LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

UN PARFAIT INCONNU, like a rolling stone

Biopic   Drame

James Mangold

 

****

 

7b09c04859a7716e5fc78882f2f4b530.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce n'était pas gagné.
Un biopic sur un type touché par les dieux mais quasi absent à lui-même, secret, opaque, introverti, mais dont le génie a fait sauter toutes les frontières entre folk, rock et pop.

 

Vingt ans après Walk the Line, James Mangold, décidément très à l’aise dans le biopic et la résurrection des années 60 (ajoutons l’épatant Le Mans 66), parvient à rendre passionnant ce moment charnière dans le parcours de Dylan. Celui de la reconnaissance immédiate de son talent fulgurant : puissance des mots, souffle poétique, sens de l’engagement et timbre unique. Puis ce concert mythique de 1965 au festival de Newport, où celui que l’on considérait comme le nouveau pape du folk échappe à toutes les étiquettes en passant à l’électrique. La même année sortira le mythique album Highway 61 Revisited.

 

Parce que le film ne parle que de cela.
Le poids du succès et la prison qu’il bâtit autour de l’artiste. Cette difficulté d’être là pour l’autre quand le monde entier réclame sa pitance et attend que vous lui livriez l’or de votre univers intérieur. Le poids des attentes qui vous fige dans un genre, une catégorie, et bride insidieusement votre élan créatif. Cette oppression du réel sur l’âme du poète pèse aussi sur le parcours sentimental de cet artiste qui fit une entrée fracassante sur la scène new-yorkaise et bâtit sa légende en trois ans.

 

 

 

un-parfait-inconnu-fin.jpg

 

 

 

Et ce conflit intérieur, entre aspiration à la reconnaissance et recherche de liberté, tout en silences butés et regards hantés, ce petit génie de Timothée Chalamet l’incarne à merveille.

 

Ce serait presque un euphémisme de dire qu’il m’a bluffé.

Tout comme Joaquin Phoenix pour Walk the Line, il n’a pas cherché l’imitation parfaite, mais a trouvé "son" Bob Dylan. La présence, l’intonation et la silhouette sont bien là, mais transcendés par l’incarnation de l’acteur, qui chante, joue et souffle dans son harmonica avec une fièvre contagieuse.

Une composition et un travail d’acteur qui méritent tous les éloges et qui explosent dès l’ouverture du film, lorsque Dylan débarque à New York et rend visite à son idole Woody Guthrie (prestation muette et intense de Scoot McNairy), hospitalisé et au chevet duquel se tient son ami, l’angélique Pete Seeger (divinement défendu par Edward Norton).

Il va jouer pour eux, et la puissance de la séquence repose bien sur la force et la profondeur du chant d’un acteur ayant totalement disparu dans son rôle.

J’en avais les poils des bras tout dressés.

Franchement, c’est un instant de cinéma totalement magique.

 

Le reste assume la même exigence.
Tous les seconds rôles forcent le respect : de Monica Barbaro, impressionnante en Joan Baez, admirative mais renvoyant sans cesse Dylan à son orgueil et son égoïsme, jusqu’à la discrète Elle Fanning, jouant à la perfection ce sentiment d’un amour volé par la célébrité. Mention spéciale également à Boyd Holbrook, qui nous sert un Johnny bien Cash.

 

 

 

Un-parfait-inconnu-James-Mangold-1450x800-c.jpg

 

 

 

Je terminerai ce survol d’une œuvre qui vaut bien un achat (car riche, foisonnante et méritant plusieurs séances) en insistant sur l’incroyable direction artistique.

Musique, orchestration, photographie, décors et costumes : tout, sur l’écran et la bande-son, et ce jusqu'au moindre détail, favorise l’immersion et réveille la nostalgie de ces années 60 incendiaires où, embarqué dans le sillage du combat pour les droits civiques et l’engagement contre la guerre du Vietnam, le monde des arts allait lui aussi secouer les barrières et gagner en puissance et maturité. Une rage et une saine insolence qui allaient assoir l’esprit d’une contre-culture qui apparait, aujourd'hui, plus que jamais d’actualité.

 

Le plus beau paradoxe de cette figure majeure de l'histoire de la musique est que, derrière la posture de la distance hautaine d'un personnage qui n'a jamais cherché à séduire ou attirer la sympathie, Dylan restera pour toujours une voix majeure au service des plus humbles.

Ce poète, prix Nobel de littérature, a fait grimper le niveau de jeu et allumé le feu et repoussé l'horizon dans le cœur d’artistes entrés eux aussi dans la légende, comme Springsteen, les Stones, Patti Smith, Bono, Nick Cave ou Neil Young.

 

 

Elle est bien là, la plus grande réussite du film.

Le fait que le mystère de ce génie, ce Rimbaud de la musique, reste entier.

Le Dylan de Mangold et Chalamet ne cesse jamais d’être un parfait inconnu.

 

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Talents

 184338-un_parfait_inconnu_5.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chroniques Mangold

artfichier_777966_7526622_201801052025794.jpgartfichier_777966_4095621_201409143217235.jpgartfichier_777966_7247351_201707090123514.jpg artfichier_777966_8534309_202003144557104.jpg artfichier_777966_10404078_202506090602160.jpg

 

 

 

 

 

 

81CcJPb99jL._AC_SL1500_.jpg

 

 

 

2024

 

2h20

 

Le Blu-ray    Un régal de textures, détails et matières sublimant la chaude photographie et l'extraordinaire direction artistique de cette immersion au coeur de l'Amérique des années 60.  

 

 

70734600.jpg



09/06/2025
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi