KINGDOM OF HEAVEN (v. longue) the perfect knight
Épique Aventure Parcours initiatique
Ridley Scott
*****
Le plus beau film réalisé sur les croisades à ce jour.
Je l'affirme haut et fort, même si je sais que je m'attaque ici à un des films les plus sous-estimés du papa de l'encensé Gladiator et du sévèrement bâché Exodus Gods and Kings. Depuis son premier film Duellistes (1977) Ridley Scott s'affirme en esthète, amoureux fous de la belle image, et c'est pour ça qu'on l'aime, ici, dans les gigantesques bureaux des Chroniques Ciné de Francisco. Le travail de titan accomplit ici sur les costumes et les décors est admirable. L'amplitude de la mise en scène, riche en plans d'ensemble, couplée à la rigueur du montage offrent d'extraordinaires scènes de batailles délivrées comme d'authentiques moments de poésie. Du grand art. Le regard du poète Scott s'affirme ici, prenant de l'altitude vis à vis de ce cinéma bas de plafond qui finira par s'imposer après le triomphe des missiles couillons mais efficaces de chez Marvel. Kingdom of Heaven, c'est un peu le dernier adieu au cinéma épique comme on aimait gamin. La dernière épopée dans les pas d'un preux, noble et courageux chevalier. Du très grand spectacle qui nourrit autant l'oeil et le coeur que l'âme du spectateur.
Côté acteurs, on pratique aussi la haute-couture :
La présence élégante du jeune Orlando Legolas Bloom (sévèrement critiquée par les détracteurs de ce grand film) convient parfaitement à ce parcours initiatique. Fraîchement échappé des Terres du Milieu, l'ex elfe du Seigneur des Anneaux construit habilement un personnage d'abord fragile, rongé par le deuil. Une figure noble qui gagnera en épaisseur et autorité au cours de son périple. Ridley Scott, en bon charpentier, a su bien entourer ce jeune bleu de manière à ce que l'ensemble reste suffisamment couillu et glorieusement cinémascopé.
Caché derrière son masque, Edward Norton en roi Lépreux, impose sans peine son talent par le simple timbre de sa voix et l'inclination subtile de sa noble silhouette. La divine Eva Green envoie du lourd coté charme ténébreux. Quant à Ghassan Massoud, l'interprète de l'immense chef de guerre qu'était Saladin, la puissance de son regard terrasse tous ses partenaires. N'oublions pas de saluer les présences discrète mais ô combien efficaces de Jeremy Irons et David Thewlis et délivrons une mention spéciale à l'essentiel autant qu'immense Liam Neeson ! l'éternel Oskar Schindler irradie de sa présence atomique toute la première partie de ce grandiose métrage. Grand seigneur, il embarque dès l'ouverture ce grand tout vers des hauteurs où l'air est forcément pur et vivifiant. Et puis alors, il sera aisé de vous délecter d'un de ses bad-guys qu'il fait bon haïr : Marton Csokas (The Equalizer) dans le rôle de l'infâme, ignoble, cruel, sadique et tout pourri Guy de Lusignan.
Du bleu des forêts glacées à l'ocre du désert la richesse des couleurs est idéalement restituée par le Blu-ray. Si les noirs manquaient clairement de profondeur sur le Blu-ray lisse et fade sorti en France ce défaut est totalement corrigé sur l'édition Ultimate disponible chez nos amis anglais depuis 2014. Sur cette précieuse galette une director's cut roadshow version offre même une présentation propre aux péplum à l'ancienne avec ouverture et intermède au centre de ces 3h15 de grand cinéma. Mais l'atout principal reste ce transfert respectueux de la patine argentique avec un grain finement géré, un niveau de détail vraiment réjouissant et des contrastes solides. Un régal pour savourer la prodigieuse direction artistique de l’ensemble.
Superproduction d'une intelligence rare, Kingdom of Heaven est à marquer d'une pierre blanche dans la filmographie du réalisateur de Blade Runner. Par la finesse du traitement et le souffle universel qui le traverse ainsi qu'au fil des revoyures, je le place même au-dessus du cultissime Gladiator.
L'air de rien le film est sorti durant l'ère Bush et la dénonciation de la belliqueuse politique américaine est ici évidente. Aujourd'hui, avec Donald nous préparant l'apocalypse, cette belle parabole sur l'intégrité et la l'humilité face à la vacuité du pouvoir et l'expansionnisme ravageur acquiert une dimension supplémentaire. Un phénomène propre à toute oeuvre visionnaire...
Francisco,
Philo
King
The Beauty of
2005
3H10 Director's cut
Le Blu-ray Un niveau de détail qui écrase le dvd. Les contrastes franchement faiblards du Blu-ray France ne sont plus qu'un lointain souvenir. Cette version zone free offre le meilleur transfert possible. Respect du grain, traitement des couleurs conforme à la vision en salles. Pour les fans le rachat s'impose... (Sous-titres français dispos)