Série - À L'AUBE DE L'AMÉRIQUE
Série Western Survival
Peter Berg Mark L. Smith
****
Intense et viscéral.
Sans réinventer le genre mais ouvertement désenchanté et crépusculaire, À l'Aube de l'Amérique nous ramène, avec force tranches de violence, massacres et duels qui éclaboussent, à l'époque âpre et rude de "la frontière" où une bonne moitié du futur territoire US restait sauvage, quasi inexploré et sur lequel aucune loi n'avait prise.
C'est donc au coeur de cet univers à mille lieux du Club Med et en six épisodes servis serrés et bien chauds, que nous suivons le périple d'une mère et son fils tentant de rejoindre une figure paternelle fantômatique au coeur de l'Utah, terres alors clairement inhospitalières et blindées de malfaisants.
C'est un parcours de survival simple et basique créé et scénarisé par l'auteur de The Revenant (mais aussi de Twisters et Overlord). Ça file droit au but sans trop de finesse mais avec rage et une efficacité redoutable. Et c'est ça qu'est bon. J'ai tout consommé en deux séances.
Loin d'atteindre la grâce visuelle du film référence d'Iñarritu et de son chef-op de dingue Lubezki, le réalisateur Peter Berg, tantôt bourrin, tantôt diablement efficace, fait plutôt bien le job ici et ce sur l'intégralité de la série. ce qui permet d'assurer une belle cohérence visuelle sur l'ensemble des épisodes.
Même si la tenue de mise en scène est moins aboutie et parfois un chouille hasardeuse, on reste bien, sur la forme, dans l'esprit de The Revenant avec une mise en scène "à l'arrachée". Peu de plans fixes, caméra portée, parfois en bascule, le tout en courte focale ouvrant l'espace au maximum pour une sensation d'immersion maximale et le tout avec une photographe désaturée à souhait pour bien traduire l'absence de chaleur humaine au fil de ce récit âpre et sans sensiblerie, hormis peut-être lors du final.
Petit aparté, vous en ferez ce que vous voulez, pour signaler au passage qu'une nouvelle fois, après The Revenant, le scénariste Mark L. Smith décrit les Français comme une bande de dégénérés hideux et violeurs. Sérieux, je commence à me dire que cet auteur a dû passer un bien sale séjour chez nous ou être traumatisé par le comportement des touristes franchouilles à l'étranger pour alimenter ainsi cette obsession.
À méditer...
Mais revenons à ce qui fait l'efficacité d'un truc basique et trippal. L'emballage. Coup de force résumant bien ce parcours de douleurs et de mort, ce plan-séquence de sept minutes décrivant le massacre (fait historique avéré) de Mountain Meadows où une centaine d'émigrants en route vers l'ouest furent massacrés par les milices Mormones. Dès le premier épisode le ton est ainsi donné et les enjeux posés.
La maman (incarnée par la badass Betty Gilpin vue dans Glow et The Hunt) et son fiston accompagnés d'une jeune indienne, tout trois miraculeusement rescapés de cette boucherie, ne doivent leur salut qu'à l'intervention d'Isaac, trappeur rompu au combat et rongé par le deuil des siens, digne descendant du Jeremiah Johnson de Pollack et solidement défendu par Taylor Kitsch.
J'en profite aussitôt pour m'attarder un peu sur cet acteur. C'est une recrue fidèle de la filmo de Berg, de sa vibrante série Friday Night Lights au trippant Du Sang et des Larmes en passant par le navrant Battleship. On parle ici d'une sacré belle gueule de cinoche odieusement sous-estimé depuis l'échec de John Carter super-prod qui fit un four au box-office, torpillant ainsi son début de carrière. Depuis il fut particulièrement convaincant dans Savages d'Oliver Stone, en David Koresh dans la mini-série Waco ou dans la seconde saison de True Detective. Il ne cesse de gagner en charisme en prenant de l'âge et sa prestation ici devrait sérieusement le remettre en avant.
Le parcours de survie de ce quatuor nous tient royalement en haleine.
Autour d'eux gravite toute une galerie de personnages solidement campés, chacun malade de pouvoir, de violence ou totalement désabusés. On retrouve quelques tronches bien connues et bienvenues comme Shea Whigham (Boardwalk Empire, Fargo, Vice) Dane Dehaan (ZeroZeroZero, A Cure for Life, Valérian) ou le flippant Kim Coates (Sons of Anarchy, Godless)
Dans ces paysages entre bourbiers, plaines venteuses et forêts glacées l'ensemble de ces figures des premiers temps de la conquête de l'Ouest s'agitent et meurent au coeur d'enjeux de prise de pouvoir et de territoires, engageant Mormons cupides, chasseurs de primes crados, trappeurs ivrognes, cavalerie impuissante et natifs pris dans l'étau de ces multiples conquêtes.
Tout ça forme une histoire avec début, milieu et fin. On pourrait, vu que le succès semble au rendez-vous, imaginer une saison 2 mais franchement le récit est bien bouclé. À moins d'imaginer une anthologie consacré à d'autres violent chapitres de l'histoire du Far-West une suite directe me semblerait un peu poussive.
À l'Aube de l'Amérique mérite donc largement le coup d'oeil.
C'est une nouvelle réussite Netflix après sa toute aussi féroce série-Western Godless (que je vous conseille fortement également) Elle nous rappelle que la plupart des nations se sont ainsi bâties dans le sang et la fureur et il n'est pas difficile d'imaginer aujourd'hui qu'elles s'écrouleront probablement de la même manière.
Alors, savourons la brûlante actualité du propos, anticipons un peu notre propre fin et laissons-nous embarquer par ce basique, barbare et efficace survival-western.
Francisco,
Series Directed by
| Peter Berg | ... | (6 episodes, 2025) |
Series Writing Credits
| Mark L. Smith | ... | (created by) (6 episodes, 2025) |
| Mark L. Smith | ... | (written by) (6 episodes, 2025) |
Series Cast
