LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD, cool fiction

Balade nostalgique planante et électrique 

Quentin Tarantino                                                        

***** 

 

 

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 - Hey! You're a good friend, Cliff. 

- I try.

 

 

Quand la magie du cinéma restaure toutes les vibrations des sixties, célèbre les amitiés indestructibles, ressuscite une étoile foudroyée, flanque une jouissive dérouillée au fait-divers et change le cours de l'histoire alors seulement s'inscrit sur l'écran le "Once upon a time..." et ce film virtuose et follement généreux de m'abandonner ainsi, le sourire aux lèvres, murmurant mon habituelle petite formule "Merci m'sieur Tarantino"

 

Puisque le film est sorti depuis bientôt un an, commençons par évoquer, en une phrase, toute la matière visuelle et sonore conservée aujourd'hui dans l'écrin de ce qui restera, à savoir un magnifique Blu-ray : La sublime patine argentique aux couleurs chaleureuses et à la bande son débordante de générosité sur le lit d'une définition atomique enflammant ce transfert Blu-ray achève de faire de cette balade dans l'Hollywood intime de maître Quentin une authentique élégie toute entière dévouée au culte de la fiction et des mythes et figures miraculeuses qu'elle engendre ... Je pourrais m'arrêter là et vous laisser faire la balade mais j'ai envie de me confier un peu plus. Vous dire que j'ai revu Once Upon... , hier soir, avec une jubilation proche de l'orgasme.

C'est une oeuvre de fétichiste, tellement riche en détails et références que je l'ai encore plus appréciée qu'à sa découverte en salle. Oui, comme tout le monde l'a écrit, c'est bien "une déclaration d'amour " (et d'adieu) au cinéma hollywoodien d'avant l'ère du doute et de la désillusion. Le cinoche sur lequel a fleuri l'inspiration du réalisateur culte de Reservoir Dogs et Pulp Fiction. Celui de 1969. Juste avant le massacre de Sharon Tate et ses amis par la tribu d'allumé(e)s du gourou Charles Manson. Un fait divers d'une violence insoutenable qui allait signer la fin du Love and Peace et du Flower Power.

 

Ce qui captive rapidement l'amoureux du cinéma et le plonge dans une "feel-good" hypnose c'est la reconstitution admirable de toute l'ambiance et l'univers du Los Angeles de 1969. Les sublimes décors chiadés jusqu'au moindre détail, les costumes, bagnoles (près de 2000 voitures anciennes louées pour le film !), enseignes lumineuses, bande-son, pubs, extraits d'émissions, films et séries, font de cette chronique d'acteurs, actrices et hommes de l'ombre sur le déclin ou aux portes du rêve un chant d'amour totalement électrisant et à la nostalgie déchirante. 

Tout vit. Tout vibre. Images, sons, musiques (quelle BO, encore une fois) Bienvenue sur la planète Tarantino !!! On voudrait s'acheter un paquet de Red Apple mais même ça c'est une marque imaginaire. Alors, on n'a qu'une seule envie : y retourner pour tout fumer.

 

 

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Le cinéma de Tarantino est comme Django. Libéré de toutes chaînes. Il prend le meilleur des maîtres et emmène le tout à une hauteur stratosphérique. Ici, il délivre un film qui respire à pleins poumons. Une oeuvre totalement libre, qui prend son temps, flâne, et se nourrit de sa propre poésie.  En témoigne ces longues minutes à pleine vitesse où, sublime envolée, Brad traverse, au volant de sa superbe Volkswagen Karman Ghia le décor nocturne et luminescent de ce songe Tarantinesque jusqu'à une caravane garée "de l'autre côté du miroir" d'un Ciné Drive-in... Plaisir fétichiste toujours, bagnole toujours (fabuleux outil de travelling) et auto-citation, nous retrouvons également la Cadillac DeVille de son boss et pote Di Caprio qui roulait déjà dans Reservoir Dogs.

 

Avec son intrigue libre et aérienne, Once upon a time in Hollywood nous promène entre potes et fait ainsi partie de la tribu des films "où l'on se sent bien" et que je vais certainement revoir tous les trois ou quatre ans. Parce qu'il fait parti des oeuvres à infusion lente. Film hommage et film mémoire, Once Upon... laisse résonner l'écho de toute la filmographie du réalisateur,  assumée comme oeuvre de fiction. Western, polar, jusqu'à rejoindre, dans son rythme et son spleen discret, le magnifique et mélancolique Jackie Brown, feel-good polar tout aussi nostalgique réalisé 22 ans plus tôt. Ce retour à la rêverie et au calme boucle la boucle et souligne la cohérence du parcours de Tarantino. Ce virtuose de la synthèse et de l'hommage, dynamite ici jusqu'à ses propres références pour nous offrir, sous ses airs de "balade à la cool" une oeuvre majeure baignant encore dans les lumières d'un feu d'artifice absolument unique dans l'histoire du cinéma.

 

Tarantino est un ogre de cinoche qui a ressuscité des pans entiers du cinéma de genre à lui tout seul. Des films de sabre à la Blaxploitation en passant par le western et le film de guerre. Souvent imité, jamais égalé. Pour cousiner avec lui voire le citer correctement il faudrait posséder son encyclopédique culture ciné et musicale. Car, oui, pour moi Quentin est un pur génie. Ici, plus qu'à un genre, il redonne vie à toute une époque. Once Upon a Time sort du cadre tout en délivrant le meilleur du cinéaste. J'ai plongé avec délice dans ce bain de jouvence magnifiquement écrit, réalisé et photographié. D'une fluidité exemplaire, sous la houlette de son admirable chef-op Robert Richardson (fidèle au poste depuis Kill Bill) la mise en scène multiplie de somptueux plans-séquence et mouvements de caméra. Travellings et mouvements de grue jamais à l'épate ou tape-à-l'oeil mais toujours élégants. Une virtuosité sans esbroufe, respirant la maitrise, qui embrasse l'oeil et prend littéralement le spectateur dans ses bras.

 

 

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Once Upon est ainsi une cool fiction, déroulée comme une partition de jazz, peuplée de figures mythiques. Soulignons l'irrésistible apparition de Damian Lewis en Steve McQueen. Une présence essentielle au coeur d'un film qui ne cesse de lui rendre hommage en érigeant de nouveau la "coolitude" au rang d'art. Au milieu d'une foule de personnages irrésistibles trône le plus charismatique et sympathique duo de cinéma de ces dernières années Pitt/Di Caprio. La star en mal de reconnaissance protégée par sa doublure et ange gardien (duo directement inspiré par l'amitié indissoluble qui lia toute sa carrière Steve McQueen au cascadeur Bud Ekins) L'alchimie entre ces deux immenses acteurs inonde la pellicule et nous console instantanément du triste défilé de stars d'un jour plombant le cinéma actuel. Les vraies stars existent encore ! Ces deux là en sont la preuve vivante. (Côté révélation, mention spéciale à la petite Julia Butters, une gamine incroyable qui, du haut de ses dix ans, le temps d'une scène cultissime, volerait presque la vedette à Di Caprio) La cinquantaine radieuse, Brad Pitt incendie l'écran de son charisme tranquille aux côtés d'un Di Caprio exhibant divinement failles et fragilités avec un sens de l'acrobatie psychologique digne des plus grands.  En parallèle les apparitions angéliques de Sharon Tate incarnent toute l'innocence d'un âge d'or menacé. Portée par la magnifique, Margot Robbie (rarement aussi bien filmée) l'actrice n'a aucun mal à jouer les muses d'un univers aussi fascinant qu'artificiel s'éclairant à la lumière d'étoiles aux carrières éphémères. Accompagner ces trois magnétiques personnages offre déjà un ticket pour le paradis.

 

Le charme, rien que le charme. 

Grand directeur, voir "libérateur" d'acteur, Tarantino sublime ces suprêmes belles gueules de cinoche pour en faire l'ingrédient premier de son film. Sous sa plume l'écrivain-réalisateur les capture dans le lasso de son fil narratif pour mieux les libérer dans un final grandioseCe monde tourne et palpite autour de personnages bataillant pour continuer à exister. Encore une fois, nous réalisons que la balade nous a embarqués dans le tourbillon d'un récit en spirale.

Pour qui sait se laisser capturer le bonheur est complet. Parce qu'évidemment, "l'indolente intensité" avec laquelle s'enchaîne ces "séquences nostalgie" royalement emballées et aux dialogues miraculeux repose sur la présence de la tribu Manson et l'acte traumatique à venir. Une "imminence" de l'horreur qui confère à la divine légèreté de l'ensemble une vraie gravité. Jusqu'à ce que, dans un hallucinant, ultra-violent et jouissif bras d'honneur, Tarantino sauve le monde. 

Il était une fois... Tarantino !

 

 

 

 

Francisco, 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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McQueen & Bud Ekins

 

 

Traverser le décor                                                             

 

 

 

 

Vous avez 10 mn ? 

 

 

 

 

 

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2019

 

2h40

 

LE BLU-RAY    "... Une sublime patine argentique aux couleurs chaleureuses et à la bande son débordante de générosité sur le lit d'une définition atomique achèvent de faire de cette balade dans l'Hollywood intime de maître Quentin une authentique élégie toute entière dévouée au culte de la fiction et des mythes et figures miraculeuses qu'elle engendre ..."

 

 

Director:

 Quentin Tarantino

 

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14/06/2020
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