INTERSTELLAR, le prestige
SF Odyssée Coup de coeur 2014
Christopher Nolan
*****
Une seconde vision le confirme.
Même un poil mélo, Interstellar est pour moi ce qui est arrivé de plus beau à la SF ces dernières année.
Plombée par trop de super-héros et délires horrifiques peuplés de créatures zombiesques, les genres SF et fantastique somnolaient dangereusement sous le même scénario assommant. Des gentils, une menace bien méchante, un gros combat qui tache avec plein d'explosions, des robots géants, des monstres gloutons, des singes qui parlent, des immeubles qui s'effondrent, des voitures qui volent et tout qui rentre dans l'ordre à la fin... Notez que j'y ai pris parfois un franc plaisir coupable (Edge of tomorrow, Godzilla, Les Gardiens de la Galaxie). Je n'oublie pas non plus d'authentiques pépites comme Moon (2009) Predestination (2014) et le brillant Ex Machina (2014)
Grâce à Nolan et Cuaron (Gravity), l'humain revient au premier plan et la SF s'interroge de nouveau sur le sens de notre bref, dérisoire et cancérigène passage sur terre.
On retrouve chez le personnage ultra Nolanien de Cooper la dimension prométhéenne et messianique du Dave Bowman de Kubrick dans l'indétrônable 2001. Avec un coté plus humain, plus fan de baseball, ancré puissamment dans le quotidien. Son périple proche du "voyage astral" débouchera de la même manière sur l'idée d'un nouveau départ. La science n'est pas une finalité mais bien le moyen qui permet à l'homme d'assurer sa permanence. Et les pionniers sont leurs seuls guides.
Entre la tête et la main, la technologie et l'outil, le coeur reste le moteur véritable. En cela, et sans rien spoiler, le message d'amour du film prend une dimension bouleversante. La musique d'orgue est là pour soutenir cet humanisme religieux du propos. Au delà du temps, de l'espace et de la gravité, le sentiment et la conscience gouvernent. Une dimension sacrée se déploie.
Aussi dérisoire que soit sa place dans l'univers, au delà des théories scientifiques, applicables ou non, compréhensibles ou non, mais toujours passionnantes, développées dans ce film à l'ambition gigantesque, Interstellar place l'homme plus haut que tout.
Tout comme le film de Cuaron, Gravity, l'appuie dans son final absolument terrassant. (Un processus de renaissance résumant la naissance de la vie et son processus d'évolution, feu, eau, terre jusqu'à l'humain se dressant sur ses jambes). Chez Nolan également, l'espoir s'appuie sur un amour absolu de la vie, défiant toute les lois et ouvert au courage ultime. Celui de chercher son salut au delà de toutes les limites.
En cela Interstellar entretien plus d'une connection avec le film Contact (1997), véritable conquête spatiale sur le fil d'un émouvant processus de deuil, signé Robert Zemeckis avec Jodie Foster et ... Matthew McConaughey.
Que dire encore une fois de la mise en scène de Christopher Nolan. Sublimée par un transfert Blu-ray dantesque, elle offre des séquences d'une beauté inouïe. La séquence du trou de ver (un espace de contraction de l'espace-temps offrant un prodigieux raccourci), monté de main de maître, est vertigineuse.
Un instant de pur éblouissement.
Le passage du format scope à l'Imax se fait harmonieusement et avec sens. Encore une grande leçon de cinéma. Et un clair message d'adieu à nos rêves consuméristes.
Gigantesque spectacle, plus que jamais nécessaire.
Francisco,
Nolan Odyssée
Sens caché
Memento
Chroniques Nolan
2014
2H50
LE BLU-RAY : Une forme d'absolu du Blu-ray. Détails, couleurs, matière, tout est à la fête. Les passages en Imax ouvrent un espace infini en affichant glorieusement un niveau de définition interstellaire. Le retour au scope doit se contenter du top de la HD. Sur une telle base, L'uspcaling UHD met à genoux.