LE CRI DU CHAMEAU 11ème et dernier épisode de la saison 3
Et je réalise soudain que la nuit,
sous les arbres,
on peut entendre la mer
Fanny-Trois-Dents avait perdu la vue au cours du dernier hiver.
Elle regardait se déployer un vol d'oiseaux aux ailes jaunes lorsque brusquement tout s'obscurcit. Elle aurait pu s'égarer et appeler à l'aide mais elle vivait seule dans la vallée et son solide bon sens l'empêcha de céder à la panique. De mémoire elle laissa ses pas la guider jusqu'à chez elle.
Le feu somnolait encore dans l'âtre. Elle souffla doucement et une fois réchauffée, attendit que le rythme de sa respiration se soit apaisé. À tâtons, elle se dirigea alors vers l'endroit où Red Kiss Buffalo avait laissé la corne. Elle se dirigea ensuite vers le perron et lorsque la fraicheur du dehors la saisit au visage elle souffla de toute ses forces. Plusieurs fois pendant de longues minutes. Deux heures plus tard le vieux chasseur la rejoignait. Il s'installa ce jour-là à demeure et veilla tendrement sur sa plus vieille amie. Il avait désormais quelqu'un pour qui chasser.
Ce jour-là elle entendit que son fidèle compagnon ne rentrait pas seul.
C'est au rythme de son pas qu'elle reconnut l'enfant d'autrefois. Alourdi par les ans, adulte, mais dicté par la même ponctuation. Celle de ceux pour qui tout est là et pour qui rien ne presse. Son coeur s'ouvrit tout grand. La présence d'un être grandit mais ne change pas. L'enfant était toujours là. Pourtant, quelque chose se pinça en elle. Elle venait de ressentir la vague d'un mouvement inquiet. Un courant froid dans l'élan. Le Roi Souffleur l'avait enlacée avec comme l'écho du tonnerre au loin. Une symphonie lugubre résonnant aux portes d'une nuit sans fin. Une marée de présences fantômes et fébriles. Celle de milliards d'âmes inquiètes.
L'indien et lui s'installèrent près du feu. Elle écouta attentivement. Le Roi, le premier, ouvrit le dialogue.
- Elle a déployé ses ailes. Son ombre couvre plus que les territoires de la dernière grande guerre.
- Je l'ai perçue jusqu'ici, répondit l'indien.
- Ici et là, dans le coeur des enfants jusqu'aux vieillards, elle développe ses pleines dimensions. Pour la première fois depuis presque un siècle, l'Obscur Ennemi gagne sur la lumière, Red Kiss.
- La Bête Immonde...
- Oui, la Bête Immonde. Plus féconde, ivre et rapide qu'avant. Ses miasmes n'ont jamais été aussi contagieux. Elle séduit des imbéciles jusqu'aux esprits les plus éclairés. Elle s'étend sur un monde que je ne me résous pas à quitter.
- Tu restes pour les Justes.
- Je reste pour Les Justes.
- Tu le sais, La force des Justes se nourrit aussi de l'ombre, énonça Red Kiss Buffalo. Ils sont peu nombreux mais ce sont d'immenses guerriers.
- Je constitue une armée, mon vieil ami. Mais je peine à rassembler comme à reconnaître les traces et les formes de l'Obscur.
- Alors, tu cherches un bon pisteur.
- Le meilleur
Le rire de l'indien laissa ensuite le silence prendre ses aises.
Il épousa le crépitement de l'âtre.
Un long moment.
Puis la voix calme du vieux chasseur couvrit de nouveau celle du feu.
- J'ai perdu en vigueur depuis le grand départ de Willard. Je ne suis plus le chasseur d'autrefois. Je constate à chaque lune "Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils"
- J'aime quand tu cites les mots du grand Charles. Une de mes plus brillantes étoiles.
- Tu as les armes, mon Roi. Et tu as tes Anges. Rien ne disparaît. C'est le jeu du jour et de la nuit. Tu dois garder confiance en la loi du temps. Même cruelle il coule comme un torrent et se délivre parfois en eaux calmes. L'ombre succombe aussi au jour nouveau.
- Je suis là pour le grand récit, Red. L'auteur lui-même ne peut plus nous protéger. Je dois m'assurer que tout restera ouvert à la fin de son ouvrage.
L'indien traça alors de ses bras un grand cercle imaginaire autour de lui.
Puis il rassembla ses mains en coupe et jeta au feu l'invisible fruit de son rituel.
La cheminée s'embrasa plus fort encore, projetant dans sa danse furieuse de longues ombres bleues.
- Regarde, regarde bien, c'est ainsi que l'espoir résiste.
Le rond visage du Roi Souffleur retrouva son sourire.
- À ce combat, accepteras-tu de m'accompagner?
L'indien observa les flammes le temps d'un long poème. Son front s'inclina en signe d'accord.
Fanny Trois Dents distinguait à présent la silhouette du Roi Souffleur ouvrant la main dans sa direction. Puis elle vit le feu et ses ombres danser dans les hauteurs de la charpente. Ce fut comme si son coeur remplissait tout l'espace intérieur de son corps. L'explosion d'une joie totale. Celle du retour au seul monde qu'elle connaissait. Mais un retour plus attentif.
Le Bus des Éprouvés fait une halte.
C'est une petite installation faiblement éclairée.
Une station service déposée comme une luciole au pied de l'obscure majesté des montagnes. En levant le nez le spectacle est grandiose. C'est une nuit étoilée comme Hugo les aime. Une nuit qui ressemble à celle de son monde.
Anna dort profondément. Il ne veut pas la réveiller. Il descend et file sous les arbres fumer une cigarette. Un vice délicieux auquel il adore succomber. Observer la frénétique et permanente métamorphose des volutes meuble divinement toute attente et le soulage du poids de ses pensées. Il fume peu, aussi certaines lui filent parfois le tournis et lui flanquent même des suées. Il éprouve alors la charge de son corps physique. Si lourde. Plus lourde que là d'où il vient.
Les ombres des passagers se déploient à l'intérieur et autour du magasin de la station. Une pause café bienvenue après un tour du pays à recueillir les âmes les plus proches des abysses. Leurs silhouettes fatiguées, parfois usées, se meuvent lentement. Seuls, par couple ou petits groupes de trois ou quatre. Pas plus. Parmi eux, celui qui se fait appeler "Caféfilo". C'est le plus bavard. Un vieux type à la gueule à moitié démolie du côté droit. Il marmonne en permanence. Il s'approche d'Hugo qui répond avec un sourire et un hochement de tête à la mitraille de ses pensées livrées en vrac.
Cela donne à peu près ça :
- Le monde est une sculpture gigantesque et nous sommes tous des bonshommes de pierre, hé ouais... Les heures sont comme les gonzesses, impossibles à saisir... La victoire de Joyon sur Gabart c'est le triomphe du monde ancien, la hargne du bon vieux briscard sur les bateaux volants! Facebook c'est la grande braderie de la réflexion!
Puis des choses plus sociétales et culturelles comme :
"Le cinéma, bande de branleurs, a vendu son âme pour flatter le beauf ou vernir un auteurisme ultra-consensuel ! ou encore " Toute dynamique d'entreprise ne délivre qu'un seul putain de message. C'est un putain de message paradoxal qui sert à rendre le salarié à moitié dingue et totalement soumis. Ce putain de message se résume à : Ferme ta gueule mais sois innovant!"
Il fait parfois même dans l'annonce à caractère universel :
"Dieu s'est retiré pour vivre à Rennes et vendre des Falafels"
Ainsi de suite.
Un chroniqueur en totale roue libre. Tout y passe. Ça ne s'arrête presque jamais. Et il faut reconnaître que la plupart de ses exclamations méritent réflexion.
Par chance, dès que le bus repart, il se remet aussitôt à pioncer.
Et puis il y a Claude qui s'acharne à déclamer à haute voix tout un tas de résultats sportifs. Et puis Sophie qui hausse les épaules à chaque réflexion des uns et des autres.
Mais Toute idée et tout rituel valent le coup tant qu'ils permettent de rester à flot, pense Hugo.
Et tout ce petit monde aux esprits sans frontières rejoint le village de Souligny-sur-Orge où une population de poètes a décidé de les accueillir et de les "remettre droit debout" selon les bons mots de Jean-Louis, maire de cette étrange commune. Un grand fumeur au dents gâtés mais à l'humour vif et à l'esprit étincelant. Souligny ne figure sur aucune carte, n'était reconnu par (presque) aucun GPS. Et pourtant plus de 500 âmes y vivent. Francisco leur a confié l'adresse.
C'était le soir où, Anna et lui décidèrent finalement d'aller sonner à sa porte.
Avant que la porte ne s'ouvre, les chiens étaient déjà derrière. Eux aussi ont trouvé leur place dans le grand récit. Un petit malin de Jack-Russell à la queue frétillante et un adorable couillon de lévrier fourrant son museau dans le cul de tout le monde. Scott et Val. Nul besoin de se parler. Francisco retrouvait le chevalier de garde de son enfance, plusieurs mois après leurs retrouvailles au Hameau de l'inspiration perdue.
Ensemble, en compagnie de sa magnifique épouse, troublant sosie d'Anna, ils passèrent tous les quatre la soirée à raconter leurs voyages et leurs épreuves et à lancer des tas d'idées neuves pour la suite qu'il restait à écrire. Francisco évoqua alors cette création du "Bus des Éprouvés" capable d'embarquer les plus désespérés. Les conduire là où l'attention et le labeur portaient leurs fruits. Tous y travaillaient leurs jardins à leur convenance. Francisco semblait persuadé que chacun y développerait sa propre religion du quotidien. La seule qui vaille.
Derrière ce désir de soulager la peine des femmes et des hommes cassés, il confia sa défaite de bénévole quand après trois ans à servir des repas chauds aux invisibles de sa ville, il s'était senti envahi par un lâche et irrépressible besoin de les fuir pour aller se replier dans son monde. Il avait perdu un soir patience et oublié la mesure face à deux types bien torchés qui avaient décidé de foutre le bordel. Il n'avait pas su trouver les mots et avait gueulé avec rage. Il était rentré ce soir là avec la certitude que sa place n'était plus auprès d'eux. Il avait laissé entrer son pire dragon sur le seul territoire qu'il voulait épargner de toute sa colère d'imbécile. Il ne pouvait plus les aider.
Il n'avait plus jamais retrouvé la force de retourner auprès de ces hommes et de ces femmes se battant contre trop de folie et trop de misères. Si proches de son propre chaos.
Il portait la honte de se tenir désormais à distance de ces âmes privées de chaleur.
Il était comme la plupart des êtres de son monde.
Pris dans les glaces de l'ordinaire.
Pesait également l'obligation du quotidien.
Cette colère de devoir sans cesse plier son art aux heures raisonnables.
Cette colère qui, depuis toujours, l'épuisait.
Cette colère qui lui faisait préférer la solitude.
Comme le désolant moyen de ne pas la réveiller.
Hugo avait alors mesuré l'abîme.
Ce pont qu'il avait chaque jour à dresser pour rejoindre le quotidien.
Effort que celui-ci devait accomplir, d'un pôle à l'autre, chaque matin de sa vie.
Puiser la force de retourner au combat ordinaire.
Porté par l'amour de Puce, les mots étaient son île. Il n'avait jamais cessé de la fleurir. Mais son art ne s'épanouissait que dans la fiction. Aussi, Hugo veillait depuis toujours à ce qu'il conduise à bien ses récits. De tous, celui qu'ils étaient en train de vivre était le plus sincère et le plus ample. Il embrassait tous les horizons de son univers. Aux termes d'heures d'écritures il finissait par y trouver une forme d'apaisement véritable. Malgré tout, les ombres se pointaient aussi sous cette porte.
- Personne ne peut tuer son dragon, ajouta Anna. Il faut le garder à l'oeil et ne pas le laisser s'échapper. Il peut tout brûler comme il se plait aussi à dormir. Il fait son nid au même endroit que l'amour. Au plus chaud du coeur. On ne s'en débarrasse pas, on l'adopte.
- Tu dois continuer à écrire ce monde dans ce qu'il reste de tes heures libres. C'est à nous d'accomplir cette mission. Nous accompagnerons le Bus des Éprouvés. File-moi juste une destination.
Francisco avait déjà réfléchi à ce projet. Il quitta la table pour aller chercher un courrier reçu plusieurs mois auparavant.
- L'adresse figure au dos. C'est un village où je me suis rendu au printemps dernier. J'y étais invité. Les gens qui y vivent sont éclairés et bienveillants. Tous m'ont encouragé à poursuivre l'oeuvre de mes insomnies. Allez-y et demandez à rencontrer Jean-Louis. C'est un Vrai. Un Bon. Racontez-lui tout ça. Il vous écoutera. Il acceptera de vous aider.
- Et moi, je vous trouverai un chauffeur, lança Puce.
À cet instant, tous les quatre, ce soir-là, avaient senti combien la fiction avait délicieusement envahi cette réalité. Quelque chose capable de résister vaillamment à L'Obscur Ennemi. Quelque chose d'indéfinissable, susceptible de réjouir jusqu'aux lecteurs égarés.
Hugo écrase sa cigarette. Les arrêts ne durent jamais plus qu'un quart d'heure. Tout le monde regagne le Bus. Caféfilo gueule à plein poumons :
" On reconnait les connards au fond de l'oeil !"
Claude enchaîne
" 89-96, Houston reste au sol ! "
Sophie hausse les épaules.
Hugo attend que tout le monde soit rentré pour rejoindre sa place. En passant à côté de Grisou, le chauffeur, il l'entend maugréer
- M'est avis qu'y vont avoir du boulot, là-bas, à Souligny...
Brunner, écarte ses collègues et s'assoit face à la femme hébétée.
Il plonge son regard aux paupières de boxeur dans toute la folie qui déborde de ses grands yeux. Un regard éperdu d'où le maquillage a tracé sur ses joues des larmes sombres. Puis, délicatement, il lui saisit les mains avec un sourire.
Tout ce qui défile dans la tête de Brunner fait écho aux visions précédentes.
C'est une belle femme élégante qu'un démon a brutalement visité. Dans le chaos de cette âme cambriolée avec une violence terrifiante il entend rugir cette même présence gigantesque et monstrueuse. Quelque chose à qui on ne fout pas de menottes et qui flotte partout dans l'air comme des vapeurs d'usine. Quelque chose qu'on ne peut pas foutre en prison. Quelque chose qui écrase littéralement les plus fragiles. Les plus innocentes.
- Nous sommes dans le fond de cale de la barbarie, pense Brunner à voix haute.
La femme se met à rugir et prononçer d'étranges phrases dans une langue inconnue en s'agrippant frénétiquement au blouson de Brunner
- Qu'est-ce que foutent les secours? lance t'il
- Ils sont en route.
- Ils seront là dans une minute ou deux, répondent les collègues
Si le flic aux paupières lourdes avait affuté son art de percevoir l'invisible il aurait sans doute vu et entendu l'ange Grand-Paul s'approcher et lui glisser à l'oreille :
" Ne t'impose ni l'espace, ni le temps ni même le sens"
De ce commandement Brunner n'en perçu que l'intuition.
Tout ceci le dépassait et réclamait une révolution radicale de son système de pensée.
Même ses deux collègues remarquèrent combien son regard avait soudain gagné en force lorsqu'ils le virent accompagner la femme tourmentée dans l'ambulance.
- Comme quoi, tous les mecs qui ont une grosse bagnole et écoutent de la musique fort ne sont pas forcément des connards... chuchota l'un d'eux
- J'avoue... répondit l'autre.
- Les idées reçues, c'est le cancer de la pensée...
- Totalement, bro.
Il n'est pas anodin de préciser que depuis qu'il est Zampano Zampano aime flâner dans Amsterdam. Passer d'une rive à l'autre. Laisser filer ses jours et ses nuits le long des canaux de la vieille ville. Refaire ce chemin aujourd'hui, en compagnie de Denise, le ravit. Tout revoir aux couleurs de sa belle. C'est un spectacle neuf. Sa manière de se glisser dans ses bras quand la pluie se met à danser autour d'eux.
C'est une ville qui abrite de nombreux quartiers préservés.
Des rues où le charme triomphe.
Encore belles sous la pluie.
Refluent hors des grands boulevards tout le gras et l'épais de ce monde.
Tout est affaire de territoires. Personne n'y changera rien. C'est la loi des astres, de la lune et du soleil. Amsterdam reste encore un endroit où la vie épouse le décor. Ils savourent chacune de leur journée. Ils voyagent cette fois dans le solide de cette vie. Avec leurs corps et à la vue de tous. Alors, forcément ils s'amusent.
Denise déniche dans une friperie une épaisse chemise en velours bleue. Zampano la porte le soir-même. Il découvre à chaque fois combien il aime porter de nouvelles fringues. C'est juste qu'il n'y pense jamais et qu'il est presque impossible de lui faire quitter son vieux cuir d'ange-motard. Mais qu'il porte une nouvelle chemise et sa soirée devient une fête. Ce soir là Denise crève d'envie d'une pizza.
Et Zampano n'en finit pas de tomber amoureux d'elle.
C'est Despages, le docteur, qui les a incité à partir.
- Ce monde à désespérément besoin de fugueurs. Foutez-moi le camp tous les deux, suivez la route jusque là-haut. Vous ne serez pas si loin que ça de la forêt. Je resterai auprès de Bernard. Je lui ferai la lecture. Vous avez l'air épuisé.
Alors ils sont partis.
- Tu m'emmènes où, mon gros? demanda Denise
- Là où j'aime flâner, répondit Zampano en réveillant le fabuleux Side-car.
Là-haut, au deuxième étage de la maison forestière, le grondement du moteur fit tressaillir le corps du gros lapin.
Aussitôt s'était éclairé le visage sympathique du docteur Despages. Persuadé que le mélange d'ordre et de grâce que dégageait l'architecture Flamande leur ferait à tous deux le plus grand bien.
Bernard tressaillit de nouveau.
- C'est ton esprit qui cogne à la porte, mon petit Bernard... Tu vas passer tranquillement de l'autre côté, et tu auras encore à faire. Marmonna le bon docteur en ouvrant son bouquin.
Et pendant tout ce temps-là
À des milliers de kilomètres d'Amsterdam, à plus de 400 mètres sous la surface du plus vaste océan du globe, au centre du salon panoramique du Nautilus, entouré de Maurice Ravel et James Matthew Barrie, le capitaine Nemo observe la danse muette des sirènes.
- Voilà qui pourrait suffire à sauver le monde.
Déclame l'auteur de Peter Pan.
Nemo soupire de contentement.
Le capitaine a vraiment une drôle de tête quand il sourit ...
Pense très fort Maurice Ravel.
Fin de la saison 3
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