LES CHRONIQUES DE FRANCISCO & Co

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YOUTH, la force de l'âge

Drame   Spleen élégant                                                   

Paolo Sorrentino 

***** 

 

 

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Comme son titre l'indique Youth est un film sur la vieillesse.

Ok, disons plutôt sur le deuil de la jeunesse.

 

Ou, si vous préférez, la vie avant la mort.

Quand l'esprit est encore vif mais que le corps abandonne. À l'image de ce vieux maestro renonçant à diriger une de ses célèbres compositions car la voix qui l'inspira et la porta s'est désormais éteinte. À l'image de ce réalisateur écrivant son "scénario-testament" tout entier dédié à sa muse, une actrice qu'il n'a pas vu vieillir.

Délicieux Michael Caine et magnifique Harvey Keitel.

Le premier semble avoir renoncé, le second y croit encore, mais chez Sorrentino le plus désabusé a toujours droit aux honneurs. Youth s'inscrit en cela, dans la digne continuité de ses derniers requiem Il Divo, This Must Be the Place et  La Grande Belleza. Non sans oublier de délivrer au final une forme de message d'espoir dans l'élan que son cinéma inspire.

 

Michael Caine, impérial et silencieux, règne sur tout le film. S'abandonnant sans se forcer à son rôle d'artiste épuisé. Figure solitaire et incomprise, piégée par sa propre légende, échouée sur le rivage d'un luxueux sanatorium au coeur des montagnes suisses. un personnage perdu dans sa mémoire et une atmosphère envoûtante qui réveille le Huit et demi de Fellini mais adresse aussi un clin d'oeil au bouquin de Thomas Mann : La Montagne Magique.

On y retrouve, même si un peu plus trash, cette vision élégante et raffinée d'un monde finissant et cette galerie de portraits de personnages hantés, à la mélancolie polie mais dévastatrice.

Pour faire ainsi dans l'existentiel solide et surprenant Youth est dirigée de main de maître. L'esthète Sorrentino soigne toujours ses images et sa musique (magnifique partition de David Lang!) mais plus encore ses acteurs. Sa direction fait des merveilles. On y croise Rachel Weisz, Plus belle et fragile que jamais, un Paul Dano suave et subtil et une Jane Fonda, liftée, décatie, se régalant de chaque ligne de dialogue. Son rôle de vieille diva hystérique électrise. Et puis passent quelques inconnu(e)s inoubliables. En témoigne la bouleversante affiche du film...

 

 

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On retrouve, comme dans son magnifique opus précédent La Grande Belleza, cette grâce Fellinienne dans ses échappées oniriques mais toujours avec plus de férocité que chez le grand Federico. Un digne descendant des glorieux ainés du grand cinéma italien mais sur la scène d'un théâtre exhibant encore les boursouflures et la vulgarité des années Berlusconi.

 

À propos de boursouflures, mention spéciale à l'ex footballeur Diego Maradona dans une version assez dantesque de son propre rôle, trainant, non sans une certaine grandeur, sa silhouette obèse, tel un roi déchu. Il symbolise a lui tout seul la permanence de l'esprit face à la défaite de la chair. L'élan vital, la faillite du corps, la vie, l'amour, la mort, les vaches et la fuite du temps, évoquée entre deux séances de sauna, un petit massage et un spectacle nocturne dans les jardins de l'hôtel. 

 

Voilà pour la promenade. Je me suis laissé bercé par cette atmosphère délicatement dépressive. Toujours réveillé par la chaleur de la photographie et totalement conquis par cette cultissime séquence à la fois drôle, séduisante et pathétique ou l'insolente beauté d'une miss univers aux courbes affolantes se glisse avec enchantement dans la piscine d'un hôtel ou toute une arrière garde aristocratique vient panser les blessures de l'âge et de la désillusion. Cette vision qui a servie de support à l'affiche du film résume tout l'art de Sorrentino. Une peinture cruelle des hommes décrits comme des pantins dépressifs guidés par les fantômes de leur jeunesse et travaillés par le désir. Une vision désenchantée mais jamais très éloignée du banquet de la vie. La sensibilité et profonde mais l'art est truculent. La désillusion n'est jamais totale. Le final, totalement emballant, laisse la magie en suspend. Même féroce, Sorrentino reste un tendre.

Tout ici est vivant et c'est du grand cinéma.

 

 

 

 Francisco,

 

 

 

 

 

 

 

  

 

Paolo

 

 

 

Chroniques Sorrentino

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2015

 

2H

 

 

Le Blu-ray           Un authentique top-démo. Régal de couleurs et détails à foison. 

 

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26/04/2016
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