SULLY, le facteur humain

Histoire vraie

Clint Eastwood

****

Beau comme un chêne.

Un film solide sur un type épatant.

Loin du cinéma de branleur, Clint signe avec Sully une oeuve aussi simple qu'efficace défendant la valeur humaine qui forge non pas les stars mais les Justes et les résistants : l'intégrité.

L'histoire vraie défie l'entendement. En Janvier 2009 un vol d'oiseaux flingue les deux réacteurs de l'Airbus A320 décollant de New-York et piloté par le commandant Sully Sullenberger. En refusant de se confirmer au protocole, ce pilote au sang-froid admirable a sauvé la vie de ses 155 passagers et membres d'équipages en faisant amerrir son avion sur l'Hudson. Une prouesse technique ahurissante qui ne l'empêcha pas de se retrouver avec son co-pilote devant les enquêteurs du Conseil National de la Sécurité des Transport...

Sur cet acte héroïque qui s'est déroulé en 5 minutes, Eastwood construit son film et son récit avec une précision d'horloger, usant habilement du flash-back et de la relecture d'une même séquence sous un point-de vue différent. 1h35 au timing impérial. Pas de gras, ni de superflu. Si la scène de l'amerrissage, totalement immersive, est brillamment découpée et assure le spectacle, le portrait de l'homme est admirable.

De la haute couture porté par un véritable Gabin US. Tom Hanks. La présence, l'expérience et l'humanité de l'acteur se fondent royalement au rôle. On suit le combat de Sully avec une attention redoublée, car cet homme discret et posé fait face dignement à toute la froideur du système et l'injustice d'un procès remettant en cause une carrière toute entière. Il faut voir son regard lorsque les enquêteurs qui, sur simple tests sur simulateurs, prétendent que l'avion aurait eu le temps de rejoindre les aéroports les plus proches. Il fallait un immense acteur pour donner une telle dimension à cette séquence douloureuse qui aurait pu aisément basculer dans le déjà-vu.

Mais Sully est là. Il est là pour souligner un détail qui échappera toujours aux logiques informatiques : le facteur humain. En intégrant cette donnée les calculs et la logique perdent tout leur sens. Il fallait toute l'expérience et le bon sens de ce pilote pour accomplir ce miracle. Et les miracles échappent à toute analyse.

Sully, c'est l'humain comme seule issue. Le courage, le sans-froid et l'expérience d'un homme ont sauvé 155 vies.

Cette histoire édifiante et ce "personnage" étaient taillés pour Eastwood, fabuleux acteur et réalisateurs ayant traversé 6 décennies de cinéma américain (première apparition sur grand écran en 1955!) Il a, comme Sully, toujours assumé ses positions et imposé ses méthodes grâce à son expérience et son savoir-faire. Son immense professionnalisme force le respect. La puissance de l'artiste semble à l'épreuve du temps et des flèches de ses détracteurs. La carrière est là. Du haut de ses 86 ans, Clint n'a plus rien à prouver. Il reste le Roi Lion du cinoche américain.

Quelle filmographie!

Presque 70 rôles et 38 réalisations embrassant tous les aspects de la culture US (western, polar, love Story, buddy-movie, film de guerre, comédie, road-movie, films musicaux, biopic etc...) Des tournages bouclés en temps et en heure et sans dépassement de budget. Eastwood trace sa route et confectionne ses métrages avec l'application d'un artisan d'art s'entourant de fidèles maîtres compagnons, tel son frère d'armes et directeur photo Tom Stern qui signe, ici encore, une image admirable aux ombres profondes, alternant le chaud et les froid avec un sens aigüe du détail. Avec sa société Malpaso Eastwood rappelle, comme le fait Sully à la fin du film, que rien ne s'accomplit sans une équipe solide. Consolateur et réparateur, Sully a tout du film testament pour son réalisateur. Le portrait d'un homme ayant accompli avec rigueur et sans frime un véritable parcours de héros.

Francisco,