MIAMI VICE, manifeste artistique
Polar Épure
Michael Mann
*****
Pur "ravissement" cinématographique.
Miami Vice. Première oeuvre intégralement numérique HD de "l'orfèvre" du polar Michael Mann !!!
Assumant jusqu'aux rugosités du bruit vidéo dans les scènes nocturnes, le réalisateur livre ici son oeuvre picturalement la plus aboutie et sans doute la plus "expérimentale". Lumières et compositions d'une perfection ahurissante. Sens du "décadrage" novateur. Niveau de détail dans l'image totalement immersif. Seul support digne de vendre cette oeuvre trop souvent survolée, le Blu-ray restitue idéalement la photographie "agitée" et riche en matière de ce métrage hallucinant et "halluciné".
Échappées quasi "Malickienne " sur un océan sombre balafré par l'écume des bateaux offshore (version longue), paysages d'aubes et de crépuscules orageux d'une précision hypnotisante grâce à l'ouverture des capteurs HD. Scènes d'action chorégraphiées à la perfection.
La description savante des procédures d'infiltrations, affuts, filatures et interventions témoignent, comme de rigueur chez ce cinéaste de l'obsession, d'un travail de documentation d'une extrême précision. Dieu aussi est dans les détails. Les grands films s'en nourrissent.
Car il s'agit bien d'une oeuvre de maitre. Les personnages y sont campés comme des icônes et l'amour y est l'ennemi le plus dévastateur. Encore une polar-tragédie dont le réalisateur du Solitaire et de Heat a le secret.
Réalisme de l'action
Romantisme visionnaire de l'auteur.
Totalement incompris à sa sortie, Miami Vice est une oeuvre en avance sur son temps. Un cinéma de la "sensation" avant celui du récit. L'enquête assume d'ailleurs un parcours totalement déceptif puisque la notion de dénouement sera ici totalement torpillée. Miami Vice s'affirme comme un polar respectant à la fois les codes et enjeux propres au genre mais les amputant, avec la même application, de la notion de résolution. C'est une oeuvre sans "libération".
Les figures principales ici sont autant sublimées que "piégées".
En cela ce film reste d'une absolue modernité.
Raconter "que rien n'avance"" pour tout dire de notre impuissance à enrayer cette entropie criminogène qui gouverne les grands mouvements du monde. Au-delà du triomphe de la forme et du luxe de la mise en scène l'absurde triomphe. C'est le vortex commun à plusieurs géants du polar américain de Scorsese à Fincher.
Ce style et cette narration épurée annonçait déjà les polar de Nicolas Winding Refn. Une forme de Drive avant la lettre. Soit un scénario de série B totalement transcendé par la forme. Même si, sur le fond, Refn ne soumet pas son spectateur à la frustration mais lui offre l'orgasme du déchaînement.
Dernier conseil: Procurez vous la director's cut, uniquement disponible en blu-ray US zone free avec français en audio et sous-titres. L'ouverture du film, inédite en salle, est un régal pour les yeux. Tout ça pour dire que revoir Miami Vice (près de dix ans après sa sortie) est une claque qui m'a filé la honte.
Admirateur du cinéma de Mann j'étais, à l'époque de sa sortie, totalement passé à coté. J'attendais un nouveau Heat. Je n'avais pas compris que ce visionnaire avait déjà ouvert un autre chemin. Seul en tête, comme les grands, à tracer la voie des polars de demain.
Francisco,
Inside
Chroniques Mann
2006
2H15
Le Blu-ray Niveau de détail dans l'image totalement immersif. Le blu-ray restitue à la perfection la photographie "agitée" du film.