LA MULE, "it's just time is all"
Portrait Feel good movie Polar
Clint Eastwood
****
Je me disais déjà que c'était un bon signe ...
Un film d'Eastwood qui sortait au cinoche le jour de mon anniversaire. Le fait est que La Mule est un cadeau. Je trouve là-dedans tout ce que j'aime. Une écriture sans fioritures. C'est limpide, drôle et profondément touchant. Une réalisation aussi sobre qu'impériale. Clint a toujours su où placer une caméra sans avoir à jouer l'épate. Une photographie ultra-chiadée : signée du Québécois Yves Bélanger (Wild, Demolition, Dallas Buyers Club) on jurerait un tournage sur peloche.
Et puis... au milieu de l'histoire vraie d'un noble vieillard jouant les mules pour le cartel mexicain trône l'icône. Une décontraction à toute épreuve, semblant s'amuser du grand âge. Qu'il est bon de voir un grand monsieur qui n'a plus rien à prouver enchaîner avec élégance les doigts d'honneur à la bienséance et la bien-pensance. Parce-que même si le film véhicule la bonne vieille morale de "la famille c'est le plus important", ne nous y trompons pas, ce qui fait le spectacle est bel et bien l'aspect fondamentalement azimuté du personnage.
Son vieux bonhomme n'a rien de lisse.
Personnalité délibérément solitaire, égoïste mais au coeur vaillant et grand ouvert, Earl Stone est un type injectant de la comédie dans le plus cruel des milieux. Ce qui pourrait virer à la énième histoire d'un mec plongé dans l'univers impitoyable des trafiquants de drogue devient alors un feel-good movie délicieusement décalé.
Cette figure mythique ultra-burinée, quasi statuaire, hors du temps, traverse le plus violent des mondes en fredonnant de la bonne vieille Country et quelques balades jazzy (De willie Nelson à Dean Martin en passant par Hank Snow et Roger Miller) sublimant la route. Et quand je dis sublimer la route ce n'est pas une vaine expression. Because La Mule, sous ses airs de road-movie pépère, ressuscite aussi cette Amérique des grands espaces taillée pour le cinémascope. Les plans larges qui régalent la rétine s'enchaînent comme à la parade (vive le Blu-ray !). Clint fait encore du vrai cinoche à l'heure où les séries ont conquis le pays. Et ce respect du grand écran irrigue tout le film.
La Mule c'est le triomphe de la nostalgie. Un très grand film qui avance humblement de la première à la dernière image. Je crois que ça, c'est la définition de la classe. Dommage qu'Eastwood, l'acteur, n'ait pas signé ses adieux à l'écran ici plutôt qu'avec le fragile Cry Macho, trois ans plus tard. Mais j'imagine qu'on ne traverse pas 7 décennies de cinéma sans être immortel.
Francisco,
Clint Chroniques
2018
1H55
Le Blu-ray Tout est au vert. Précision, couleurs, contrastes, c'est nickel
Director:
Writers:
Sam Dolnick (inspired by the New York Times Magazine Article "The Sinaloa Cartel's 90-Year Old Drug Mule" by), Nick Schenk
Stars:
Clint Eastwood, Patrick L. Reyes, Cesar De León | See full cast & crew »
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