LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

Anticipation    Guerre     Survival               

Alex Garland

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Étrange sensation au sortir de cette séance tripale : celle d'être totalement emballé par une expérience cinématographique ultra-immersive, tout en n'ayant que peu à dire sur le fond. La raison : Civil War est essentiellement un film à ressentir, à éprouver.

Nous embarquons aux côtés d'un quatuor de journalistes et photo-reporters dans une Amérique en proie au chaos et à la folie furieuse d'une guerre civile hors de contrôle entre l'Ouest et l'Est. Une forme de survival intense et viscéral, alternant séquences de voyage aux visions insolites, tragiques et poétiques, et moments d'horreur pure. L'expérience est résolument visuelle et cinétique, mais les tableaux de cette œuvre sont ouvertement politiques.

C'est un Walking Dead sans zombies, mais peuplé d'une population fantomatique et de citoyens-tueurs décérébrés, qui tombe à point nommé dans notre sinistre époque où de nombreux États (dont le nôtre) deviennent de moins en moins gouvernables, laissant éclore les extrêmes, ferments de haine et de violence. Civil War ne parle pas seulement de l'Amérique, mais du monde d'aujourd'hui, à l'instant où le grand craquage a lieu. Cette apocalypse où l'hystérie et la haine règnent sur la nuance et l'art de débattre. Alex Garland nous l'expose ici sans autre forme de discours.

Civil War est le sinistre requiem d'une société où la voix des armes a triomphé sur la parole et la pensée. La séquence au cœur du film, avec le nazillon interprété par Jesse Plemons, l'illustre à la perfection. C'est un moment de cinéma totalement tétanisant. Sans monologues politiques assommants ou lénifiants, Alex Garland nous emmène de Brooklyn à Washington dans ce pays dévasté, où les raisons de se battre s'effacent au profit d'un déchaînement de violence total et absurde.

Au milieu de cet enfer, les reporters capturent une vérité dont le sens se dérobe. Le regard et le spleen de la journaliste incarnée par Kirsten Dunst disent tout de ce désastre moral, social et politique.

Récit d'anticipation, road-movie viscéral, le scénario volontairement linéaire enchaîne des séquences chocs que l'on reçoit de plein fouet, sans une once de discours. La mécanique est presque celle d'un jeu vidéo en monde ouvert, où la seule dynamique est d'avancer et de survivre.

Ce procédé, dans sa fluidité, est redoutable d'efficacité. Le mouvement d'ensemble est soutenu par la réalisation magistrale d'Alex Garland. Sans montage épileptique ni caméra secouée, ce spectacle glaçant est d'une tenue exemplaire, affichant des plans d'une beauté renversante de jour comme de nuit (sources 4K et 8K), cadrés avec une pertinence impeccable et photographiés divinement par son chef-opérateur attitré, Rob Hardy. Le travail sur le son, atomique, booste l'immersion, et la B.O. décalée entretient le malaise et le sentiment permanent d'horreur et d'absurdité.

Tout est en place pour un très grand moment de pur cinéma de moins de deux heures, ce qui fait un bien fou en cette période de blockbusters stupides et obèses.

De l'ouverture au final dantesque, en suivant de près ces femmes et hommes de presse "témoins", le réalisateur du chef-d'oeuvre Ex-Machina nous délivre une nouvelle mise en garde sans jamais poser de jugement sur les actions ou les personnages. Le seul discours est l'illustration de ce mécanisme de déshumanisation qui contamine le pays ainsi que l'ensemble des personnages, dont ces photographes dopés à l'adrénaline de la guerre. Difficile de ne pas penser sur ce point aux Démineurs de Kathryn Bigelow.

Qu'ils soient oppresseurs, victimes, témoins ou vivant dans le déni au cœur d'oasis de paix factices, la galerie d'humains défilant au fil du parcours offre bien le spectacle le plus désolant de notre humanité défaillante.

- Every time I survived a war zone, I thought I was sending a warning home - "Don't do this". But here we are. 

Francisco,

2024

1h50

Le Blu-ray                  Une tuerie ! claque visuelle absolue

Directed by 

Writing Credits  

Cast (in credits order) complete, awaiting verification  

	Nick Offerman	...	President
	Kirsten Dunst	...	Lee
	Wagner Moura	...	Joel
	Jefferson White	...	Dave
	Nelson Lee	...	Tony
	Evan Lai	...	Bohai
	Cailee Spaeny	...	Jessie

Full cast & crew