COEURS NOIRS - Série
Série Guerre Drame
Corinne Garfin Dang Thai Duong
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Ouais, ça y est.
On tient enfin, grâce à Coeurs Noirs, une série française guerrière qui tient debout toute seule et envoie du bois ! Je suis bien resté scotché, six épisodes durant, dans les pas d'une unité spéciale chargée de capturer les combattants français de l'Etat Islamique. Représenter de manière efficace et crédible le théâtre de la guerre en Irak avec une ville de Mossoul encore sous la coupe de Daech il fallait assurer le job. hé bien, chers lectrices et lecteurs adorés, j'y ai cru. Il y a bien quelques petits ventres mous en milieu de parcours mais globalement ça en jette. Good job à tous les étages.
Mission accomplie !
Ils l'ont fait.
Parce qu'une bonne série c'est d'abord une écriture et des personnages solides on peut saluer le travail des créateurs Dang thai Duong et Corinne Garfin, tandem de scénaristes ayant déjà accouché du cultissime Bureau des Légendes (série que je n'ai toujours pas regardé mais dont on m'a dit le plus grand bien). Le côté "Band of brothers" marche à fond. Les épisodes filant, on s'attache de plus en plus aux hommes et femmes de ce commando. Sur les deux derniers épisodes de la saison, on peut même aller jusqu'à dire que l'on "tremble" pour eux.
À leur tête quelques vétérans du petit et grand écran comme Nicolas Duvauchelle, Martin, qui impose sans mal son autorité (parfois hors protocole) avec une tenue et une sobriété exemplaires. Marie Dompnier, vue récemment dans Boîte noire, Les Choses Humaines et révélée dans la série Les Témoins est totalement crédible dans le rôle d'Adèle, femme de stratège et combattante qui n'est pas sans évoquer la noble figure de Jessica Chastain dans Zero Dark Thirty. Rien que ça.
Tewfik Jallab dans le rôle de Rimbaud bouffe l'écran et la jeune Nina Meurisse, épatante dans le biopic dédié à la journaliste "Camille" Lepage, se retrouve de nouveau comme un poisson dans l'eau en zone à haut risque avec le rôle d'une snipeuse first class.
Mais bon, faudrait toutes et tous les citer et ce serait un peu chiant à lire. Aussi j'adresse un grand bravo à l'ensemble casting dans lequel aucun ne fait tache. Et dans une série française, une telle direction d'acteur ça s'arrose !
Direction d'acteur, mise en scène.
La transition se fait toute seule. Parce que, oui, la forme est olympique ! Il m'a suffit de quelques minutes pour comprendre que la réalisation n'avait pas été confiée à un tâcheron. Découpage, cadrages, photographie, l'image est à tomber. On peut voir planer l'influence majestueuse d'une Kathryn Bigelow, d'un Villeneuve ou même d'un Ridley Scott époque Black Hawk Down. Carrément. On sent bien que ce n'est pas le même budget mais tout ça a franchement belle allure. Et ce, de jour comme de nuit.
Les scènes d'action, ultra-graphiques, serrées, précises, jouant aussi les plans-séquence et les cadres en courte-focale jouent à fond l'immersion. Pas de caméras secouées dans tous les sens et placées n'importe où. Les affrontements clouent au canapé et font grimper la tension grâce à un montage d'horloger. Ces six épisodes d'une impériale première saison (le final oblige à une seconde) maintiennent le niveau puisque c'est le même réal qui gère l'ensemble. Une garantie de cohérence visuelle toujours bienvenue. Ce méga-pro se nomme Ziad Doueiri. Retenez bien son nom, cet artiste sait ce que c'est que de raconter une histoire et embarquer le spectateur au coeur du combat.
Son cv aligne les remarqués Lila dit ça et L'attentat, mais aussi les séries Dérapages et Baron Noir. Du lourd. De l'efficace. Du qui fonctionne. Venant d'un mec qui a été premier assistant caméra sur Jackie Brown on ne peut attendre que de grandes choses.
Direction artistique Costumes, décors, rien à redire non plus. Tout fait vrai et donne chaud. Coeurs Noirs a été tourné au Maroc, nouvel Eldorado du cinoche pour les films de guerre. On s'y croit. L'atmosphère est là. Bien tendue. La menace plane. Le climat est bouillant.
Alors si tout ce bel ensemble se déploie aussi joliment et que chaque mission n'est jamais prise en défaut de crédibilité ce n'est pas grâce à la chance. C'est le résultat d'un énorme travail de préparation. Documentation, conseils et formations ont été largement appuyés par l'armée. La Grande Muette a clairement collaboré au projet. Sur chaque séquence un conseiller technique veillait à l'authenticité de chaque action. Et ça se sent. Actrices et acteurs ont pas mal transpiré avant les trois mois de tournage en suivant un entrainement de pro. Chaque geste technique est totalement maitrisé par l'ensemble du casting. C'est beau à voir dans une production française. Avis aux tâcherons et aux fainéants : le travail, ça paye!
Coeurs Noirs en offre la preuve éclatante.
À présent on va tous croiser les doigts pour qu'une deuxième saison soit confirmée (c'est quasi acquis) mais surtout qu'elle se poursuive.
Vu le bagage en soute, il y a matière à quatre cinq saisons pour voir grandir cette galerie de combattants profondément humains et soudés par l'esprit de corps. Coeurs Noirs, série dense et prenante, a l'immense mérite de rendre hommage à celles et ceux qui se mettent en danger pour notre sécurité car la lutte contre le terrorisme commence souvent loin de notre territoire. Une guerre sans fin s'appuyant sur la science du renseignement et l'art de l'anticipation. Traquer le mal et le débusquer à la racine implique de grands sacrifices. Ce travail confié à des héros totalement anonymes méritait bien un "Band of Brothers" à la française. C'est fait et ça a de la gueule.
Bravo.
Francisco,
Dispo sur Prime
2023
6 épisodes entre 50mn et 1h
Réal
Ziad Doueiri | ... |
Création - scénario
Thomas Rio | ... | (3 episodes, 2023) |
Dang Thai Duong | ... | (creator) (unknown episodes) |
Corinne Garfin | ... | (creator) (unknown episodes) |
Sophie Maurer | ... | (1 episode, 2023) |
Casting
Nicolas Duvauchelle | ... | Martin |
|
Thierry Godard | ... | Colonel |
|
Marie Dompnier | ... | Adèle |
|
Nina Meurisse | ... | Sab |
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Moussa Maaskri | ... | Zaïd |