825ef8101.jpgTruman Capote (2006) Bennett Miller

 

En 2005 Truman Capote signe ton triomphe.

Dans la forme, le film n'est pas un choc mais ta prestation en est un. Elle confine au dédoublement de personnalité. Petite voix fluette, poses précieuses. Tu es Truman Capote. Autant d'humanité et de dentelle dans l'interprétation, on imagine le résultat que cela peut donner dans un bon vieux feel good movie. Ce sera La Famille Savage. Une pépite écrite et réalisée par Tamara Jenkins sortie en 2007. Du feel good movie mais à la sauce indé. Tout y est vivant et juste. Rien n'est fabriqué. Un régal de film. Tu es Jon. On te regarde et on t'écoute comme un frangin.

Juste après, tu me files un grand coup de poing à l'estomac dans 7h58 ce matin là. Le testament macabre de Sydney Lumet. Chef-d'oeuvre du film noir aux accents de tragédie antique. Tu crèves l'écran. Puis, retour aux prestations sympas dans quelques bons petits films indé et grands public de  La Guerre selon Charlie Wilson à Synedoche. De Doute à Good Morning England. Une forme de parcours idéal, mais plutôt pépère. Seulement voilà,tu es un ogre. Il fallait bien un jour que la bête se réveille et dévore un film entier.

 

Nous sommes en 2012 Tu deviens The Master pour celui qui t'a fait exploser dans Boogie nights et confirmé dans Magnolia. Paul Thomas Anderson va t'offrir plus qu'un second rôle. Face à un Joaquin Phoenix transfiguré tu livres ici la prestation la plus écrasante de ta carrière. The Master : Film abscons, farceur, obscur, gorgé de ténèbres, au bord du gouffre. Une oeuvre hantée par la folie et l'absurde. Un ovni que tu pilotes de main de maître. Tu y est absolument opaque et terrifiant. Comme le monolithe de 2001. Y'aura t'il encore un chef-d'oeuvre derrière celui-ci ? Non. Un Homme très recherché n'est pas le plus grand film d'espionnage jamais réalisé. Mais il est incontournable. Parce que c'est le dernier bon film d'un des plus grands acteurs au monde. 

I Miss you already, dear Mister Hoffman...

  

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

Hommage                                                                                                  

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  The Master (2012) P.T Anderson

 

 

 

 

 

 


 

 

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1967 - 2014

 

 

 

 

 

 

 

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2014

 

2H

 

 

 

Le Blu-ray                 Le sens du cadre de l'ex photographe Anton Corbijn et la photographie irradiante de Benoit Delhomme profitent à plein d'un piqué olympique et d'un traitement des couleurs à ronronner doucement d'une voix grave et profonde...

 

 

 

 

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09/11/2015
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