LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

MEGALOPOLIS, chute libre

Fable     Hors-piste     Parabole SF     Fantastique

Francis Ford Coppola

**

 

 

 

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Encore un film que j'aurais adoré défendre avec fougue.

Vu la violence et l'imbécillité, parfois, de la curée cannoise qui s'est abattue sur ce film, je me drapais déjà dans la toge du juste, percevant le génie d'une œuvre servie comme du caviar aux cochons.

 

Force m'est d'admettre la faillite totale du projet au sortir de cette séance pourtant proposée sur écran géant et en Dolby Atmos. Oui, cette œuvre, gavée de références jusqu'à l'obésité, voire jusqu'au grotesque, m'a laissé consterné. Consterné par tant de lourdeurs, d'insistance et de maladresses de la part d'un géant du septième art.

Un cinéaste qui, à l'orée des années 70, aux côtés de Scorsese, De Palma, Spielberg, Lucas, Malick et tant d'autres, a totalement réinventé et insufflé une vibration unique à un cinéma américain alors bien à l'étroit dans ses codes. Un mouvement qui s'appuyait sur la vivacité d'un cinéma européen, qui, de la Nouvelle Vague française au génie Fellinien, fracassait déjà les murs des studios pour embrasser de nouveaux horizons formels et narratifs.

 

Oui, on parle d'un grand monsieur.
Un cinéaste qui a signé des œuvres immortelles à l'ambition folle, comme la saga du Parrain ou Apocalypse Now. D'un ogre de cinéma avide, tout au long de sa carrière, d'expérimentations visuelles et sonores, nous délivrant des objets uniques et furieusement poétiques, comme sa version de Dracula empruntant autant à l'expressionnisme du muet qu'au gothique flamboyant. On peut également citer de délicieux objets filmiques comme Coup de cœur, Rusty James, Twixt ou Tetro. Et tout cela sans jamais cesser de rendre hommage et de faire des clins d'œil aux genres du passé : drame, mélo, teen-movie, comédie musicale, à travers des œuvres comme Cotton Club, Outsiders ou Peggy Sue s'est mariée.

Comme tout grand créateur, il a marqué son chemin de références à sa propre situation : celle d'un artiste en lutte contre les marchands et un système où les finances gouvernent. Quel plus bel exemple que son formidable et méconnu Tucker, l'homme et son rêve, biopic du concepteur de voitures du même nom qualifiées de "merveilles technologiques" à l'époque (fin des années quarante), mais condamné par de sinistres réglementations financières et une concurrence vomissant les visionnaires. Ce personnage génial mais effacé de l'histoire de l'automobile faisait écho au combat de Coppola.

 

Aujourd'hui, avec ce grand projet, en gestation depuis quarante ans et auto-financé par la vente de son vignoble, Coppola se voit sans doute comme le Tucker du cinéma. Seul contre tous, présentant au monde une œuvre prophétique annonçant la chute de nos empires, mais aspirant au retour d'une utopie entièrement dévouée au bien-être de chacun.

L'intention est noble.

 

 

 

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Et c'est justement cette noblesse d'intention, ce courage artistique et ce risque de tout miser sur un geste cinématographique ambitieux qui rend pour moi, fan éternel de Coppola, ce naufrage si désolant.

Que l'humanisme profond et sincère qui irrigue cette fable se déroule d'une manière aussi pompeuse et bavarde. Car oui, dans Megalopolis, rien ne se devine, tout est surligné, sculpté même sur le marbre de chaque chapitre. Difficile donc de respirer tout au long de ce manifeste entièrement cadenassé par les intentions de son auteur.

 

Entre les dialogues assommants, filmés dans une mise en scène à l'ancienne, souvent en à-plat où, derrière chaque tableau, on devine le dôme numérique des effets spéciaux imprimant sur chaque scène des "fonds d'écran" totalement désincarnés, et les scènes d'hystérie noyées dans le kitsch des décors, l'invitation au voyage ne fut jamais engageante pour moi.

Lorsque je parle de naufrage, ce n'est que mon humble avis. Certains, et je le souhaite, trouveront peut-être leur bonheur dans cette histoire, entre fable et farce, de la chute et de la renaissance d'une cité de New York devenue Nouvelle Rome.

Ce ne fut jamais mon cas, hélas. Hormis, ici et là, lors de quelques fulgurances visibles dans les premières bandes-annonces (B.A. qui m'avaient pourtant ouvert l'appétit), comme cette virée nocturne où les statues gigantesques de figures symboles de justice, de loi et d'équilibre se laissent choir d'épuisement, comme vaincues par l'atmosphère de décadence généralisée. Une séquence pas forcément subtile mais efficace... Une séquence où d'ailleurs le silence du personnage principal et la musique gouvernent. Une séquence où l'art cinématographique prend le pas sur la théâtralité du reste.

 

Quel dommage qu'en évoquant ainsi la fin de notre monde et la nécessité de croire et de travailler à l'utopie, le message de Coppola, aussi beau et louable soit-il, s'exprime hélas avec autant d'insistance et de citations surexplicatives, empruntant autant aux pensées de Marc-Aurèle qu'au théâtre élisabéthain de William Shakespeare.

Le cinéma ne s'envole jamais sous cette avalanche de discours ampoulés déclamés par des figures caricaturales au jeu outré. Difficile de louer une prestation d'acteur, hormis la sobriété bienvenue de Laurence Fishburne en narrateur-philosophe.

Si l'on ajoute au vacarme pesant de cette fable contée sans mesure une vision de la femme coincée entre la maman et la putain, on se dit que le visionnaire des années 70 et 80 a laissé s'installer en lui un vieux monsieur d'une autre époque, nous faisant la leçon sans faire rêver personne.

 

Ennui.

Tristesse.

 

 

 

 

 

Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avis des lecteurs 

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Chris

 

 

 

" Coppola n'a pas fait un film, il a fait son film. Un film généreux, boulimique, naïf, utopiste, théâtral, grand guignol, poussif, créatif, et qui demande une certaine attention et un bagage culturel. Il y a dans le montage un clin d'oeil à Citizen kane, mais également à travers certains plans des hommages au cinéma muet. Oui, le film est bourré de défauts, bourré de qualité, ce n'est pas un film parfait ni un chef d'oeuvre, et c'est tant mieux...Coppola a vendu ses vignes pour mettre son film en bouteille...ce film sera réévalué après sa mort....comme un bon crû. "

 

 

Marian-o

 

 

" Mais oui, Chris ! Je viens de voir le film au cinéma... Je suis 100 % d'accord avec toi. Loin d'être ennuyeux, et même si je suis également d'accord avec beaucoup de choses que tu dis, Francisco, j'ai assisté à un spectacle. Un vrai, un grand, peut-être pas à la hauteur espérée, mais un spectacle. Enfin...  Et le cinéma, c'est ça, non ?" 

 

 

 Lili44

 

 

" Je n'ai même pas les mots pour évaluer ma déception face à tant d'intentions gâchées. Pour moi c'est un ego-trip boursouflé où le cinéaste revisite son oeuvre et ses obsessions avec une maladresse franchement embarrassante. À croire que la liberté totale dans la création n'est pas toujours profitable. Le Parrain était une oeuvre de commande des studios et quel chef-d'oeuvre au final... "

 

 

 

 

Chroniques Coppola

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2024

 

 

2h15

 

Le Blu-ray                   Sortie le 29/01/2025

 

Directed by 

Francis Ford Coppola

Writing Credits  

Francis Ford Coppola ... (written by)

Cast (in credits order) complete, awaiting verification  

Adam Driver Adam Driver ... Cesar Catilina
Giancarlo Esposito Giancarlo Esposito ... Mayor Cicero
Nathalie Emmanuel Nathalie Emmanuel ... Julia Cicero
Aubrey Plaza Aubrey Plaza ... Wow Platinum
Shia LaBeouf Shia LaBeouf ... Clodio Pulcher
Jon Voight Jon Voight ... Hamilton Crassus III
Laurence Fishburne Laurence Fishburne ... Fundi Romaine
Talia Shire Talia Shire ... Constance Crassus Catilina

 

 

 

Full cast & crew

 

 

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27/09/2024
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